
À quelques jours d’un Olympia déjà complet et alors qu’un nouvel album se profile, LANDMVRKS nous a ouvert les portes de son univers. Rencontre avec Paul, Rudy et Kévin, membres d’un groupe qui redéfinit les contours du metal moderne à coups de mélodies ciselées, de live survoltés et de sincérité à fleur de peau.
Comment vous vous sentez à quelques jours de ce premier concert à l’Olympia ?
Kévin D’Agostino (batterie) : Il y a de la pression, parce qu’on met beaucoup d’importance dans ce show, et on veut vraiment que ça ressemble à ce qu’on a imaginé. On travaille dessus depuis un moment, on continue à faire les derniers ajustements. Mais on est très contents de ce qu’on a prévu.
Paul Cordebard (guitare) : On s’est préparés, on a fait une résidence. On sait à quoi ça va ressembler. On est confiants et excités.
Kévin : Ce n’est pas du tout la même préparation que pour le Hellfest, par exemple. Là-bas, on ne savait pas trop à quoi s’attendre. Pour l’Olympia, on a bossé le set, la scénographie… et on est super fiers du résultat. On a hâte de proposer ça au public.
Votre show, votre affirmation, c’est aussi ce qui se ressent beaucoup dans le nouvel album The Darkest Place I’ve Ever Been qui va sortir. On sent qu’il y a une identité plus marquée. Le disque précédent avait des constructions très complexes, parfois un peu éclatées. Là, c’est plus recentré, il y a un vrai travail sur les mélodies, notamment dans les refrains. C’est particulièrement flagrant sur “A Line In The Dust”. Est-ce que vous partagez ce ressenti ?
Kévin : Oui, clairement. C’est un album beaucoup plus mature. Dès les premières chansons, on a senti qu’on allait plus loin, que les choix étaient plus assumés. On a vraiment bossé dur. On s’est pris la tête, on a réécrit, affiné. Ça a pris du temps, beaucoup plus que d’habitude. Il y a plein d’éléments qu’on n’entend pas forcément dès la première écoute. Mon père me dit souvent : “Ah tiens, ça, je ne l’avais pas capté avant !” C’est un album plus riche, plus subtil. Il faut dire aussi que, cette fois, on n’a pas eu le “luxe” du confinement pour finaliser les choses, comme pour l’album précédent. Là, on était sans arrêt sur la route, donc on a dû adapter notre façon de composer. Et puis il y a les aléas de la vie : parfois l’inspiration est là, parfois non. Mais on a vu que le travail payait. Il y a eu des morceaux qu’on a presque pas retouchés depuis la démo, et d’autres qu’on a dû totalement repenser. Ce processus nous a aidés à mieux nous affirmer dans nos choix.
Quel a été le morceau le plus compliqué à finaliser ?
Kévin : Il y en a eu plusieurs. “A Line In The Dust”, par exemple. Elle est partie de très loin. Les couplets ont beaucoup changé, il y a eu plein de versions. Je me souviens d’une nuit chez Flo où, quand on a su avec qui on allait faire le feat, on a doublé le tempo. Ce feat nous a vraiment influencés dans l’écriture.
Rudy Purkart (basse) : Oui, on a passé beaucoup de temps dessus. Et “Blood Red” aussi. Elle a failli ne pas être sur l’album. On l’a changée au dernier moment. “The Great Unknown”, pareil. Ces trois-là nous ont vraiment pris du temps.
C’est marrant, ce sont justement les trois morceaux qu’on a le plus développés en écoute.
Paul : Parce qu’ils sont un peu différents des autres.
Rudy : Oui, ils sont peut-être moins sombres dans l’ambiance, et c’était un vrai enjeu pour nous de les intégrer à l’album.
Kévin : On avait aussi des démos qui ne collaient pas forcément à la direction artistique de l’album. Il a fallu bosser certains passages pour qu’ils trouvent leur place. Par exemple, sur “The Great Unknown”, il y avait une vibe plus punk rock sur la démo. C’était cool, mais ça ne collait pas à ce qu’on voulait faire sur cet album.
