France de Griessen – Electric Ballerina

Punk ? Électrique, en tous cas. Artiste multitâche que l’on a pu remarquer sur les planches avec Edouard Baer ou dans les galeries, France de Griessen présente une série de créations musicales à l’image de sa personnalité artistique : tantôt sensuelle, fragile, naïve, tantôt sexuelle et explosive, la voix de la blondinette se module au fil de quatorze morceaux originaux. 

L’ensemble des pistes étonne pour son éclectisme. Sur “Electric Ballerina”, France de Griessen exploite non seulement les différentes couleurs de sa voix, mais aussi des styles musicaux différents : douce sur la très country et un brin maladroite “Beautiful”, la chanteuse se fait plus directe sur “Will You”, chanson d’ouverture très efficace, très rock. Mais on trouve également du punk. D’ailleurs, “Electric Ballerina” termine en apothéose avec une magistrale reprise de “PP Haine” des Sales Majestés (groupe de punk rock français formé à la fin des années 80) et une version plus agressive de “Rue des Pierres Rouges” avec un guest de taille : Vérole, ancien chanteur du mythique groupe punk Les Cadavres et membre actuel de Charge 69. Bien que les références de France de Griessen paraissent évidentes, un élément demeure déroutant : la ressemblance de la mélodie de “Crois-Tu Qu’on Se Perd?” avec le culte “Fire Water Burn” de Bloodhound Gang. Bien évidemment, la chanson de France de Griessen, potentiel tube au refrain entêtant, n’a rien de l’humour potache des américains. Et puis, au fond, on s’en fout. Même si on s’ennuie légèrement sur des morceaux mignons comme “Perce-Neige”, cet album comporte des compositions chantées en français et en anglais, aux mélodies élaborées avec subtilité, au son suffisamment sale pour qu’on se projette dans une cave avec une scène aménagée pour France et son groupe, suffisamment propre pour être apprécié en solo dans sa chambre à coucher. Une grande diversité dans les arrangements achève de nous envelopper dans l’univers de l’étonnante demoiselle de Griessen. 

Entre romantisme et provocation, les chansons de “Electric Ballerina” mènent leur auditeur vers une nouvelle dimension, un monde où la poésie romantique côtoie le punk le plus brutal (d’ailleurs, le punk n’est peut-être pas si éloigné de la poésie la plus élaborée..?). Avec ce disque, France de Griessen prouve qu’elle est capable de nous faire expérimenter des sentiments humains, noirs, durs, honteux, avec subtilité. De nous faire vibrer sur du rock brut. De nous impressionner avec des collaborations crédibles à tous points de vue. France de Griessen fait partie de ces artiste multi-facettes qui n’ont pas peur de se mettre à nu, d’interpréter les différentes parts d’eux- mêmes, de révéler leur esprit fragile, rebelle et électrique… punk.