Mayday Parade – Sweet

Vingt ans de carrière. Ce chiffre pourrait sonner comme l’heure du bilan. Pour Mayday Parade, il marque plutôt une nouvelle étape, symbolisée par Sweet, premier volet d’un projet en trois parties. Fidèle à son ADN pop punk, le groupe floridien revient avec un EP qui mise autant sur la nostalgie que sur une certaine douceur mélancolique.

Sweet s’ouvre avec “By The Way”, déjà dévoilé en single. Ce titre pose immédiatement le ton : porté par un refrain fort et une énergie contenue, il offre une entrée en matière douce mais engageante.

L’ensemble décolle véritablement avec le deuxième morceau, “4,000 Days Plus The Ones I Don’t Remember”, qui injecte une belle dose d’énergie dès les premières secondes. Ici, on retrouve cette essence pop punk qui rappelle totalement l’esprit de “Jamie All Over”, hymne du premier album du quintette A Lesson In Romantics (2007). Le morceau joue la carte de l’urgence et de l’intensité, avec cette façon si propre à Mayday Parade de mêler mélancolie et énergie punk. Dans la même lignée, “Who’s Laughing Now” enchaîne sans temps mort. Le morceau conserve cette puissance rythmique avec un petit supplément de hargne dans l’interprétation.

Au cœur de Sweet, une courte pause inattendue : “This Personified”, une interlude au piano d’une vingtaine de secondes. Présentée comme une sorte de respiration, elle intrigue autant qu’elle déroute. Difficile de percevoir son véritable rôle dans l’équilibre de l’ensemble, si ce n’est d’annoncer symboliquement le passage vers la seconde moitié de l’EP.

Cette seconde partie continue de naviguer dans des eaux familières. “Who We Are” s’inscrit dans la droite lignée de ce que Mayday Parade a souvent su proposer : un tempo efficace, qui mise sur les émotions sans trop forcer le trait. Mais c’est surtout “Natural” qui vient tirer son épingle du jeu. Si le morceau reste dans la continuité de l’EP, il brille par un pont et un solo de guitare où Alex Garcia déploie toute sa maîtrise technique. Ce moment offre un relief bienvenu et témoigne d’une belle finesse d’exécution.

Sweet : une douceur en demie-teinte

On retrouve ensuite “Towards You”, autre single paru avant la sortie de Sweet. Véritable ballade emo dans la tradition la plus pure, ce titre repose sur une guitare acoustique épurée et des arrangements d’une exécution de haute précision. La voix cristalline de Derek Sanders y brille, tout en retenue et en fragilité maîtrisée, donnant à l’ensemble un caractère intimiste. L’EP se clôt sur “Pretty Good To Feel Something”, morceau à la rythmique plus marquée et aux sonorités pop affirmées. La batterie claque, le tempo est soutenu, on retrouve ici une vibe pop punk très calibrée. Pourtant, malgré un potentiel évident, le morceau ne décolle jamais vraiment. Il manque un moment fort, ce qui laisse une impression d’inachevé.

On ne boudera pas notre plaisir de retrouver Mayday Parade, surtout dans le cadre d’un projet anniversaire aussi ambitieux. Sweet a ses qualités, notamment sur les morceaux “By The Way”, “Towards You” et “Natural”, mais ne propose rien de vraiment nouveau dans la formule. Il rassure plus qu’il ne surprend : un retour en douceur, mais peut-être un peu trop sage pour un groupe qu’on a connu plus audacieux.