Ce qu’on trouve intéressant avec ce morceau, c’est qu’il respire. Il y a des temps de pause, ce qui n’est pas toujours évident dans ce style. Mais là, ça fonctionne vraiment. On sent que vous aviez une direction précise, et vous êtes allés jusqu’au bout.
Kévin : C’était exactement l’idée. Prendre le temps, affirmer des choix forts, et aller au bout de la démarche. Je me souviens qu’on s’est retrouvés en studio avec Nico, et pour une fois, on a fait un truc qu’on n’avait jamais fait avec LANDMVRKS : on s’est dit “viens, on compose une chanson” sur le moment. J’étais derrière la batterie, les micros étaient installés. Habituellement, on compose tout en MIDI, derrière un ordi, avec des instruments virtuels. Mais là, c’était juste un délire. On n’a pas pensé cette chanson pour LANDMVRKS au départ. On était dans une période un peu creuse, où rien ne sortait. On voulait juste se faire plaisir. On est allés en studio, sans but. Et comme on aime tous Blink, Box Car Racer… on s’est dit que ce serait cool d’écrire un morceau dans cette vibe-là. On s’est laissés porter : Nico avait un riff, j’étais à la batterie, on a construit le morceau comme ça. C’était beaucoup plus punk rock. Le morceau fonctionnait super bien, on était trop contents. On l’a fait écouter à Flo, même si on se disait que c’était sûrement pas pour LANDMVRKS. Et là, il nous dit qu’il kiffe, qu’il a une idée pour le refrain. À partir de là, on a tout réarrangé.
Paul : On a quasiment tout changé.
Kévin : Ouais. Je crois que c’est Flo qui a pris la guitare et a refait le refrain. Ensuite, on a modifié tous les couplets. On a un petit studio portatif qu’on installe dans le back lounge quand on est en tournée, et Flo passait des heures dessus à se creuser la tête, à essayer de comprendre pourquoi ça ne marchait pas encore complètement. Le refrain, lui, on l’avait trouvé assez tôt. Mais on n’était jamais vraiment satisfaits des couplets.
Kévin : On a peut-être juste gardé l’intro.
Rudy : Je me souviens d’un soir avec Flo où on a dit : “OK, on refait complètement le couplet et le pré-refrain“. On a écouté des groupes qui nous inspirent, pour comprendre comment ils construisent leurs morceaux. Et on a affiné la chanson à partir de là.

Dans “Blood Red”, il y a ce passage rappé en français très marquant. C’est rare dans votre musique, et ça dégage une vraie vulnérabilité. Comment vous avez vécu ce moment ?
Rudy : Ça a été une fulgurance de dernière minute. Pour nous, c’était une surprise. Flo nous a dit : “Les gars, je crois que j’ai un truc“. On ne savait pas ce qu’il avait fait. Je ne savais même pas que ça allait être en français. À la base, on a composé le morceau avec Bert de Chunk! No, Captain Chunk!. On aime bien bosser avec lui, on a fait pas mal de sessions ensemble. L’instru qu’on a aujourd’hui, c’est celle qu’on a faite avec lui. Mais Flo a tout changé sur le chant et les paroles, à la dernière minute. Je crois qu’il était parti en studio en pensant bosser sur une autre chanson, mais il n’avait pas envie. Il s’est mis sur “Blood Red” à la place. Et cette fulgurance a donné ce passage en français, hyper émotionnel. Nico a pleuré quand il l’a entendu, je crois. Il y a une vraie vulnérabilité dans sa voix. C’est rare, surtout dans ce style.
Et en parlant de vulnérabilité, “Funeral” a aussi une émotion très brute.
Rudy : Complètement. Le chant qu’on entend sur l’album, c’est celui de la démo. Parce qu’il y avait un grain, une émotion, qu’on n’arrivait pas à retrouver en re-reprenant la take. Flo avait enregistré ça tout seul chez lui, et c’était impossible de le refaire avec la même intensité. Même l’intro, très éraillée, très émo, c’est la première prise. Take one.
