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Honningbarna – Soft Spot

Non, le punk n’est pas mort. Il a tendance à changer son épicentre selon la géopolitique. Qu’il soit un message d’alerte ou un acte de résistance, que nous ou l’autre ayons tout à perdre dans la minute ou dans dix ans, ce genre ne passera pas l’arme à gauche. Et si vous prenez la peine de tendre l’oreille malgré la barrière de la langue, il y a du niveau du côté de la Norvège. Septième album studio de Honningbarna, Soft Spot est une sortie à ne pas ignorer.

On achève bien les chevaux

“Alt går over, noe varer” fait monter la tension avec son monologue. À travers les baguettes de batteries qui s’entrechoquent et les notes de guitare pas si claires que ça, Edvard Valberg débite. Une existence entière et les absurdités de la vie sont compactées en moins de quatre minutes. À peine le morceau terminé, “Schäfer” débute sur un riff de basse à décrocher les mâchoires. De zéro à cent en un rien de temps, le tout est monté dans les tours sans crier gare. La guitare tranche avec les cris du chanteur, laissant le champ libre aux percussions pour être le plus lourdes possible.

Les treize chansons constituent une montagne russe incisive qui ne laisse que très peu de répit à son public. Quarante minutes de punk condensé, et on repart avec les pires courbatures sans avoir même bougé de son fauteuil. Des accords industriels de “Ultraøyer” à la dimension électronique de “King Spud”, l’album est pratiquement intemporel si on fait abstraction de quelques références. Le déploiement d’énergie n’obéit qu’à un seul mot d’ordre : Brutal. Comme son prédécesseur, Soft Spot a le mérite d’être un parfait outil cathartique. Oubliez Duolingo, vous n’avez pas besoin de parler norvégien pour apprécier et comprendre cet ouragan auditif. 

Bonnes claques de Norvège

Trois ans auparavant, Animorphs (2022) plaçait le quintette sur les devants de la scène indépendante. Un son plus moderne et agressif a fini par accrocher la critique et une certaine audience. Pourtant, les rythmes incroyables au service des convictions politiques sont des éléments présents depuis le début du groupe il y a maintenant quinze ans. Ce dernier disque ne fait pas exception, et la production signée Erlend Mokkelbost porte ses fruits. Peut-être que cette collaboration était l’ingrédient manquant pour avoir le minimum de reconnaissance méritée. Peut-être que le message est également mieux reçu aujourd’hui. On se demande pourquoi.

Car le plus admirable, c’est cette rage intacte. Là où beaucoup de groupes perdent en agressivité, dans le son comme dans leurs thèmes, Honningbarna refuse de céder. C’est bien la preuve irréfutable qu’il ne s’agit pas que d’un phénomène sous-culturel. Non, le punk n’est pas mort. Il est bien vivant, et de nos jours, beaucoup ont conscience de son pouvoir pour qu’on lui donne la voix qu’il mérite. 

Oh, the humanity!

Avec Soft Spot, Honningbarna frappe là où ça fait mal. Au fur et à mesure des albums, le groupe norvégien n’en démord pas. On aimerait que le punk et le noise aient de beaux jours devant eux sans avoir besoin d’un monde en flammes. Mais avant que le tout parte en fumée, un petit passage en France ?

Informations

Label : Nye Blanke
Date de sortie : 28/02/2025
Site web : www.honningbarna.no

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Note RUL

 4/5

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