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UNCLE ACID AND THE DEADBEATS @ Alhambra (16/01/25)

Depuis son concert en première partie de Black Sabbath en 2013, Uncle Acid & The Deadbeats bénéficie d’une affection particulière en France. En effet, la musique du quatuor de Cambridge possède le grain qu’il faut. Quand au cahier des charges esthétique, il est bien rempli avec les références aux films de la Hammer. Mais que se passe-t-il quand l’expérimentation est poussé à son paroxysme ? Le dernier album Nell’Ora Blu constitue un pari réussi dans l’exploration d’un genre cinématographique différent. Passons maintenant de la platine à la scène.

Alhambra bloody Alhambra

La date parisienne est le point départ de cette tournée qui fait parler dans les petits cercles du stoner. S’agit-il d’un ciné concert ? Est ce que le frontman Kevin Starrs a réalisé un film pour l’occasion ? Est-ce qu’ils vont jouer “I’ll Cut You Down” ? Pour la peine, le théâtre de music hall est bien rempli. Avec la nature de ce nouveau disque, les sièges sont de sortie. L’audience va baigner dans une ambiance contemplative. Mais avant, sus au stand de merchandising et au bar, le tout en écoutant des bandes sons de films d’horreurs italiens de la fin des années soixante. C’est toujours un plaisir d’entendre le “Deep Down” composé par Ennio Morricone pour le film Diabolik de Mario Bava.

Un peu avant 20h, la salle désormais complète plonge dans l’obscurité. La lumière se fait sur l’écran installé au fond de la scène. Et c’est parti pour les messages de style Grindhouse au service de bandes d’annonces pour des giallos. De Blood & Black Lace de Mario Bava (encore lui !) à La Coda Dello Scorpione de Sergio Martino, l’audience est dans le bain. Malgré la barrière de la langue pour les non italophones, les rires se font entendre devant le meilleur et le pire du genre, en dépit d’un mixage sonore laissant à désirer. Puis vint la bande annonce du film fictif Nell’Ora Blu qui sert de promotion à l’album avec des citations de critiques et les dates de la tournée.

Odeur de saintetétiseur

Mais au bout d’une demie-heure, le tout se répète. Pas de nouvelles bandes annonces, on est reparti pour un tour. N’est pas Joe Dante qui veut, le montage de trailers est un art sous-estimé. Des sifflements commencent à s’élever, l’auditoire commence légèrement à s’agacer. La salle se rallume à temps pour un bref entracte, histoire de reprendre un verre ou de s’engouffrer dans le fumoir. Une fois tout le monde de nouveau installé et les dernières vérifications faites par le roadie, nous voilà à la merci des ténèbres. Le quatuor entre en scène sous les applaudissements, accompagné de deux membres supplémentaires qui vont s’installer à chaque coin de la scène derrière des claviers. Une table et une lampe de restaurant est utilisée comme seule source de lumière avant que la toile de projection ne s’allume sur les diffusions d’un lever de soleil.


Les synthétiseurs et les guitares résonnent et nous invitent à remonter le temps tous ensemble. En tout cas, au moins jusqu’en Italie dans les années 70. D’après les images, nous sommes devant un mix de plusieurs films. Mais principalement, il s’agit du très bon Confessione di un commissario di polizia al procuratore della repubblica de Damiano Damiani. Un film qui d’ailleurs fait autant écho aux Poliziotteschi d’Elio Petri qu’aux curiosités des Gialli. C’est un mélange des genres qui est aussi bienvenu musicalement, là où UNCLE ACID & THE DEADBEATS flirte avec le stoner habituel, mais aussi le rock progressif. La choriste/claviériste sort également le saxophone pour nous rendre l’ensemble encore plus doux.

Grand guignolo

La deuxième partie du concert voit le groupe s’investir un peu plus dans l’expérience. Et que ça répond au téléphone, et que ça égorge un mannequin avec supplément sauce tomate. Fi de l’intrigue, nous sommes immergé dans l’atmosphère de l’album concept. Les applaudissements, timides en début de soirée, deviennent de plus en plus nourris au fil des morceaux. Une chose est sûre, l’hommage est bien travaillé. Cependant, et même avec l’appui d’un bel écrin comme l’Alhambra, le manque de moyen volontaire fait plus tomber le tout du côté de la pastiche visuellement.


Le concert s’achève, et les langues s’activent. Les opinions sont demandées, au grand dam de celles et ceux qui restent le cul entre deux chaises et ne savent comment l’exprimer. Un pari à moitié réussi, c’est mieux que rien. Le projet mérite amplement des oreilles attentives ainsi que le soutien du public qui s’est déplacé en masse. Laissons les pour l’instant sur un petit nuage ou dubitatif. Pour ces gens là, David Lynch est encore parmi nous.

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