Chroniques

Parlor Snakes – Let’s Get Gone

Cela fait quelques temps que Parlor Snakes fait parler de lui. Après un premier vinyle d’excellente facture, “Shotguns”, paru en 2010 sur le jeune label Double Legs, Parlor Snakes présente aujourd’hui son premier album, “Let’s Get Gone”. Le groupe franco-américain s’est illustré plusieurs fois, en première partie de Jim Jones Revue, Shane Murphy et autre Little Bob. Le combo emprunte au blues hypnotique de John Lee Hooker, au rockabilly des Cramps, au punk lyrique de Patti Smith, et n’a de cesse de faire évoluer ses compositions originales, qui frôlent parfois l’indie. Dans les textes et dans le style, les “serpents” empruntent leurs références à la littérature et au cinéma américain (Parlor Snakes tire son nom de la nouvelle “This Side Of Paradise” de F.Scott Fitzgerald et signifie “beaux parleurs”). Le résultat est un mélange hallucinogène shamanique à la sensualité voodoo.

Dès le début, “Snake Crawl” claque avec les riffs stoogiens de Peter K. tandis que Eugénie Alquezar nous transporte peu à peu avec un murmure glacé à la recherche de son amour perdu. Sur le single “Light Up The House”, les nappes de fuzz du clavier donnent une coloration garage rock du plus bel effet. Après avoir posé les bases de leur rock n’roll vintage, les “beaux parleurs” ravivent les flammes de Erick Lee Purkhiser à grand coup de baril de pétrole. La guitare blues s’oppose et se symbiose à la voix, élégante et sexy d’Eugénie. Les textes révèlent d’un attachement torturé envers l’auditeur. Tout d’abord “Nobody’s Bitch”, avec sa sensualité hypnotique “je suis la chienne de personne, mais je suis tienne”, juste avant de se faire évincé mystérieusement, tel la rengaine du “je t’aime, moi non plus” avec “Don’t Want Your Love”. “Like A Dog”, propulse dans ce qu’il y a de plus punk, chez Parlor Snakes, du pur sang Riot Girl, comme le faisait Blondie à la belle époque. Par la suite, l’album se calme légèrement. Les rythmes de batterie de Yujim commencent à flirter avec la monotonie et la bassiste Severin Severin fait finalement une apparence visible dans les “Wild Eyes”, une piste soutenue par la puissance de Peter K., avec son riff proche de “Dirt” des Stooges. Avec “Keep Hurting Me”, la gratte cisaille pour repartir de plus belle sur une ambiance poisseuse façon movie série Z intéressante. Le tout se termine dans un joyeux bordel sonore. Le saxophoniste Fabien Lelarge retentit sur “Get Down, morceau à la limite du jazz progressif psychédélique. “Let’s Get Gone” termine l’opus dans une ambiance road movie à la Tarantino, les chants passionnés d’Alquezar s’enroulent autour de la guitare de Peter K, avant de l’étouffer pour mieux s’en nourrir, tel un crotale de l’Ouest sauvage.

Composé de neuf titres, l’album est conçu comme un road trip cinématographique. Évoquant tant d’images distinctes, du désert californien, aux canapés en velours aux motifs léopards à un bar enfumé sorti de “Sailor & Lula”. Loin de s’arrêter là, Parlor Snakes passe de New York au Nouveau-Mexique avec la classe d’un rockabilly, un brin blues déglingué, façon Gun Club. Le tout est maitrisé d’une main de maître par une chanteuse inspirée et en mal d’amour que l’auditeur voudrait consoler vite fait, en flinguant quelques gueules au passage. C’est un véritable parcours initiatique dans un univers punk rock très esthétique, qu’offre ses beaux parleurs. À suivre de près !

Informations

Label : Double Legs / Handsandarms
Date de sortie : 23/01/2012
Site web : www.facebook.com/parlorsnakes

Notre sélection

  • Keep Hurting Me
  • Let's Get Gone
  • Like A Dog

Note RUL

4/5

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