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Finding Forest : Week #5

La fatigue commence à se faire ressentir pour le tumultueux Forest. Et pourtant, le reste de la tournée du frenchy s’annonce toujours aussi dynamique et rempli d’anecdotes croustillantes.
 

Sans mentir : je n’ai rien écrit de la semaine… Ce mardi 14 novembre 2017, il est minuit, dans la cuisine de la mère de Seth Anderson à Hartland, dans la province du New Brunswick, Canada. J’attaque ce billet, les yeux qui ne tiennent dans mes orbites que par le nerf optique. Les muscles qui l’entourent ne répondent plus aux ordres de ce morceaux de chair qui me servait à réfléchir… Il n’y a encore que quelques heures… (certains diront qu’il n’a pas servi depuis plus longtemps que ça. Des jaloux !)
 


Photo 1 : Je n’ai pas mieux que ça pour imager ma fatigue…
 

8 Novembre 2017. Le jour se lève sur Philadelphie. On n’a en tête que de se rendre sur les marches du Musée des Arts pour faire notre pèlerinage Stalonien ! Pas trop le temps de traîner, nos hôtes partent travailler et nous avons aussi de la route à faire. Seth et moi partons de notre côté pendant que Yotam part feuner un disquaire. En arrivant sur place, on est comme des enfants devant la statue de bronze de Rocky Balboa, créée en 1981. Mince, c’est quand même dingue qu’on soit aussi emballé par le sujet 40 ans après la sortie de ce film ! Et on n’est pas les seuls. Une ribambelle de cars de touristes se vident et se remplissent à tour de rôle. On montera les marches en courant, et on lèvera les bras… comme tout le monde ! Arrivé en haut, un homme mal accoutré nous dit : “Venez voir les gars, les pieds de Rocky, c’est vraiment cool !”. On se rapproche, candides. Le mal habillé me prend mon téléphone et nous prend en photo en nous demandant du pognon pour le service rendu. Bon. Il nous demande 20$. On lui en donne 3$. Je ne sais toujours pas si je me suis fait avoir ou si je suis un génie en affaires…
 


Photo 2 : Forest et Seth sur les pas de Rocky Balboa
 


Photo 3 : Forest et Seth trouvent Rocky Balboa, 1981 par A. Thomas Schomberg.
 

En route pour Trenton, New Jersey. Le Trenton Coffee House est tenu par Abdul, une crême (sans jeu de mots). Le gars torréfie son café lui-même depuis plusieurs années dans son café (toujours sans jeu de mots). Le lieu est petit mais d’une extrême convivialité ! Il nous explique que, depuis qu’il ouvre son lieu aux concerts, la BMI (Broadcast Music Inc.) – qui équivaut à la SACEM en France – lui fait la chasse aux droits d’auteurs et le harcèle depuis quelques temps. Après s’être renseigné, il apprend que 2 points lui serait favorable pour ne plus être ennuyé par ces vautours. D’abords, il demande aux artistes de ne jouer que des œuvres originales. Deuxièmement, il a appris que les magasins de disques étaient exonérés de redevances car ils sont considérés comme des lieux de promotion musicale. Qu’à cela ne tienne, Abdul installera un bac à disques d’occasion dans son bar à café et hop ! PERCHÉ ! J’aurais aussi une discussion assez intéressante avec un couple catholique pratiquant qui me pose des questions de gens mal informé sur le sujet interreligieux en France. Raconter notre discussion me prendrait plus d’effort que je ne souhaite y consacrer, mais je dois dire que le conservatisme religieux qui dirige par la peur, quelque soit l’origine, me gêne. Et c’est peu dire. Je leur donne un cd, un hug, et un sourire. Des fois que ça leur change les idées.
 


Photo 4 : 1 – Fresque de goût, du mur du TCH. 2 – Trenton Coffee House & VINYL. 3 : Un message de paix et d’amour…. 4 : La fine équipe de la soirée, de g à d : Forest, Griffin, Dim, Joe, Yotam, Abdul et Seth.
 

Asbury Park est une ville côtière qui me fait penser à la Normandie. Une longue plage s’étend sur plusieurs kilomètres. On ira marcher pieds nus en essayant d’éviter les coquillages vides restants du repas des mouettes et, plus loin, ce qu’il reste après digestion dudit repas. Carnage sur la plage… ! Ce soir, c’est dans une Brasserie que l’on se produira. On attend 17h que le lieu ouvre. Je rentre. Le patron lave le sol. De toute évidence, il n’est pas de bonne humeur et gueule parce que je suis rentré par la porte de secours, qui devrait être fermée… Je me rends vers la scène. Un autre gars me demande avec qui je joue. Je lui dis seul, en me présentant. Il me dit : “Comment ça tu es en solo ?”/ Je lui réponds : “Comment ça… comment ça, je suis solo… ?”. Il me dit “tu n’es pas au bon endroit” et je lui rétorque : “…ah ?”. Je fais le tour du block et trouve le Asbury Park Brewery. Le lieu est vraiment cool. L’entrée se fait dans la salle des cuves. Les murs sont tapissés de posters géants de Christopher Walken, David Bowie et Paul Simonon. Les mecs ont construit une pièce isolée dans leur grand hangar de production pour y mettre un bar tout en longueur et y faire des concerts. La bière y est bonne, les gens y sont bons eux aussi !
 


Photo 5 : Seth Anderson sur la plage, ou la balade à travers la salle à manger et les toilettes des mouettes.
 


