Duo mythique des années 80, Dead Can Dance nous offre deux dates parisiennes, sold out, dans le non moins mythique Grand Rex !
En s’installant dans les fauteuils en cuir de la salle parisienne, le public sait que la soirée se place sous le signe de la magie et du voyage. Les plus fans d’entre eux reconnaitront très vite DAVID KUCKHERMANN à qu’il revient de délicatement ouvrir le set. En effet, le percussionniste allemand avait déjà eu ce privilège lors de la précédente tournée. On ne peut que remercier le groupe britannico-australien de sa fidélité, tant cette première partie est riche en exploration et en qualité musicale.
L’artiste nous présente tour à tour les différentes percussions utilisées, Hand Pan, Brasilian Shakers. Prenant même le soin de nous en expliquer les subtilités. Il en exploite toutes les sonorités et démontre une réelle technicité. Personne ne sera surpris quand à la fin de son set, le public lui réserve une ovation, sincère et dense. Ce respect sincère sera d’ailleurs une véritable caractéristique de la soirée.
Le changement de plateau permet aux retardataires d’arriver et aux fans déjà présents de profiter du confort et de la beauté de la salle. Laissons-nous observer la scène, première conclusion rassurante : on n’aura pas droit à un méga show. DEAD CAN DANCE est réputé pour sa richesse musicale, allant de la dark wave à la world music. Très clairement, tout est fait pour que l’auditoire puisse savourer la musique et partir avec elle. Le fond de scène est sobre, constitué de deux écrans, un petit et un géant. Les deux serviront à des projections d’effets lumineux, mais aucun clip, aucun film. L’ouverture de scène est immense et offre donc assez d’espace pour l’ensemble des instruments.
Il est 20h30 quand Lisa Gerrard et Brendan Perry arrivent sur scène, accompagnés d’un quintette. La contralto australienne vêtue d’une robe blanche majestueuse, ouvre le concert en se plaçant derrière son yang qin (forme de cithares allongées). La partie vocale sera quand à elle inaugurée par le baryton. “Anywhere Out Of The World”, démontre que sa voix demeure profonde et si juste. La magie de groupe s’installe et ne quitte à aucun moment la salle.
Rien de surprenant donc à assister à une réponse enthousiaste du public dès la fin de ce premier morceau. On n’a pas encore atteint des sommets émotionnels. Patience, il est certain que des lames apparaissent tant la musique délivrée est intense et belle. Décrire l’œuvre de Dead Can Dance est un exercice faisant appel à beaucoup de qualificatifs : magique, incantatoire, liturgique, ethnique, lyrique. Son univers est riche, complexe, mélodieux, prenant et ce concert en témoigne, soutenu par une setlist cohérente.
A Celebration – Life & Works 1980-2019
En effet, cette dernière pioche dans la quasi totalité des albums studio. Seul “Dance Of The Bacchantes”, qui clôture le set est issu du dernier album “Dionysus” paru en novembre 2018. Le nom de cette tournée nous l’indique, il s’agit d’une célébration de près de trente ans de carrière. Le public ne boude pas son plaisir et savoure. Chaque fin de morceau donne lieu à d’intenses applaudissements. On finit par deviner des larmes chez certains d’entre eux. Rien de plus normal si on se laisse toucher par la voix unique de Lisa Gerrard. “The Promised Womb”, qui ouvre le second rappel, finit par convaincre les plus réfractaires et il n’y en a aucun ce soir.
Ce n’est pas faire offense au groupe de dire que chacun peut savourer ses deux heures les yeux fermés. L’ouïe reste le sens à privilégier, non pas pour relayer au second plan les effets visuels sur scène sobres et simples. Mais tout simplement pour aller à l’essentiel. Mention spéciale pour l’enchainement des morceaux “Bylar”, “Xavier” et “The Wind That Shakes The Barley” qui nous permettra d’apprécier toute l’ampleur vocale de la frontwoman.
La liste des superlatifs est trop longue pour pouvoir qualifier proprement ce concert. Tout le monde sort de ces deux heures de live totalement remplis de belle énergie, touchée par la grâce et l’humilité des artistes qui œuvraient ce soir. Jamais la musique n’aura joué autant son rôle : laisser la magie toucher l’humain.