Suite aux révélations sur l’identité de Banksy, Kaithleen revient sur la fructueuse collaboration entre le street artiste britannique et le groupe de britpop Blur pour l’album Think Tank sorti en 2003.
L’album
Septième disque studio de Blur, Think Tank divise les fans en raison des nouvelles sonorités électroniques développées dans le projet musical. Déjà initiée dans l’album 13 (1999), cette évolution musicale pourrait être liée au départ du guitariste Graham Coxon suite à des mésententes avec le reste du groupe. Avec Think Tank, Blur est dans une période de transition avec cette proposition musicale qui est l’album de la discographie de Blur le mieux classé aux États-Unis.
L’artiste
Banksy est un street artiste qui travaille sous un pseudonyme et dont l’identité est maintenue secrète. Récemment, l’artiste que l’on soupçonne d’être d’origine anglaise (de Bristol) a fait l’objet de révélations sur sa véritable identité. Banksy s’appellerait Robert Banks. C’est BBC Radio 4 qui a diffusé dans le cadre de l’émission The Banksy Story une interview jamais diffusée de 2003 dans laquelle Banksy se présente sous son vrai nom. Des révélations qui perpétuent l’engouement qu’il existe autour de cet artiste activiste dont les collectionneurs s’arrachent les œuvres à prix d’or.
Côté technique, Banksy travaille le graffiti à travers le collage et la peinture au pochoir qui se popularise au cours des années 1980. Plusieurs artistes de la rue français s’en emparent tels que Blek Le Rat (Xavier Prou), Jef Aérosol (Jean-François Perroy) ou encore Ernest-Pignon Ernest, précurseur de l’art urbain en France qui utilise aussi beaucoup le collage.
Banksy s’inscrit dans la continuité de cette histoire de l’art urbain dès les années 1990. Les réalisations les plus connues de l’artiste, aujourd’hui tombées dans les bras de la pop culture, sont sans doute Girl With Balloon, découverte pour la première fois en 2002 à Londres dans le quartier de South Bank, Flower Thrower réalisée en 2003 à Jérusalem sur le mur qui sépare la Palestine d’Israël ou encore Kissing Coppers, peint sur la façade d’un pub à Brighton en 2004 (pub qui deviendra une galerie d’art et la peinture protégée par du plexiglas). Banksy est avant tout un artiste activiste et sarcastique, qui dissémine ses peintures là où l’on en a besoin.
La cover
On a longtemps cru que Banksy était proche du milieu de la musique britannique. Soupçonné d’être un membre du groupe Massive Attack ou encore de Gorillaz, il n’était pas surprenant qu’une collaboration avec un groupe majeur de la britpop tel que Blur naisse. En 2003, Banksy commence à être reconnu dans le milieu artistique alors que Blur est déjà bien établi.
La peinture représente un couple enlacé, tous deux portant un scaphandre. Les “Think Tanks“, que l’on peut traduire par “Réservoirs de pensées“, sont des groupes de réflexion sur des sujets de société au service des grandes entreprises qui se développent aux États-Unis dès les années 1960. Les Think Tanks se généralisent dans le monde à partir des années 1990 et 2000, suscitant des suspicions, voire des conspirations, de la part des populations quant aux intérêts détenus par ces organisations privées. Comme rien n’est fait au hasard chez Banksy, les scaphandres des deux personnages symbolisent la fermeture et le contrôle de la pensée induit par les Think Tanks. Dans cette œuvre, on retrouve toutes les spécificités de l’artiste : le dessin au pochoir, l’engagement politique et une touche de poésie.
Banksy n’est pas le seul artiste derrière cet artwork. Le photographe Steve Lazarides a capturé la cover peinte sur un mur du quartier Deptford à Londres qui sera l’image finale du projet.
La collaboration entre Banksy et Blur a, en réalité, surtout été une belle affaire d’argent. Banksy affirme dans une interview à propos de son travail avec Blur : “J’ai fait quelques trucs pour payer les factures, et j’ai fait l’album de Blur. C’était un bon disque et la commission était assez importante.” Il a d’ailleurs vendu aux enchères à Londres une réplique de Think Tank pour la modique somme de quatre-vingt-dix mille euros. Même si l’œuvre d’origine est une commande de Blur, nous ne savons pas si ces derniers ont touché quoi que ce soit sur cette vente.