Alter Bridge – AB III

Fondé il y a six ans, Alter Bridge est un groupe américain dont la popularité ne fait qu’aller croissant depuis la sortie du premier album, “One Day Remains”, paru en août 2004. Succédant à “Blackbird” (2007), “AB III” n’est autre que le troisième album du quatuor. Eu égard à l’accueil chaleureux réservé à son prédécesseur, la tâche de ce nouvel opus pouvait paraître compliquée. Et pourtant…

…la relève est bel et bien là. Mais commençons par situer brièvement le quatuor, ou plutôt sa musique, pour ceux qui ne connaîtraient pas. Alter Bridge ne rentre pas vraiment dans une case précise, mais on peut déceler essentiellement des éléments hard rock, comme la prépondérance des guitares, une influence métal dans certains riffs, et éventuellement un peu de progressif dans la construction de certains morceaux. Dans l’ensemble, cela aboutit à un son qui va du rock au métal, mais préserve la mélodie même durant les passages les plus lourds. Sur “AB III”, cet état de fait est toujours de mise, puisque les compositions laissent entrevoir à tout moment une base rythmique impeccable assurée par Brian Marshall et Scott Phillips, et que chaque instant permet à la guitare de Mark Tremonti et à la voix de Myles Kennedy de briller – voire l’inverse, étant donné les performances vocales du premier et la qualité du jeu du second. Vous l’avez peut-être d’ores et déjà compris, Alter Bridge s’est amélioré. La marge de progression semblait se situer au niveau des détails, qu’à cela ne tienne, les détails ils ont soignés. Au niveau du couple basse et batterie, tout d’abord, puisque ceux-ci gagnent un peu en présence, même s’ils restent quelque peu relégués au second plan derrière les deux vedettes du groupe que sont Myles Kennedy et Mark Tremonti. De même, la constance des compositions sur cet opus est tout simplement impressionnante, car aucune ne semble faible ou même juste à la traîne. Au pire, un auditeur difficile pourra considérer que le groupe sacrifie parfois beaucoup pour mettre un élément en avant, mais l’écoute d’un “Wonderful Life”, par exemple, devrait convaincre bien des oreilles que la voix de Myles Kennedy occupe parfaitement l’espace. Au final, bien que certains schémas se répètent de manière relativement prévisible, les deux figures de proue des floridiens affichent un contrôle certain de leurs compositions, et, un peu à la manière d’un album stoner, parviennent à offrir une variété qui entretient l’ambiance légèrement sombre, voire morose, instaurée par les premières notes de “Slip To The Void”.

Il est difficile de prendre “AB III” en défaut tant le disque est complet et homogène. En prenant les choses un peu à l’envers, on pourrait déplorer l’absence d’un morceau qui se distinguerait, comme un porte-étendard de l’opus, mais ce serait vraiment être difficile que d’en vouloir plus. Chapeau bas. Alter Bridge impressionne, et c’est mérité.