Avenged Sevenfold – Nightmare

Le 28 décembre 2009, le batteur et membre fondateur d’Avenged Sevenfold, Jimmy “The Rev” Sullivan, était retrouvé chez lui mort d’une overdose. Aujourd’hui, huit mois plus tard, c’est avec Mike Portnoy derrière les fûts que la formation californienne nous présente “Nightmare”, son nouvel album.

Recruter le batteur de Dream Theater est peut-être ce que le groupe pouvait faire de mieux dans ces circonstances. D’une part, c‘est un batteur brillant qui en remplace un autre, et d’autre part, il semble évoluer comme un poisson dans l’eau au sein d’A7X. Certes, rien ne remplacera totalement The Rev, mais force est de constater qu’à aucun moment on ne peut sentir un manque “musical”. Sur le plan émotif, par contre, difficile de passer outre, tant la quasi-totalité des paroles évoque le vide laissé par ce décès. Certains pourront d’ailleurs trouver les textes par moments un peu “légers” en terme d’écriture, mais on peut aisément pardonner un “God Hates Us” probablement écrit juste après-coup. Au-delà de ces considérations d’ordre général, il y a deux façons d’aborder ce “Nightmare”. L’examiner piste par piste est la solution la plus simple, mais pas nécessairement la plus pertinente. En effet, si l’album compte trois excellents morceaux dans ses quatre premières pistes -“Nightmare”, “Welcome To The Family”, “Buried Alive”-, il faut aussi reconnaître qu’il ne suffit pas d’un rythme effréné et d’une technique impeccable pour faire une très bonne chanson, à l’image d’un “Natural Born Killer” quelque peu limité. De même, les ballades du groupe, si elles sont loin d’être déplaisantes, restent en très grande partie basiques, pour ne pas dire cliché. Ainsi, une analyse de ce type me verrait conclure sur une note moyenne, en raison d’un résultat trop irrégulier, où l’excellent côtoie le passable. Pourtant, un quinze trône fièrement au sommet de cette chronique, et la raison en est simple : envisager ce disque comme un ensemble donne une toute autre perspective. Il ne faut pas oublier que les soixante-six minutes sont avant tout un hommage au batteur décédé, et des morceaux intrinsèquement certes moyens prennent dans cette optique plus de sens, à l’image de l’enchaînement “So Far Away” – “God Hates Us” – “Victim” – “Tonight The World Dies”, qui décrit vraiment un processus, une réaction. C’est d’ailleurs à la suite de cet enchaînement qu’on trouve “Fiction”, qui est un peu à part, puisqu’il s’agit de la toute dernière œuvre de Jimmy, et de la seule apparition de sa voix sur cet opus, aux côtés de M. Shadows.

Pris comme un tout, et non une somme de pistes, “Nightmare” ne devient pas un grand album, mais il dévoile une maturité presque inattendue venant d’un groupe à l’approche parfois brouillonne. Un album de métal à recommander, et pas seulement pour ses solos.