Dès le premier morceau, la voix est mise en avant, le morceau prend en intensité, et tout de suite, ça accroche. On sent qu’il y a quelqu’un qui se livre. Même si vous n’écrivez pas les textes, ce que fait Flo est impressionnant. On a l’impression qu’il incarne plusieurs personnages, chacun avec sa voix, son registre. C’est un vrai dialogue intérieur.
Kévin : C’est exactement ça. Ce sont les palettes de sa sensibilité. Les textes sont souvent inspirés de choses très personnelles, mais l’objectif, c’est aussi de toucher tout le monde. Que chacun puisse s’y projeter. Même dans les clips, on ne représente jamais les paroles de manière littérale. On ne va pas montrer directement quelqu’un en proie à des troubles mentaux, par exemple. On préfère symboliser tout ça de manière plus abstraite, plus imagée. La créature qu’on voit, c’est la représentation des démons intérieurs. Le désert, c’est la traversée que tu fais quand tu te sens seul avec tes problèmes. L’isolement, l’incompréhension… tout ça, on essaie de le retranscrire visuellement autrement.
Ce qui est marquant aussi, c’est que si on ne sait pas qu’il n’y a qu’un seul chanteur, on pourrait croire qu’il y en a plusieurs.
Kévin : C’est ce que les gens nous disent souvent.
Rudy : Et nous, à force, on ne s’en rend plus compte.

Parlons un peu du feat avec Mat de While She Sleeps. C’est intéressant parce que, souvent, les feats se limitent à quelques lignes, une apparition ponctuelle. Là, au contraire, c’est une vraie immersion. On sent que la personne est pleinement intégrée au morceau.
Rudy : À partir du moment où Mat entre dans le morceau, il est là jusqu’à la fin. C’est quelque chose qui nous tient à cœur. Même sur les feats qu’on a faits sur l’album précédent, on voulait que ce soit de vraies collaborations. On bosse toujours en studio avec les gens, on part de zéro. Une semaine ensemble, on compose le morceau en équipe. Et on ne fait ça qu’avec des personnes qu’on apprécie humainement et artistiquement. On ne va jamais dire : “Tiens, ce serait bien d’avoir un tel parce qu’il est connu“. Ce n’est pas notre délire.
Kévin : On ne le fait pas pour le marketing. C’est parce que leur voix nous parle. Pour celui-là, on voulait une voix un peu punk, un peu crade. Mat, c’était notre premier choix. Et on était super contents qu’il accepte.
Paul : Mat, c’est celui avec qui on parlait le plus dans While She Sleeps, avec qui on avait le plus d’affinités. C’était logique de lui proposer.
Qui a trouvé cette entrée en matière ? Quand il arrive dans le morceau, l’impact est énorme.
Rudy : Flo avait déjà fait une démo du passage. On s’était dit : “Si on ne trouve personne, tu le fais tout seul“. Le passage existait déjà. Et puis, on a fait un festival ensemble avec leur groupe. Mat était dans le bus avec nous. On a installé notre petit studio portatif dans le back lounge, il est venu, il a posé sa démo. Tout de suite, on s’est dit que ça allait le faire.
Kévin : Il est venu avec Loz, le chanteur principal de While She Sleeps. Il n’est pas intervenu sur le morceau, mais il était super content pour Mat. Il est arrivé, il s’est posé et il nous a dit : “Je suis trop content, ça va être énorme“. Et quand on a proposé le feat à Mat, il nous a dit que ça lui faisait trop plaisir, que c’était quelque chose qu’il avait envie de développer. C’était son premier vrai feat en dehors de son groupe. Dans Sleeps, il y a trois chanteurs : Loz, Mat et Sean. Leur particularité, c’est ce mélange permanent des voix. Ils sont tous un peu chanteurs, et Mat était vraiment investi. Il a même tourné le clip pendant la tournée. Il est dans une cabine d’enregistrement, ils ont tout fait de leur côté, mais c’était super bien fait.
