Pendant plusieurs semaines, RockUrLife a décidé de mettre en avant des temoignages d’artistes et de laisser le champ libre à Forest Pooky, artiste folk-punk français dont vous avez déjà du lire le nom suite à notre chronique de son EP “We’re Just Killing Time Before We Die“, afin que celui-ci nous raconte sa nouvelle aventure américano-européenne en direct, sans tabou, ni langue de bois. Finding Forest, c’est maintenant.
Epilogue
Nous y voilà, je m’y colle finalement. Tenir un cahier de mes voyages a toujours fait partie de ces bonnes idées que je n’ai jamais pris le temps de réaliser. Si j’ai écrit ma première chanson voilà 20 ans, écrire sur mon quotidien pendant deux mois est une autre paire de manches mais, sur invitation de RockUrLife, je me soumets à l’exercice avec plaisir.
Ces rendez-vous hebdomadaires raconteront donc mes pérégrinations des deux prochains mois, du Nord de l’Amérique jusqu’à l’Allemagne berlinoise…mais je ne sais pas par où commencer…me présenter peut-être ?
On m’appelle Forest Pooky. À 15 ans, j´ai commencé à apprendre à jouer de la basse, de la guitare et à me confronter au concept de la composition. J´étais plutôt mauvais. A 17 ans, un peu meilleur, je monte mon premier groupe, The Pookies. De là, j´évolue dans le milieu punk rock, dans un cadre associatif, participant à bon nombre de groupes (Sons of Buddha, Black Zombie Procession…etc.), multipliant les rencontres, assimilant autant que possible les tuyaux dont me faisaient part mes pairs, pour essayer de faire ce que j’aime faire du mieux possible. J’en suis arrivé à prendre la route plus intensément, et seul, en tant que Forest Pooky voilà 8 ans.
On m’a dit, un texte par semaine. Je passerai donc sur l´année de malade que je viens de passer… la sortie de mon dernier EP, les 100 concerts et 15 pays visités depuis Octobre 2016, pour me concentrer sur les 7 jours qui précèdent le 18 Octobre 2017, début de la tournée nord-américaine.
Photo 2 : Opera House, Sydney, Australie. De G. à D, Forest, Doc, Peter ‘‘Blackie’’ Black, Fév 2017
Je suis à la Réunion, île de l´Océan Indien, à l´Est de Madagascar. Pourquoi suis-je dans l’hémisphère Sud ? Et pourquoi pas ? En tout cas, c’est de là que je prépare mon départ pour Montréal, ville québécoise du Canada. Un choc de -20 degrés celsius et 8h de décalage horaire. Je suis nul avec les décalages horaires…Je profite donc de mes derniers jours sur cette île surprenante, terre volcanique, de ses cases créoles, ses plages, sirotant avec des amis une cannette les pieds dans le sable, essayant de voir le rayon vert, furtif, qui apparaît sur la ligne d´horizon quand le soleil disparaît au-dessus de l’océan.
Bon, entre mes sessions guitare et mails, j’ai pas mal profité de cette fin de semaine pour glander. Et ça fait du bien. Vous devriez essayer. Ceci dit, si vous êtes en train de me lire, vous ne devez pas trop mal vous en sortir !
Photo 3 : Crépuscule, plage Réunionnaise.
7h30 du matin, Lundi 16 octobre, veille de mon départ.
Au réveil et encore au lit, le ventre vide et les yeux encore collés de cette courte nuit, je me remets au boulot car non content de partir 1 mois aux Amériques, je dois aussi préparer la tournée européenne de Novembre, la dernière avant presque un an. Il ne faut pas se louper.
5h30 en métropole donc, je reçois un coup de fil de Jean Mi Turco, qui crée le visuel de la tournée. Les journées commencent tôt dans le DIY, mais là, Jean Mi met la barre haute… Les histoires de visuels réglées, je me prépare à rejoindre un certain Cédric Corrieri que j’ai rencontré lors de ma première venue à la Réunion. Le costaud est ingénieur du son et m’avait proposé de m´enregistrer un jour, si besoin. Deux ans plus tard, l´occasion se présente. Il me faut figer deux titres pour un split qui viendra illustrer la tournée en Europe. On y passe la journée. Le temps file. Pas le luxe de pinailler sur des détails que je ne laisserais pas passer d´habitude mais il faut faire avec la contrainte. On ne s´en sort pas trop mal, après huit heures de boulot, les morceaux sont dans la boîte.
Photo 4 : Home studio chez Cédric corrieri
Photo 5 : “Ghost Forest” par Jean Mi Turco.
6h30 du matin, Mardi 17 octobre, jour du départ.
Cédric sortait d´une grippe. J’ai le cerveau en feu et les globes oculaires compressés. Je me dis que se taper 11h de vol pour Paris, et enchaîner avec 6h de plus pour rejoindre Montréal avec la tronche en vrac, ce serait pas drôle ! Ce qui est plus fun en l´occurrence, c´est de recevoir un message de Matthieu, de Québec. Le gars m´écrit pour me dire qu´il se souvenait de m´avoir rencontré lorsque j´avais fait la tournée des Flying Donuts à la basse au Canada en 2010, que je lui avais donné mon premier EP éponyme, qu’il l´écoutait toujours et qu´il avait halluciné de se rendre compte que je jouais en bas de chez lui le week-end prochain.
12h30, jour du départ.
Je me réveille de quelques heures de repos qui ont enraillé la douleur crânienne. Après une recherche ”intensive” sur des sites bien connus des hypocondriaques, j’en ai déduit avoir eu droit à une légère migraine ophtalmique. A peine sorti d’affaire, il faut que je me recolle le nez sur l’écran, pour envoyer ce premier billet à temps… Aïe aïe ouille!
Photo 7 : Forest post “Aïe aïe ouille”.
Un souvenir me frappe sans surprise à 10h de mon départ pour l’escale parisienne. Celui d’une discussion avec Kevin Seconds au sujet des longues tournées, celles de plus de trois semaines ou un mois. Il m’a dit : “ça va peut-être te paraître cul-cul mais en vieillissant, je n’ai plus envie de rester éloigné de ma femme aussi longtemps”.
À l’excitation de cette tournée se mêle une tristesse de me séparer de ma Douce aussi longtemps. Est-ce-que je deviendrai un peu cul-cul… ?
Voilà ce qu’il m’est passé par la tête ces derniers jours. Il me restera à partager ses derniers 40 concerts sur 6 territoires et l’EP “We´re just killing time before we die’’ aura eu une belle vie !
Photo 9 : Sticker “We´re Just Killing Time Before We Die“.
A la semaine prochaine si vous le voulez bien !
Forest
17 Octobre 2017
La Saline les Hauts, 974