The Odds – KIDS

Une sirène crie quelque part entre Pigalle et Camden. C’est le son de KIDS, un EP tendu comme une nuit blanche, taillé dans le béton de la jeunesse. Après l’énergie brute de Danse Animale (2024), le quatuor parisien enchaîne avec un disque plus construit, plus dense, mais toujours aussi viscéral.

Un EP en clair-obscur

Avec KIDS, The Odds déclenche une vague qui vient secouer les eaux stagnantes du rock hexagonal. Dès les premières secondes de “Bastille”, on est happé par une urgence électrique, un riff accrocheur qui sent le pavé mouillé d’un Paris qui ne dort jamais. Le morceau “Roi” qui prend la suite explose dans un cri générationnel qui résonne comme un hymne pour ceux qui refusent de grandir selon les règles.

Mais là où KIDS surprend vraiment, c’est dans son écriture. Malgré son jeune âge, The Odds livre des textes d’une maturité étonnante, où le lyrisme côtoie l’urgence. Sur “Enfant De Lucifer”, ballade mélancolique, le groupe dévoile une plume sensible, imagée, profondément ancrée dans une tradition de la chanson à texte. À l’inverse, “Bastille” et “Joujou” tranchent dans le vif : des paroles courtes, parfois hurlées, qui épousent parfaitement l’énergie punk de ces deux titres.

Si le début de l’EP frappe fort, la suite montre que The Odds sait aussi se faire tendre. “Avant qu’elle ne parte” offre un souffle plus intime, presque pop, tandis que “Sans avenir” clôt l’ensemble avec une élégance sombre, entre tension sourde et émotion contenue.

Avec KIDS, The Odds confirme ce que beaucoup soupçonnaient déjà : le quatuor n’est pas un simple feu de paille. Le son, quelque part entre un punk à l’anglaise et une verve très française, est taillé pour la scène. Dr. Martens aux pieds, cuir sur le dos, clope au bec : The Odds avance avec une désinvolture assumée, reprenant ainsi le flambeau de la scène rock française.