On s’est posé la question en regardant le clip. On sent qu’il y a une vraie volonté d’intégrer Mat malgré la distance. Avec l’écran, il y a cette idée de connexion à distance. Et quand il revient dans la cabine, il y a un parallèle intéressant.
Paul : Il devait venir à la base, mais c’était trop compliqué à cause de toutes les dates qu’ils avaient au Japon. C’est le genre de situations que vous connaîtrez aussi. (rires)
Il y a un autre morceau très intéressant : “La Valse Du Temps”. Il explore un registre plus proche de la variété française, c’est très poétique, très doux. On découvre encore un autre aspect de votre musique. C’est assez surprenant.
Rudy : Flo a même poussé le truc en roulant les “r” au début, c’est un hommage à ses influences de chanson française. Si je ne dis pas de bêtise, son père fait de la musique aussi, et il reprend beaucoup de vieux artistes français. Donc pour Flo, c’était quelque chose de logique, et en même temps de très personnel.
C’est ce qui ressort dans ce morceau. Il y a une vraie douceur, ça évoque des souvenirs. Et quand ça monte, vous arrivez à rattraper cette montée en intensité avec une maîtrise musicale impressionnante.
Kévin : La signature rythmique est très particulière. C’est assez rare dans le metal, mais ça fonctionne super bien. Ce n’est pas courant dans le metal moderne d’avoir ce genre de structure rythmique. Dans le black metal, on voit plus de triolets, mais dans notre style, c’est souvent du tout droit. À la fin du morceau, il y a ces chœurs et cet accord qui arrive… c’est Kaspar Jalili qui nous a aidés là-dessus. Il fait beaucoup d’arrangements pour d’autres, il compose, et il est très orienté gospel. Il nous a sorti des accords de piano magnifiques, qu’on n’aurait jamais pu créer nous-mêmes.
Paul : Il a super bien arrangé tout ça.
Kévin : Ça donne un morceau qui mélange de la basse, du gospel, du metal… tout est là.
Rudy : C’est un morceau bien condensé. Il est intense.
Kévin : Ce qui est marrant, c’est qu’on a commencé à le composer aux États-Unis. On voulait faire une chanson influencée à la fois par la chanson française et ce qu’on entendait là-bas. C’était un peu le mal du pays.
Parfois, c’est plus facile d’écrire quand on a ce recul.
Kévin : Oui, là-bas, on n’était plus chez nous. Et la France revient naturellement.

Vous êtes de Marseille. Comment est-ce qu’on en vient à faire du metal quand on vient de Marseille ?
Paul : Quand on était plus jeunes, il y avait vraiment une scène. J’ai commencé vers 14 ans, et à cette époque, il y avait des groupes comme Dagoba qui étaient vraiment gros. Et d’autres plus petits qui tournaient beaucoup aussi. Il y avait aussi Enhancer, très connu à cette époque. C’était vraiment une période marquante pour la scène marseillaise. Dagoba, pour moi, c’était un modèle. J’étais fan, j’allais à tous leurs concerts. Ils m’ont beaucoup influencé. On a écumé les petites salles locales. Puis, il y a eu un petit creux, mais on a eu des modèles pour nous donner envie. Et maintenant, j’espère qu’on pourra, nous aussi, inspirer la nouvelle génération.
Rudy : Il y a des groupes émergents à Marseille aujourd’hui qui ont un niveau qu’on n’avait pas quand on a commencé. Ils sont super investis. Ils mettent beaucoup de moyens, ils bossent bien. Ils sont bien partis.
Quand on vous voit sur scène, c’est vraiment impressionnant. Le premier concert où on vous a vus, c’était avec Deez Nuts et The Ghost Inside. On avait raté celui à La Maroquinerie avec Ten 56, mais ce qu’on a vu ce soir-là nous a marqué : tout est pensé, les lights, le son, la setlist, l’interaction avec le public… C’est très mature dans la réflexion. On sent que vous projetez une véritable “expérience concert“.
