
Qui a dit que la messe dominicale ne devait avoir lieu que le matin ? C’est pour un office entre metal et gospel que Zeal & Ardor a investi les planches de l’Elysée Montmartre. Et le sermon aura été endiablé.
Le dernier passage en tête d’affiche des Suisses remontant à fin 2022, le public parisien était plus que prêt à fêter leur retour. Pour présenter sur scène son nouvel album GREIF (2024), la formation investit encore une fois l’emblématique salle nord parisienne.
Temps relatif
Les choses avaient pourtant bien commencé. DOM ZŁY s’avance sur scène section instrumentale en avant. Avec un riff post-black metal, l’on se dit que le groupe polonais va réussir à bien chauffer la salle. Vient ensuite la chanteuse, Ania Tru, dont les growls sont impressionnants. Et puis le soufflé retombe.
La faute à un mix mal géré du côté de la salle ou à l’écriture des chansons en elles-mêmes ? Reste que, si beaucoup hochent de la tête, on regrette un fort manque de nuances. Les guitares et la basse se distinguent à peine de la batterie et du chant. Le temps semble s’étirer à l’infini. Ce n’est que sur le dernier morceau, “Ku pogrzebaniu serc”, que l’on entend enfin quelques nuances avec des sections plus calmes avant un breakdown ravageur. Dommage que ça n’arrive qu’à la fin.
Zèle et ardeur
Il n’est pas encore 21h lorsque les premières notes de “the Bird, the Lion and the Wildkin” résonnent dans un Elysée Montmartre désormais plein à craquer. L’ouverture de l’album GREIF est jouée sur bande avant que ZEAL & ARDOR monte sur scène terminer le travail avec une féroce montée en puissance. Féroce, oui, car lorsque le groupe, mené par Manuel Gagneux, décoche sa première salve nommée “Götterdämmerung”, c’est le pandémonium.
Un chaos plus ou moins contrôlé qui ne s’apaisera quasiment jamais tout le long de l’heure et quart que passera le groupe sur scène. Mouvements de foule, moshpits, circle pits, en veux-tu en voilà ! Il faut dire que le catalogue des Suisses est taillé pour la scène et pour soulever les foules. Les morceaux anciens à l’image de “Blood In The River”, “Devil Is Fine” ou “Don’t You Dare”, comme ceux plus récents (“Fend You Off”, “Kilonova”) renforcent l’ardeur de l’auditoire.
Maîtrise totale
Parler du show sans mentionner ses acteurs principaux serait indécent. D’autant que, comme à l’accoutumée, la prestation de Zeal & Ardor est excellente. Manuel Gagneux est éclatant de charisme en tant que frontman. Ses prises de paroles, qui se veulent rares, sont presque toujours marquées d’une pointe d’humour. Et de surprise, aussi, lorsque le chanteur prend conscience de la ferveur et de l’engouement du public parisien.
Gagneux est aussi impressionnant au chant qu’il est sympathique. Épaulé avec brio par Denis Wagner et Marc Obrist, ses deux choristes, l’ensemble décuple le côté gospel du style negro spiritual dont le projet s’inspire depuis ses débuts. Aidé de deux micros, l’homme passe du chant clair aux growls sans effort et se permet même de petites fioritures vraiment pas, mais alors vraiment pas, piquées des hannetons.
Les musiciens sont en totale maîtrise de leurs instruments dans tous les cas. Les parties batterie, assurées par Marco Von Allmen tiennent le tout avec vigueur. C’est d’autant plus renforcé par le mix qui vient appuyer les coups de grosse caisse au centuple. Les vibrations grisantes se font ressentir dans les entrailles.
Visiblement ravi d’être là et impressionné par l’accueil parisien, le groupe offre un rappel lui aussi XXL à son public. L’occasion, sur les deux derniers morceaux, de clôturer la soirée en beauté avec deux titres incendiaires au possible à la suite : “I Caught You” et “Clawing out”.
Chaque passage de Zeal & Ardor est comme un rouleau compresseur musical. Percutant, écrasant, vertigineux. Le pire dans tout cela, c’est qu’on en redemande ! D’autant plus lorsque l’heure et quart de set a défilé en un rien de temps.



















































