Depuis leur création à la fin des années 90, le groupe marseillais a acquis une certaine notoriété en proposant un mélange de neo metal et de hardcore. Officiant en tant que chanteuse, Candice nous plonge dans un univers à la fois sombre et malsain où se côtoient un chant puissant et des textes tourmentés qui restent la marque de fabrique du groupe. A l’origine de deux EP (“Autopsie”, “Samantha”) et de deux albums (“Sôma”, “Tératologie”), et après quelques changements de line up, Eths revient avec son troisième opus intitulé “III” disponible depuis le 6 avril 2012.
A l’occasion de la sortie de son troisième album, on peut dire qu’Eths n’a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands. En effet, disposant d’un packaging soigné avec deux éditions disponibles pour la France (édition simple ou collector avec deux titres supplémentaires), le groupe a aussi prévu un tirage comportant plusieurs morceaux en anglais en vue d’une distribution internationale. Après une première écoute, force est de constater que le disque n’est pas forcément facile d’accès. Tout en restant fidèle à sa ligne musicale, plusieurs écoutes s’avèrent nécessaires afin d’entrer dans l’univers singulier façonné par le quintette. On retrouve sans grande surprise les thèmes qui sont chers à la formation (corps, souffrance, fin du monde, solitude, mort, etc…). En effet, toujours aussi sombre, Candice n’en n’a pas fini avec ce corps si souvent torturé au gré des pistes comme le confirment ces différents extraits : “Je découpe ma peau en morceau”, “Ma bouche a explosé dans ses mains vidée de mon sang, il m’a sciée il m’a sciée”. De plus, cette dernière va encore plus loin en proposant une vision quelque peu singulière de la grossesse notamment à travers “Gravis Venter” et “Inanis Venter” où la frontwoman n’hésite pas à associer l’accouchement à tout un champ lexical de la souffrance (“douleur”, “horreur”, “avarié”, “écœuré”…). L’alternance des chants, tantôt voix claire tantôt death, comme sur le titre d’ouverture “Voragine” est toujours de mise. Cependant, on constate une réelle évolution au niveau du chant clair, qui se veut beaucoup plus varié. Ainsi, la chanteuse semble vivre intensément les morceaux et, pour ce faire, joue avec les extrêmes tout en déstabilisant habilement l’auditeur. Tour à tour, elle alterne entre des passages susurrés, parlés comme sur le premier single “Adonaï”, où elle semble même nous interpeler, telle une oratrice. Ou bien, à d’autres moments, elle nous donne l’impression d’agoniser comme par exemple au milieu de “Anatemnein”, où sa voix se fait de plus en plus imperceptible. Sans pour autant en oublier les nombreux passages où elle se laisse aller à des accès de rage qui d’ailleurs atteignent leur paroxysme sur “Hercolubus”. En effet, ces derniers à la limite de la bestialité, résonnent comme des plaintes, des cris de douleur et nous forcent à en être les “témoins”. De nombreux break ponctuent l’opus, instaurant des passages instrumentaux où les samples créent des ambiances et donnent de l’ampleur aux titres, comme c’est le cas sur “Sidus”. De plus, la batterie se fait plus présente et l’utilisation de la double-pédale apporte une certaine puissance à l’ensemble de l’album. Petit bémol concernant le dernier titre “Anatemnein” de 7min43, qui s’achève avec pas moins de quatre minutes de samples soporifiques, ce qui n’était pas vraiment nécessaire.
Toujours aussi sombre et torturé, “III” résonne à nos oreilles comme une prédiction où Candice doit une nouvelle fois faire face à ses démons. Et vous, êtes-vous prêt ?
Informations
Label : Season Of Mist
Date de sortie : 06/04/2012
Site web : www.eths.net
Notre sélection
- Voragine
- Adonaï
- Hercolubus
Note RUL
3.5/5