En attendant patiemment le nouvel album de The Rolling Stones, Kaithleen vous propose de revenir cinquante ans en arrière, lorsque It’s Only Rock ‘N’ Roll venait de sortir en 1974. Focus sur l’œuvre de Guy Peellaert, artiste du courant hyperréaliste.
L’album
It’s Only Rock ‘N’ Roll est le douzième album studio de The Rolling Stones. Il incarne un disque de transition pour le groupe, chamboulé par plusieurs départs, notamment du producteur Jimmy Miller, ou encore la dernière performance de Mick Taylor en tant que guitariste du groupe. L’album est, par conséquent, autoproduit par Keith Richards et Mick Jagger sous le nom de The Glimmer Twins.
La cover
Guy Peellaert est un artiste peintre, illustrateur, photographe et auteur de bandes dessinées belge. Il a notamment réalisé les pochettes des disques d’Étienne Daho (Pour Nos Vies Martiennes, 1988), et Lio (Wandatta, 1996). La même année que l’album It’s Only Rock ‘N’ Roll, David Bowie a lui aussi commandé la réalisation de la couverture de Diamond Dogs lorsqu’il a appris qu’il travaillait avec The Rolling Stones.
Pour ce travail de couverture, c’est Mick Jagger qui a fait la demande à Guy Peellaert après avoir apprécié son œuvre culte Rock Dreams (1973), une sorte de critique décalée du regard porté sur les célébrités rock depuis les origines en cent vingt-cinq œuvres peintes à l’aérosol. On y trouve notamment des portraits d’Elvis Presley, de The Beach Boys, de Jim Morrison ou encore de The Rolling Stones. L’ouvrage Rock Dreams est à caractère satirique. La satire est une constante qui définit le travail artistique de Peellaert. Dans Rock Dreams, il dépeint les cinq Stones en uniforme nazi (une référence aux photos décriées de Brian Jones) en compagnie de jeunes filles, image choquante qui donne le ton de l’ouvrage.
Pour la pochette de l’album It’s Only Rock ‘N’ Roll, Peellaert a semblablement utilisé la composition d’une autre pochette de disque, celle de Hitler’s Inferno (1945), disque sur lequel on peut entendre des chants de l’Allemagne nazie. Et en effet, l’analogie entre les deux compositions est troublante.
Cette inspiration, quelque peu inconvenante, fait toute la réputation non-conformiste et subversive de Peellaert en tant qu’artiste. La couverture a été réalisée dans la même veine esthétique et sémantique que Rock Dreams. Elle représente le groupe tels des divinités descendant des marches recouvertes d’un tapis rouge dans ce qui semble être un temple, acclamés par des femmes en toge romaine. Les drapeaux de l’Allemagne nazie ont été remplacés par des colonnes de style dorique, formant un temple néoclassique, style architectural privilégié par l’Allemagne dans les années 1940. Peellaert était présent pendant l’enregistrement de l’album qui s’est fait aux studios Musicland de Munich en Allemagne, et a sûrement été inspiré par l’architecture et l’histoire du pays pour la réalisation. Côté esthétique, Peellaert travaille à partir de photographies qu’il retouche à la peinture aérosol et a aussi recours au photomontage.
À travers cette collaboration, c’est toute une démarche artistique qui s’exprime et qui permet non seulement de donner à la couverture de It’s Only Rock ‘N’ Roll le statut d’œuvre d’art, mais surtout d’affirmer un peu plus les liens entre la musique et les arts visuels qui ont été plus que prospères au cours de la seconde moitié du XXème siècle.
1 Commentaire
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Un des meilleurs albums des Stones, avec un des meilleurs titres “If you can’t rock me”! Que dire de “It’s only rock n’roll”?