L’aventure du plus nomade des français continue en Floride et en Caroline du Sud. Du rassemblement de frenchies au FEST aux mauvaises surprises made in USA, le petit bout de chemin parcouru par Forest Pooky savère plus sinueux et fort de sens qu’il n’en parait.
Fin Octobre à Charleston, Caroline du Sud, dans un Motel 6. Une chaîne d’hôtel type Première classe. Le Wi-fi est payant. Yotam est parti en choper dans une chaîne de restaurant plus loin et Seth prend possession de ses 3m2 pour la nuit. La tournée commence avec des frais imprévus et un jour off.
Photo 1 : Chambre d’hôtel. Ce qu’il se passe vraiment en tournée.
Mercredi 25 Octobre. Dernier jour à Montréal, je le passe le nez sur mon écran d’ordinateur à bricoler du graphisme, écouter des mixes et tenter de boucher les quelques trous dans le planning des tournées à venir. À côté de moi, sur la table du salon, Greg passe l’après-midi à dessiner un tatouage qui prendra tout le dos et les fesses de son client… Il estime la pièce à 70 heures de boulot… le gars va douiller sévère. J’en ai des frissons… dans le dos !
Photo 2 : Greg Laraigne, quand il ne tatoue pas. Par Martin Blondeau, au Knock Out ! Québec City.
Après une soupe chinoise dégustée dans un restaurant tout proche de la maison de feu Léonard Cohen, il est temps de refaire mes valises. Je pars de chez Greg après 1h30 de sommeil. Il est 4h du matin et la nuit est fraîche. Je marche jusqu’à l’arrêt de bus, ma valises lourde de vinyles, CDs, t-shirts et deux sacs à dos. Je trouve le courage d’affronter cette journée en découvrant le dernier Propagandhi, à haut volume dans mon casque. Je pète un plomb, tout seul sur le trottoir de l’avenue René Levesque, en face de l’entrée de Chinatown. Cet album est fabuleux ! Il me renvoie au chamboulement ressenti lors de la sortie de “Today’s Empires, Tomorrow’s Ashes” (2001) !
Photo 3 : Pétage de plomb en écoutant “Victory Lap” de Propagandhi.
J’arrive à l’aéroport de Montréal vers 5h50. Je commence à bien le connaître, celui-là ! La fatigue ne se fait pas sentir : l’excitation du voyage vers la Floride – et surtout l’approche du FEST – est quasi palpable. En arrivant à Miami, je retrouve quelques attaches visuelles de la Réunion, entre les plans d’eau qui quadrillent le bâtiment et les palmiers qui l’assiègent. Je me dis que si je regarde un palmier en même temps que ma Douce, c’est un peu si on était ensemble… (c’est moins romantique qu’avec la Lune mais j’étais en plein jour alors ne me jugez pas !).
Photo 4 : Vue de la navette inter-terminaux à l’aéroport d’Orlando.
Photo tirée d’une vidéo…ouais, j’ai dû la bricoler un peu quoi ! L’aéroport d’Orlando est surprenant. En sortant de l’avion, on arrive dans un petit hall qui mène à une navette à 3 ou 4 wagons, où s’entassent les hommes d’affaires, les musiciens et les vacanciers qui sont affublés d’accoutrements référencés Cap Canaveral, Disney World… J’ai l’impression de me retrouver dans le générique d’une mauvaise série des années 80. Ça me fait rire. Arrivant dans un hall plus imposant par la suite, l’Amérique s’annonce en toute simplicité !
Photo 5 : L’Amérique, tout simplement.
Je suis rejoint quelques heures plus tard par Karine Poincom, Mathieu Z. (Lame Shot) et Paul P. (Guérilla Poubelle). On fera la route ensemble jusque Gainesville où jouent, entre autres, Maladroit et GxP. On arrivera à bon port deux heures plus tard pour passer la soirée avec Portny, Till, Adi, les gars d’Intenable, Frank et Riclette. Une belle brochette, cette délégation francophone ! Je vais me coucher tôt, le peu de sommeil réveille les cure-dents dans mes yeux. (Ndlr, la chanson “Attack of the Tooth Pics” de l’album “Every key hole has an eye to be seen through” (2012)).
Photo 6 : Mon premier album “Every key hole has an eye to be seen through“.
Vendredi 27 Octobre, ouverture du FEST de Gainesville, FL ! C’est dingue de me retrouver ici. Le Fest est né du label No Idea Records qui lança, en 2001, une fête annuelle de trois jours qui rassemblera entre quelques dizaines et plusieurs centaines de groupes chaque année depuis, dans cette petite ville calme du Nord de la Floride. La crème de la scène punk rock, pop punk et ses dérivés s’y retrouve. Une quinzaine de lieux et près de 400 groupe cette année. En attendant de se faire un programme, on commence par se rendre sur la terrasse du Holiday Inn, QG du FEST, pour profiter de l’ambiance fête américaine avec piscine, pizza et Officer Bradford (Masked Intruder) au mix.
