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Et une tournée anniversaire de plus ! Les proggeux d’Animals As Leaders célèbrent les dix ans de The Joy Of Motion avec une tournée spéciale. Déjà passée en Amérique Du Nord, il est maintenant venu pour le trio d’arpenter l’Europe. Rien de mieux pour cela que de commencer au Casino De Paris !
Les aficionados de metal progressif auront déjà reconnu le nom. NIGHT VERSES ? Ah mais oui, nous les avions déjà vus en première partie de Tool. Le trio profite de ce nouveau passage dans la capitale pour asséner à nouveaux des titres de son excellent album Every Sound Has A Color In The Valley Of Night (2024). L’auditoire est réceptif à la débauche de riffs et prouesses techniques sur le plan rythmique. Comme un avant-goût de ce qui attendra la foule quelques minutes plus tard.
Le set est millimétré à la perfection. Le show impressionnant de technique. Et s’il y a bien un homme qui aura brillé, c’est Aric Improta. L’homme est une bête de scène et une bête tout court derrière ses fûts. Un monstre même. Si Nick DePirro (guitare) et Reilly Herrera (basse) ont évidemment tout autant de talent sur leurs instruments respectifs, le batteur vole la vedette avec cette démonstration de force. Les nuques commencent déjà à se balancer au rythme assénant de la rythmique et des mélodies. Reste donc à attendre une date en tête d’affiche. Quand ? Ça tombe bien, le trio sera de retour à Paris durant l’automne, paraît-il. Hâte ? Pour sûr.
KA$CADE TECHNIQUE
Lorsque ANIMALS AS LEADERS monte sur la scène du Casino De Paris, le public exulte. On n’avait pas vu les Américains depuis leur date au Cabaret Sauvage en 2023 pour présenter Parrhesia (2022). Pour cette tournée, il s’agit surtout de fêter les dix ans de l’album The Joy Of Motion sorti en 2014.
L’entrée en matière avec “Ka$cade”, puis l’enchaînement avec “Lippincott” et le massif “Air Chrysalis” rassure les Parisiens : oui, le disque sera joué en entier. Certains morceaux, comme “Crescent” ou “The Future That Awaited Me” n’avaient même jamais été joués en Europe. Ainsi, pendant près d’une heure, le trio déroule le tracklisting en live, pour le plus grand bonheur de l’assemblée. Pas de chant ? Pas de problème, l’auditoire connaît, pour la plupart, les riffs par cœur et les entonne sans se faire prier.
Armés de leurs guitares à huit cordes, Tosin Abasi et Javier Reyes font de ce concert une démonstration de leur virtuosité et de leur habileté technique. Selective picking, harmoniques, tapping, c’est un véritable déluge des techniques les plus folles et tape-à-l’œil du répertoire des guitaristes. Mais comment parler de technique et du show en général sans mentionner Matt Garstka. Le batteur n’a rien à envier à son collègue de Night Verses. La rythmique est frénétique, saccadée, lourde, explosive et tant d’autres adjectifs qualificatifs possibles.
MONOMYTHIQUE
La synergie des trois acteurs de la soirée rend le tout complètement fou. Le mix permet d’entendre à la fois les notes aiguës des guitares comme les différents toms et cymbales de la batterie. Bien sûr, les sons graves ont tendance à prendre le dessus. Surtout lorsque les motifs de batterie et riffs de guitares complexes s’entrelacent pour former un tout paradoxalement chaotique et cohérent. Ce qui laisse l’assemblée face à une douche de son massive. Les nuques qui ne s’étaient pas mises en mouvement lors de la première partie le sont désormais. Un trou béant surgit du milieu de la fosse pour laisser quelques motivés se lancer dans des moshpits foutraques et joyeux.
L’intégralité de The Joy Of Motion passe comme une fulgurance. Même si on imagine difficilement le groupe nous laisser sur la touche et repartir, il y a comme un doute qui s’installe. Heureusement, le trio quitte la scène que le temps d’une minute. En guise de rappel, bien fourni soit dit en passant, ce sont quatre morceaux du dernier album, Parrhesia, que la formation offre. On aurait pu s’attendre à une sélection plus vaste autour des autres disques, mais on ne va pas bouder le plaisir tant celui-ci est une pépite.
Le show se conclut sur l’immense “Monomyth” qui finit de retourner la salle (en tout bien tout honneur). Alors que le Casino De Paris retrouve ses oripeaux lumineux, l’on sort de là avec l’impression d’avoir assisté à un rêve fiévreux, fugace. Une massive claque dans la figure et l’envie de tendre l’autre joue.