Acclamés par ses pairs après un premier album incroyable et une énergie scénique à couper le souffle, DITZ est encore inconnu au bataillon par chez nous. Il est vrai que nous sommes un peu lent à la détente dans l’Hexagone. Mais une fois que nous aimons quelque chose, nous avons le sens de l’accueil. Trois ans après The Great Regression (2022), souhaitons la bienvenue comme il se doit à Never Exhale.
Volvo au dessus d’un nid de coucou
Là où le précédent disque partait sur les chapeaux de roues avec une rythmique perçante dès les premiers instants, nous voici ici devant une montée en tension. À l’instar de Songs For The Deaf (2002) de Queens Of The Stone Age, l’instrumental “V70” débute avec l’ambiance d’une voiture prête à démarrer. Bruits des clefs, signal de marche arrière, tout y est avant de retrouver la progression des médiators stridents sur les cordes pour finir en capharnaüm. Le groupe met ensuite la gomme avec la basse lourde et le riff entêtant de “Taxi Man”. Pas de doute, la bande de Cal Francis est prête à en découdre. “It’s early morning, and my open eyes, they’re drowned by the light“. Voix monotone posée sur la quatre cordes vrombissante de Caleb Remnant, les frissons commencent à monter dans les nuques.
Est-ce que ce disque puise son inspiration dans Taxi Driver (1976) ? Bien que l’ambiance colle au film de Martin Scorsese, la folie induite par une privation de sommeil a une influence plus directe. Never Exhale est un album concept, mais avant tout un album de tournée. Conçu sur les routes d’Europe en première partie d’IDLES, le quintette de Brighton ne s’est jamais arrêté. Les influences noise et post punk sont ici parfaitement distillées avec la bonne dose d’électronique. Si on entre en transe avec “Senor Siniestro” et “britney”, on entre dans la danse pour pogoter avec “Space/Smile” et “Four”. L’équilibre est trouvé pour nous malmener dans tous les sens du terme.
Des phares dans la nuit
Seth Manchester est un véritable magicien au mixage. Mais c’est avant tout la cohésion du groupe qu’il faut applaudir. Créer un album transpirant la poisse du quotidien tout en étant confronté à des scènes plus grandes, c’est inspirant. Comme quoi, certaines choses ne nous changent pas, mais nous surlignent. DITZ n’a rien perdu de sa plume acerbe et de sa sonorité incisive. Bien au contraire, tous ces éléments sont renforcés sans avoir besoin de monter le volume jusqu’à onze. Même si on ne va pas vous mentir, on le recommande toujours.
Moins de quarante minutes suffisent pour nous tenir en haleine tout en nous rendant encore plus accro. En même temps, difficile de résister à la puissance de feu de Sam Evans derrière les fûts et aux échanges entre les six cordes de Anton Mocock et Jack Looker. Si vous vous êtes déjà retrouvé dans une situation où le vertige pouvait être impliqué, on vous conseille de ne pas regarder en bas. Difficile de résister et de ne pas envoyer balader un certain instinct de survie. Il est bon de rappeler que le monde inspire autant de terreur que de perdre son regard dans le vide. Il suffit juste de prendre le recul nécessaire. Et parfois de lancer un excellent album.
Brighton rocks
Sens accru du malaise, puissance rimant avec violence, DITZ livre un bijou à l’état plus brute que brut. Never Exhale a cet habilité d’être un coup de cœur tout en étant un coup de boule. Cauchemar distordu procurant une certaine ivresse, c’est un album qui se doit d’être écouté en boucle avant d’avoir la chance de pouvoir être entendu en live.
Informations
Label : Republic Of Music/Domino Publishing
Date de sortie : 24/01/2025
Site web : ditzband.com
Notre sélection
- Taxi Man
- Four
- britney
Note RUL
4,5/5