Ce jeudi 30 janvier, le trio Snow Patrol, accompagné de ses deux musiciens de scène, a mis fin à une période d’absence de six ans des salles de concert françaises. Venu célébrer sa dernière production en date, The Forest Is The Path, le groupe originaire d’Irlande Du Nord n’en a pas oublié pour autant ses succès passés, ravivant la nostalgie d’un Olympia comble et comblé.
The Florentinas
Le coup d’envoi est lancé par THE FLORENTINAS, quatuor venu… d’Irlande Du Nord. Pour leur “première fois en Europe“, les musiciens optent pour un set aussi accessible que raffiné. Les refrains emphatiques et la voix chaleureuse de Paddy Boyd évoquent la convivialité musicale de Sam Fender, tandis que les textures des guitares et leur allure dansante rappellent subtilement des influences à la Two Door Cinema Club.
Le tout se marie harmonieusement et souffle un vent de fraîcheur indie sur un Olympia presque rempli. À la fois simple et plein de caractère, le son énergique et joyeux de The Florentinas donne le ton pour la suite de la soirée.
Snow Patrol, rayon de soleil hivernal
La musique de SNOW PATROL a cette faculté étonnante de rendre heureux d’être triste. Mais en live, toute trace de tristesse disparaît pour laisser place à un flot d’émotions positives dans une ambiance d’allégresse contagieuse.
Aussi souriants que leur public, Gary Lightbody (chant/guitare), Johnny McDaid (claviers/guitare) et Nathan Connolly (guitare) semblent ravis de lancer leur tournée européenne à Paris. Complétée par deux musiciens de scène à la batterie et à la basse, et après avoir diffusé sur le grand écran la phrase “I’m only lost if you don’t look for me” (paroles issues de leur chanson “The Forest Is The Path”), la formation live entame les festivités avec la dynamique “Take Back The City”. Les yeux profitent autant du spectacle que les oreilles, tant la scénographie est élaborée. Presque toutes les chansons s’accompagnent d’une explosion de couleurs et de graphismes, parfois citadins (“Take Back The City”, “Open Your Eyes”), parfois naturels (“Run”, “The Lightning Strike”) pour créer une expérience multisensorielle où les visuels appuient les variations d’intensité musicale. La palme est décernée à “The Lightning Strike” et sa tempête de feuilles multicolore et hypnotisante.
L’alternance scénographique est permise par une setlist puisant dans tous les ressorts émotionnels de la discographie du groupe. “Take Back The City” n’est que la première d’une série de morceaux lumineux et énergiques, surtout en seconde partie (“Called Out In The Dark”, “The Beginning”, “Shut Your Eyes”, “Heal Me”, “You’re All I Have”, “Just Say Yes”). Les riffs de guitare se combinent aux refrains très pop pour un résultat plein de fraîcheur et de légèreté. Si le dernier album The Forest Is The Path propose quelques morceaux bien vitaminés, de celui-ci ne sont pourtant jouées que “All” et “The Beginning”. Un choix que l’on peut regretter au vu de la qualité du disque : on aurait volontiers apprécié une prestation live de “Years That Fall” ou de “Never Really Tire”. Heureusement, les Irlandais nous gratifient en rappel d’un début live de leur single sorti deux jours avant, “But I’ll Keep Trying”, inclus dans la version deluxe à paraître le 13 mars.
Au sein de toute cette joyeuse agitation, Snow Patrol n’en oublie pas pour autant les versants plus mélancoliques de son œuvre. “Set The Fire To The Third Bar”, en sixième position, initie un tournant plus intime et introspectif, permettant à Gary Lightbody de marier sa voix à celle de Martha Wainwright dont l’image s’affiche sur le grand écran. Les splendides mélodies de Eyes Open (2006) sont à nouveau mises en valeur avec la cathartique “Make This Go On Forever”, qui ne porte que trop bien son nom, et, bien entendu, la célébrissime “Chasing Cars”, dont le rendu live accentue les plus belles caractéristiques de sa composition, en particulier son explosion finale. “The Lightning Strike” (A Hundred Million Suns, 2008) a droit à une réadaptation plus que réussie, symbolisant toute la richesse sonore de l’élégant mariage entre piano cristallin et guitares saturées opéré par ses auteurs. La danse des ballades est complétée par la nostalgique “Run” (Final Straw, 2004) et la très aérée “What If This Is All The Love You Ever Get?” (Wildness, 2018), laissant la scène aux trois membres restants du groupe.
Si, à l’exception des deux premiers albums, toute la discographie de Snow Patrol est représentée, Eyes Open (2006) demeure sans surprise le grand gagnant avec pas moins de six chansons. Les choix de setlist semblent plébiscités par le public, qui sait se montrer réceptif sur les passages les plus emblématiques de chaque morceau. Gary Lightbody multiplie les interactions avec l’audience, plaisantant sur ses erreurs de performance, son défaut d’apprentissage du français depuis le dernier passage du groupe, ses difficultés à atteindre quelques notes aiguës… Il en vient même à inviter sur scène un membre de la fosse pour les accompagner à la guitare pendant “Run”, le tout avec familiarité et modestie.
Nostalgique mais jamais triste, le set de Snow Patrol, taillé sur mesure pour les fans de la première heure, déroule sa pop rock addictive dans une ambiance réjouissante et salutaire. Difficile de quitter l’Olympia sans un sourire accroché au visage – aussi bien pour les occupants de la scène que pour leurs fans.