Photo 6 : Terrasse et entrée du Asbury Brewery Park. Ils sont américains.
 

On fera un bout de route après le concert pour nous rendre chez Sammy K, un vieux pote de Seth. Le gars n’est pas là mais sa copine nous accueillera à 1h du matin avec du brownie maison et une bonne tisane gingembre citron. Mon péché mignon sur cette tournée. Le Sammy arrivera à 7h du mat, rentrant lui-même d’une tournée de 3 semaines. On causera un peu avant de décoller pour Brooklyn. Ah, New York ! Je veux tout voir mais j’ai si peu de temps entre les obligations de tournée et la gestion de notre groupe de 4 personnes sur la route ne facilite pas la chose. Pas grave ! De toute façon, nos jambes nous brûlent de froid en sortant de la voiture. Le vent glacial et intempestif nous glace aussi quasi-instantanément les os et la ballade ne sera que de courte durée. Le Legion bar nous offrira refuge pendant quelques heures, en attendant de pouvoir prendre possession de l’arrière salle. On devra patienter la fin de la soirée “stand up comedy” avant de s’installer. On sera hébergé chez Craig, Mike et CJ, qui organise la soirée. Ils habitent Brooklyn South. On a tout de même 40 min de caisse plus 20 min pour trouver une place de parking… au cimetière, à 10 min de marche de l’appart. C’est grand Brooklyn… Et on a faim. J’ai envie de pâtes. Celles que je mangeais en revenant de concert tard et que ma mère avait préparé pour nos retours de tournée à 3h du mat. On passe au supermarché 24/7 pour acheter de quoi faire un petit truc vite fait. 500gr de pâtes, du fromage râpé, deux tomates et un peu d’huile d’olive pour me rappeler la maison. Mike me dira, en mangeant un mauvais sandwich vieux de 3 jours, qu’il est épaté de me voir cuisiner un plat si sophistiqué à une heure aussi tardive… Un vrai fossé culturel. Les gars nous emmènerons voir un lieux TY-PI-QUE de Brooklyn le lendemain, vraiment représentatif de la ville. Après 40 min de métro, on ira manger dans un Food Court…TY-PI-QUE ! On mangera super bien, mais il est temps de se mettre en route pour Long Island.
 


Photo 7 : 1 – Le choix du parking à New York n’est pas toujours évident. 2 – Manhattan vu de la voiture. 3 – Ce sont des panneaux ça.
 

Hugo et Maelen organisent des concerts dans leurs sous-sol dans le quartier de Huntington, Long Island. Le principe est simple, chacun apporte un truc végé ou vegan, à manger et fait une donation pour les artistes. Bonne ambiance dans la baraque, jusqu’à ce que le costaud me raconte que le sous-sol est hanté, sans doute par l’esprit d’une ancienne propriétaire qui aurait vécu ici de 1905 aux années 90. Il me raconte que ce sont surtout les femmes dans la maison qui entendent appeler leur nom et que cet appel viendrait des escaliers qui mènent à l’étage inférieur. Il ajoute que leur chienne regarde plus ou moins régulièrement en bas des marches pendant de longues minutes, dans le vide, comme si elle regardait quelqu’un… Des amis qui leur gardait la maison pendant un voyage en Floride, leur rapporte que leur fille de 3 ans semblait converser avec quelqu’un un soir, encore une fois, en bas de ces marches, et lorsque ses parents lui ont demandé qui était son interlocuteur, elle a simplement pointé du doigt une photo encadrée dans le salon d’un personnage déguisé d’un masque d’halloween bien, bien flippant… Après cette soirée d’échange fascinante, on s’est couché dans le salon, et je dois dire que j’ai dormi comme un loir.
 


Photo 8 : De g à d : Hugo, Marla, Forest, Maelen, Murphy, Seth.
 

La route de Boston est longue mais on a un jour off. On en profitera pour aller voir Cory Branan en concert au Burren. Je découvre le gars originaire du Mississippi qui jouera presque 2h. Le temps passera en un éclair. Excellent show ! Dan nous accueille chez lui. Après une bonne nuit de sommeil, il nous balladera un peu sur les traces des Maladroits, dont il se serait occupé mi-octobre, et on se rendra au Charlie’s Kitchen pour le dernier concert sur territoire américain de cette tournée. Le bar resto est dans le Harvard Square et on se rendra aussi sur le fameux Campus de Harvard, juste à côté, pour tenter de prendre une photo souvenir. Mais, il faut croire que les intellos n’affichent pas d’enseigne… On devra donc se rabattre sur celle de la librairie. C’est mieux que rien ! On rencontrera encore des gens supers ce soir. On finira dans un resto mexicain, un dernier burrito et horchatas avant de passer la frontière canadienne et rejoindre la maison mère de Seth, à Hartland, NB.
 


Photo 9 : Pas facile de faire face à la réussite…Harvard Book Store.
 

J’ai perdu quelques kilos depuis mon arrivée en Amérique du Nord, mais Marg, la mère de Seth, a bien l’intention de contrecarrer la fonte. Un bon repas fait -aison, une chambre, un lit, une douche…propre ! Je vais reposer un peu ces yeux exorbités pour ne pas faire n’importe quoi de mon set demain soir. Je vous écrirais de France la prochaine fois !
 

À la semaine prochaine si vous le voulez bien
Forest
Mercredi 15 Novembre 2017, 2h30.
 

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