Rudy : On fait tellement de concerts que ça devient un peu naturel.
Paul : Le live, c’est clairement notre force.
Rudy : On se considère comme un groupe qui brille en live.
Paul : En termes d’énergie, on a toujours eu à cœur d’en envoyer un maximum sur scène. On vient tous du hardcore, donc pour nous, un concert, ça doit bouger dans tous les sens. Il faut que ça explose. Même quand on va voir un concert, c’est ce qu’on attend.
Kévin : Dès qu’on voit des groupes qui ne bougent pas trop, on trouve ça dommage. C’est dans notre ADN.
Vous avez eu un gros challenge récemment, avec cette tête d’affiche un peu surprise, et ce changement de spot. Comment ça s’est passé quand vous avez reçu l’appel ?
Rudy : On sortait tout juste de notre propre tournée en tête d’affiche quand on a reçu l’offre. On était en studio, on avait prévu dix jours pour terminer l’album. Et là, cette opportunité tombe. On ne pouvait pas passer à côté. Mais en parallèle, il fallait aussi terminer l’album. Alors on a mobilisé toutes nos équipes. On a dit : “Vous nous aidez, vous gérez la vidéo, la scénographie, proposez-nous des idées !” C’était stressant. On héritait du créneau d’un groupe bien plus gros que nous. Il fallait être à la hauteur.
Kévin : Le groupe qu’on remplaçait n’était clairement pas au même niveau que nous. On ne pouvait pas arriver avec la prod qu’on utilise en salle classique. Il fallait que ce soit exceptionnel. Musicalement, on n’a rien changé : on a joué les morceaux comme d’habitude, la même setlist que sur notre tournée. Mais tout le reste, c’était un autre monde.
Paul : Techniquement, on ne maîtrisait pas tout. Par exemple, on a découvert la scénographie le jour même. On a vu le riser dans l’après-midi : il faisait deux mètres de haut sur huit de large, mais les marches n’étaient pas encore installées. Ils les ont montées pendant que Megadeth jouait. On avait une heure pour tout installer, pour tester… et il fallait improviser. On n’a pas eu de résidence pour créer les mouvements de scène. On a gardé nos automatismes de tournée, mais là, c’était une scène immense. Il y a d’ailleurs une image où on me voit monter marche par marche… c’était lourd !
Rudy : Pareil pour les flammes !
Kévin : On n’avait jamais eu de flammes avant.
Paul : C’est nous qui avons décidé des moments où elles devaient partir. Et encore la veille, certains n’étaient même pas au courant. J’étais avec Simon dans le lounge, on écoutait les morceaux et on notait “flamme“, “flamme“, “flamme” à chaque moment stratégique. Simon devait les déclencher en live. Le lendemain, tout le monde ne savait pas encore ce qui allait se passer. La seule certitude, c’était que sur le premier morceau, “Creature”, il fallait que ça parte direct. Mais c’est bizarre d’avoir cette info sans savoir exactement ce que ça va donner.

Et alors, le bilan ? Le ressenti final ?
Kévin : Franchement, c’était au-delà. Bon, je me suis brûlé la main à la fin du concert ! Une flamme qui n’était pas prévue est partie, j’étais un peu trop près. Simon s’est un peu lâché : il a vu qu’il restait du gaz et il a tout balancé. (rires) Mais honnêtement, c’est comme si toutes les planètes s’étaient alignées ce jour-là. Je ne pense pas qu’on aurait pu rêver mieux.
Paul : Surtout qu’on n’a rien pu tester avant. C’était du pur instinct.
Rudy : Non, rien du tout. Et on a eu quelques petits soucis. Il y a eu un problème de son, mais ce n’était pas de notre faute : quelqu’un avait débranché un câble de la solo. Il y a aussi eu un petit bug avec un écran, mais ça s’est réglé rapidement, ce n’était pas gênant. Mais franchement, c’était l’idéal : le petit sunset, puis la nuit, les flammes… C’était incroyable. On a eu le meilleur créneau possible. On a commencé, il faisait encore jour, ensuite le coucher du soleil, et on a fini dans la nuit. C’était énorme. Le seul truc que je regrette, c’est d’être myope.
