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Cover Story #9 : Babyshambles – Sequel To The Prequel

Déjà dix ans que Damien Hirst a signé la pochette de l’album Sequel To The Prequel de la formation anglaise Babyshambles. La collaboration annoncée avant la sortie du disque entre l’artiste connu pour son univers morbide et l’esthétique neurasthénique de Babyshambles avait laissé le public dans l’attente. L’œuvre produite en a pourtant surpris plus d’un !

L’album

Sequel To The Prequel est le troisième album studio de Babyshambles. Il incarne en 2013 l’affirmation d’un genre emblématique d’une nation : la britpop. Le disque se définit dans son titre comme étant un préquel, sûrement celui de ce fantastique morceau de l’histoire du rock. Énormément de références dans cet ensemble, de The Clash à Oasis, Sequel To The Prequel reproduit les schémas classiques du genre tel un retour aux sources guidé par la voix nonchalante unique de Peter Doherty.

L’artiste

Damien Hirst est un artiste plasticien britannique. Sa carrière démarre dans les années 1980 comme chef de file du courant des Young British Artists (YBAs) dont des artistes tels que Tracy Emin, Sarah Lucas ou encore Jake et Dinos Chapman font partie. Ces artistes travaillent à partir de matériaux inhabituels, comme par exemple les animaux découpés de Damien Hirst pour ne citer que lui. Plusieurs expositions en Angleterre leur seront consacrées et une popularité grandissante s’offre à leur art aussi inventif que subversif. Le thème de la mort devient central dans le travail de Damien Hirst, qu’il illustre notamment à travers deux autres œuvres majeures : la série I Feel Love (1994-1995) réalisée à partir de papillons naturalisés et la fameuse réplique d’un crâne humain du XVIIIe siècle serti de plus de huit-mille diamants, intitulée For The Love Of God (2007). Cette œuvre est aujourd’hui la plus chère jamais vendue d’un artiste vivant, pour un montant qui s’élève à cent millions de dollars.


Pendant les années 1990, Hirst s’investit dans plusieurs projets dans le domaine de la musique anglo-saxonne. Il travaille à la fois avec Blur, pour qui il réalise le clip de la chanson “Country House” (1995), et collabore avec David Bowie pour la réalisation de peintures qu’il appelle des “spin paintings” (1995). Il s’agit de grandes compositions circulaires où la peinture est projetée sur la toile et se déverse de manière aléatoire grâce à un mécanisme de rotation de la toile.


Les “spin paintings” représentent bien les prémices de l’univers visuel utilisé pour le projet Sequel To The Prequel.

La cover

Il n’est donc pas étonnant de voir une collaboration naître entre Hirst et les Londoniens de Babyshambles. Le visuel de l’album surprend par ses couleurs vives qui insufflent de la gaieté à l’univers visuel plutôt terne du groupe. Hirst réutilise le processus de création de ses “spin paintings” pour peindre les membres du groupe. Ce processus peut d’ailleurs être observé dans le clip de “Even Better Than the Real Thing (Fish Out Of Water Mix)” de U2 en 2011.


Il utilise des couleurs pleines, créant ainsi une œuvre aux airs de palette de gouache. L’artiste a travaillé à partir d’une photographie de Penny Smith (dont le travail avec The Clash a déjà été abordé dans une précédente Cover Story), dont l’original n’a jamais été divulgué. Damien Hirst a peint trois autres œuvres pour le projet Sequel To The Prequel : la couverture des singles “Fall From Grace” et “Nothing Comes To Nothing”, ainsi que celle de l’édition spéciale de Sequel To The Prequel.

Kaithleen Touplain
Historienne de l'art et passionnée de musique rock à mes heures perdues.