Moins d’un an après Original Motion Picture Soundtrack, Last Train revient avec un album brut, impétueux mais surtout irrésistible.
La parenthèse orchestrale de 2024 mise derrière eux, les quatre Alsaciens se sont très vite remis au travail. L’envie, le besoin, de retrouver une musique plus immédiate et brute. De ces quelques semaines de composition et d’enregistrement est né III (trois). Un album qui résume Last Train à la perfection.
Trois nuances de Last Train
Les trois singles avaient laissé présager un disque tonitruant, guitares criardes et morceaux bruts de décoffrage. C’est effectivement le cas. “Home”, “The Plan” et “One By One” ont une puissance de frappe irrésistible. “All To Blame” est paradoxalement moins percussive mais d’une lourdeur à se déboîter les cervicales. La faute, en particulier, à une ligne de basse grasse et épaisse et un final jubilatoire.
Ce ne serait pas un album de Last Train si le groupe ne proposait pas de titres plus nuancés. C’est même là que les pépites se dévoilent, à l’image de “How Does It Feel?”. Un morceau lancinant, sur lequel le piano a une place de choix. Un rythme lascif, une voix de tête inédite de la part de Jean-Noël Scherrer et une section instrumentale qui prend le temps de se développer pour mieux exploser par la suite (les notes de piano sur le climax, doux Jésus).
Forcément, on repense à “The Big Picture”, titre éponyme du deuxième album. Un sommet qu’il semblait difficilement atteignable à l’époque, peut-être moins dépassable. Puis il y eut “How Did We Get There?” et maintenant ce morceau.
A Last Train production
III tranche avec ses prédécesseurs. Il est plus produit et réfléchi dans ses intentions. Plus poli et mature aussi. Enregistré “track by track” dans un château frigorifique de Lozère, ce disque possède une atmosphère nettement plus froide. Chaque choix d’arrangement a visiblement été mûrement réfléchi pour pousser l’album plus loin encore.
On retrouve bien sûr quelques signes de la patte de Last Train. “This Is My Trying” propose un climax similaire à celui de “The Big Picture” dans sa construction : pause de quelques secondes avant la catharsis. Certains moments en évoquent, de façon plus fugace, d’autres provenant soit de Weathering (2017) soit de The Big Picture (2019). Comme s’il s’agissait de petits “easter eggs” disséminés dans la discographie du groupe (volontairement ou pas).
Absolute cinema
S’il y a beaucoup d’influences ou emprunts pêle-mêle que l’on peut reconnaître par-ci par-là (Nine Inch Nails, Gilla Band ou The Psychotic Monks pour ces aspects noise et indus), c’est surtout dans le post rock que l’on plonge l’instant suivant. Le groupe partageait déjà avec ce genre un appétit pour des compositions cinématographiques, dynamiques. III en est garni. “This Is Me Trying” évoque des pointures du genre comme Godspeed You! Black Emperor, Mogwai ou les Australiens de We Lost The Sea.
“I Hate You”, le morceau de clôture calibré pour la scène, en est un autre exemple. Une intro menaçante qui a tout l’air d’un thème de James Bond, puis une lente montée en puissance avec, au bout, une cacophonie de distorsions et de guitares en climax. Et pour finir, ces petites notes de piano saupoudrées telles la cerise sur le gâteau. Régal.
Avec cet album, les Alsaciens montrent encore une fois qu’il n’y a pas qu’une seule corde à leur arc. III est un disque fort, une déclaration de ce qu’est Last Train avec tout le spectre de nuances que cela suppose. C’est dingue de sortir un album et de déjà imaginer que la suite pourrait être plus grande encore. Restons tout de même dans l’instant présent et profitons de ce qui est, déjà, l’une des meilleures sorties de l’année.
Informations
Label : [PIAS]
Date de sortie : 31/01/2025
Site web : www.lasttrain.fr
Notre sélection
- This Is Me Trying
- How Does It Feel?
- All To Blame
Note RUL
4,5/5