Photo 7 : Au Holiday Inn. De g à d : Forest, Adi, Portny, Chamoule, Zuzek.
La journée s’enchaîne très vite. Après nous être baladés de salle en salle pour découvrir de nouveaux groupes, il est temps pour moi de me rendre au Civic Media Center pour jouer mon set de trente minutes. Le CMC est un café-librairie libertaire affichant sur la devanture des slogan anti-nazi, pro-écologiste et une représentation de Noam Chomsky. L’ambiance y est très détendue et les gens sur place accueillant. À mon habitude, je cherche un tabouret de bar pour ma représentation et trouve une chaise pivotante, légèrement réhaussée. Ça devrait faire l’affaire. Les amis francophones sont là pour soutenir la cause et la joie de jouer pour la première fois sur la côte est des USA et au FEST m’émeut. Au milieu du public, je vois arriver pendant mon concert Jared Stinson, Yotam et la clique des amis avec qui j’ai partagé la scène lors de mes tournées précédentes. Le FEST a cela de magique : il rassemble tous les passionnés, artistes actifs et fans de cette musique/éthique. Cette dernière pour moi et pour tous ces gens rime avec amitié, entraide, partage et respect… Je crois que les punk d’aujourd’hui sont les hippies d’hier !
Photo 8 : FEST 17, International Band de Serrières !
Durant le FEST, j’ai eu l’occasion de voir ou de revoir des groupes comme Hot Water Music, The Copyrights, Maladroit, Guérilla Poubelle, Spanish Love Songs, Lost Love, Joe McMahon, Jared Stinson, Timeshares, Mean Jeans, Smoking Popes, Ducking Punches, Intenable, Iron Chic, Mike Fazier, Superchunk. Mais le groupe qui m’aura mis la claque du week end sera The Peske File ! Power trio canadien de l’Ontario. À écouter absolument ! Le dernier groupe du FEST sera Maladroit qui jouera face à une salle comble, en mode méga teuf. Une fin parfaite pour tous les gens présents. On rentrera à l’hôtel pour boire une dernière canette, embêter les clients de l’hôtel avec des rires un peu trop forts. La dernière nuit en Floride aura été bonne.
Photo 9 : Dernière soirée avec Arms Aloft, GxP, Maladroit, Intenable, un peu de Lame Shot et de Lost Love.
Lundi matin, le 30 octobre, Seth Anderson et Yotam Ben Horin me calent dans le van et on commence notre tournée commune d’une quinzaine de dates. Ce tour nous ramènera sur les terres Montréalaises d’ici le 19 novembre. Aujourd’hui donc, est un jour off. Ne trouvant personne de composition assez bonne pour nous accueillir, on prend donc la route pour Charleston, en Caroline du Sud. On conduira 6 heures durant, se racontant nos vies depuis nos dernières tournées communes voilà un an déjà. Là-bas, on s’entassera à 4 dans la petite chambre du Motel 6 au nez et à la barbe du surveillant. Ça nous aura fait économiser 6$.
Photo 10 : Sur la route pour Charleston. De g à d, Forest, Yotam, Paola, Seth.
Mardi 31 octobre. Halloween. Je reçois un mail de Michael qui ouvre le concert de demain à Charlotte, NC. Il nous informe que la patronne du bar où on doit jouer a sorti une personne noire de peau de son bar, un flingue à la main et, après avoir eu la chemise déchirée, est revenue avec un t-shirt sur lequel il était inscrit : “Certaines personnes sont toujours vivantes parce qu’il est interdit de tuer“. Ce slogan était accompagné de deux éclairs rouges formant un sigle SS… Donc, on a annulé notre venue et nous nous retrouvons avec un jour off supplémentaire le 1er novembre. Bon. J’imagine que l’ambiance va se détendre plus on remontera vers le Nord du pays. Une sacrée nouvelle d’Halloween, hein !!?? Même la peluche de Jason Voorhees trouve ça EXTRÊÊÊÊÊÊÊÊME !!!!
Photo 11 : Jason Voorhees and I say NO to guns and racism !!!
Ce soir, on joue avec The Peske File et Mobina Galore au Tin Roof, à Charleston, NC. Le lieu est vraiment cool, des affiches plein le plafond, deux flippers (AC/DC et Austin Powers) et une vraie scène équipée de matos tout défoncé. On va se marrer pour se changer les idées !
À la semaine prochaine, si vous le voulez bien !
Forest
31 octobre 2017
Charleston, Caroline du Sud