Tu ne voyais pas le public ?
Rudy : Je voyais une marée humaine, mais pas très distinctement. J’aurais aimé vivre ça avec une vraie vue, à fond. J’avais l’impression d’être dans une vidéo du Hellfest, tu vois la grande roue, la foule… et tu te dis : c’est pour nous. C’était un moment fou. On aimerait bien pouvoir le revivre. Heureusement que ça a été filmé.

C’est tout ce qu’on vous souhaite ! Et maintenant, quelles sont les prochaines étapes pour vous ?
Paul : Cette année, on va deux fois aux États-Unis. La première fois, ce sera déjà passé quand l’interview sortira, mais je ne sais pas encore si la seconde sera annoncée. En tout cas, sur les deux prochaines années, l’idée, c’est de défendre l’album partout. Faire des headlines dans le monde entier, explorer des territoires qu’on n’a pas encore faits.
Kévin : Cet été, on a plein de festivals. Je pense qu’on n’en a jamais eu autant.
Rudy : Oui, et pas que des festivals metal. On est super contents de pouvoir aller sur des événements plus généralistes, c’est un challenge pour nous. L’été dernier, on en a déjà fait quelques-uns. Tu te retrouves dans un club où personne n’écoute de metal. Des jeunes venus pour danser, certains partent, d’autres restent. Parfois, ils nous disent que c’était leur tout premier pogo ! C’est marrant. On peut vraiment ouvrir les yeux de gens qui n’ont jamais vécu cette énergie. Et puis on n’a pas une image “classique” de groupe metal. En tournée, on entre dans des magasins, les vendeurs voient nos pass et demandent : “Vous êtes un groupe ? Vous jouez quoi ?” Quand on répond “metal“, souvent ils sont surpris.
Rudy : Je me rappelle d’un gars en Belgique, il pensait qu’on faisait du rap ou de l’électro. C’est peut-être plus facile d’attirer un nouveau public comme ça. Ils nous voient et se disent : “Ah, en fait ça va, ce ne sont pas les clichés avec cheveux longs, tout en noir, ambiance satanique…” (rires) Je me rappelle même d’un mec au Hellfest, après notre concert sur la Warzone. Il m’arrête et me dit : “Tu t’es trompé, c’est pas le concert de Damso ici.” Et moi je lui dis : “Mais mec, je viens de jouer là, c’était moi sur scène !” C’était lunaire. Mais ça montre bien qu’on peut casser les codes et ouvrir une porte à d’autres.
En ce moment, on sent aussi qu’il y a une vraie ouverture, avec des groupes comme Gojira qui touchent un public plus large.
Kévin : Oui, il y a un vrai espace pour ça. Gojira, c’est un excellent exemple. Même mes grands-parents m’ont dit : “On a entendu parler de Gojira, ils ont eu une nomination aux Grammy Awards !” Je me suis dit : “Ça y est, on parle de nous, enfin !” Et c’est important de respecter ça. Même en dehors de Gojira, il y a d’autres groupes comme Knocked Loose, Spiritbox… Personne n’aurait imaginé qu’un groupe de hardcore finisse aux Grammy. C’est fou.
Rudy : Et un groupe aussi violent, en plus. C’est vraiment dingue.
‘’est un peu comme quand les Beatles ou les Rolling Stones gagnaient à leur époque. Dernière question traditionnelle : notre média s’appelle RockUrLife, alors qu’est-ce qui rock vos life ?
Rudy : Le rock, c’est le groupe.
Kévin : Et les fringues aussi !
Paul : Et le style ! Mais surtout le groupe. Vivre ça avec ses potes, voyager, créer. Ce qui rock nos life, c’est faire du rock, tout simplement.

Site web : landmvrks.com