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Cover Story #17 : Supertramp – Breakfast In America


Depuis sa sortie en 1979, Breakfast In America cultive son titre d’album culte de la formation anglaise Supertramp. Mais au-delà de la musique, c’est la pochette du disque réalisée par le designer américain Mike Doud qui a capté l’imagination du public et qui continue d’être reconnue comme une œuvre d’art à part entière.

L’album

Breakfast In America n’est pas seulement un album marquant des années 70, mais c’est aussi une pièce maîtresse de l’histoire du rock progressif. Avec des morceaux tels que “The Logical Song”, “Goodbye Stranger”, “Take The Long Way Home” et le fameux “Breakfast In America”, cet album a consolidé la renommée mondiale du groupe britannique, culminant en tête des charts, notamment en France où le disque s’est vendu à trois millions d’exemplaires. L’ensemble, écrit et enregistré en Californie, est le reflet de l’expérience de Supertramp sur le sol américain, où ils espéraient vivre le “american dream“.

L’artiste

Conçue par Mike Doud, designer américain, la pochette de Breakfast In America n’était pas le premier coup d’essai de l’artiste. Il a tout d’abord travaillé au début des années 70 comme designer pour le label A&M Records à Londres puis a rapidement intégré l’agence de design américaine AGI. Mike Doud est notamment connu pour avoir réalisé la pochette de Physical Graffiti (1975) de Led Zeppelin, dont la lithographie est conservée aujourd’hui au Museum Of Modern Art de New York. Plusieurs travaux de l’artiste ont également été exposés en 2015 au MOMA dans l’exposition Making Music Modern: Design For Ear And Eye.


La cover

L’œuvre réalisée par Mike Doud est une illustration ingénieuse et satirique de la culture américaine. Doud a su capturer l’essence de l’album à travers cette image. C’est le groupe lui-même qui a expliqué le projet d’album à l’artiste, en lui commandant une pochette percutante qui, au premier coup d’œil, dévoile le message porté par l’album. Mike Doud s’est emparé du sujet de la société de consommation, de l’idéalisation de l’american dream, de l’identité et de la quête du bonheur dans un monde matérialiste que Roger Hodgson et Rick Davies explorent dans leurs chansons.


L’image présente une interprétation de la skyline de New York, où les buildings sont remplacés par des boîtes de conserve, de la vaisselle, des salières et autres aliments. La serveuse habillée d’une tenue de diner jaune n’est autre que l’actrice Kate Murtagh. Avec sa posture au bras levé, elle incarne la Statue De La Liberté, symbole de la ville que l’on surnomme “The Big Apple“, avec le verre de jus d’orange sur le plateau qui représente la flamme.

Ce choix d’iconographie n’est pas anodin. Mike Doud a voulu représenter une perception européenne de l’Amérique en mettant en lumière l’opulence et le consumérisme associés au rêve américain. Cette critique subtile symbolise une sorte de regard extérieur sur la condition américaine, accentuée dans la composition par le point de vue choisi par l’artiste. Mike Doud place le regardeur à travers un hublot d’avion, de sorte à faire prendre de la hauteur face à cette réalité. Son utilisation innovante des couleurs vives et des symboles culturels a fait de cette pochette un incontournable, dont il existe deux variantes.


Ce projet artistique complet reste une parfaite illustration de la manière dont l’art visuel peut amplifier et enrichir l’expérience musicale, faisant de cette collaboration entre Supertramp et Doud un moment phare de l’histoire de la musique et du design. La couverture a d’ailleurs été primée en 1980 lors des Grammy Awards.

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Kaithleen Touplain
Historienne de l'art et passionnée de musique rock à mes heures perdues.