Un mot. Oui, vous l’aurez remarqué, les titres de Disakrin ne comprennent qu’un seul terme. Officiant dans un raw black très malsain, Necro privilégie une ambiance directrice donnée par le titre du morceau à des paroles recherchées (inexistantes) et qui n’auraient de toute façon aucun intérêt ici. “Agonie” est alors un long cri de désarroi et d’extrême asthénie. Chaque titre illustre une sensation de malaise bien précis…
Agonie se divise un deux parties : la première avec quatre pistes et la seconde dite “bonus” avec trois autres pistes. Disakrin emploie une base qui a fait ses preuves dans les années 1990 : associer une voix saturée mise en retrait du mix à des guitares dont la distorsion est la plus élevée possible. Le chant de Necro oscille brillamment entre vociférations asphyxiées à n’en plus finir et soliloque possédé rappelant Mayhem lors de son apogée en 1993/94.
Vous l’aurez compris, le rendu sonore est très crade et tout aussi insalubre que glacial. Les cris de Necro sont parfois si suicidaires (“Hante”) qu’on pourrait presque associer Disakrin au Depressive Suicidal Black Metal. Les nombreux changements de rythmes et rires diaboliques (“Macabre”) insufflent un côté encore plus inquiétant à la musique du one man band. Les mid tempo ne manquent pas et sur “Cadavre”, l’ambiance atteint des sommets, comme si une charogne agonisait sur un sol terreux en se trémoussant et gémissant ses derniers glapissements.
La mélodie n’est heureusement pas épargnée et arrive à s’imposer tant bien que mal sur “Supreme” où quelques mélodies discrètes s’accouplent à un sample de vent. Les mélodies sont tout aussi crades que magistrales et épurées. Le son et l’ambiance rappellent fortement Burzum avec un tempo qui s’accélère de plus en plus pour gagner en intensité, c’est tout simplement bluffant et très bien agencé. Pour ce qui est de la boîte à rythme, en plus de jouer son rôle à merveille, elle résonne frénétiquement et de manière spectrale, ce qui accroît encore l’ambiance de mal-être qui émane d'”Agonie”.
La seconde partie de l’album est malheureusement moins bonne et pour cause : il s’agit des premiers titres écrits par Disakrin. Necro semble ici se contenter d’envoyer la purée à travers des riffs peu variés, répétitifs et l’ambiance y est beaucoup moins soignée, même si les nombreux mid tempo se veulent écrasants (“Peur”). Un titre comme “Ath” est par exemple trop long et pas assez varié à l’instar de “Fin” qui conclut de manière très extrême. Ici, le raw de Disakrin est ici à son apogée.
En faisant abstraction des trois derniers titres plutôt superflus, “Agonie” se révèle être un premier effort qui s’inscrit dans la pure tradition raw (aux contours parfois DSBM) et qui remplit tout à fait son contrat : extrême, saturé, pestilentiel et oppressant en sont les maîtres mots. Necro semble illustrer sa souffrance en musique d’où un potentiel bien réel pour créer des ambiances qui mettent mal à l’aise. Et c’est ce filon là qu’il faudra davantage développer à l’avenir, surtout au niveau des arpèges mélodiques : ils restent trop rares, alors que le peu servi est bon, plutôt original et terriblement accrocheur.
Informations
Label :
Date de sortie : 14/09/2008
Site web : disakrin.blogspot.com
Notre sélection
- Hante
- Macabre
- Suprême
Note RUL
3/5