Forest est de retour parmi nous, sur nos terres. Et pourtant, l’aventure est loin d’être finie pour ses amis et lui puisque sa tournée européenne débute tout juste cette semaine, avec toujours le même crédo et la même passion que la précédente. Mais quand va-t-il s’arrêter ?
Lisez ce billet en musique avec Forest Pooky.
Serrières City Rock. Village ardéchois de mon enfance, adolescence et – à vrai dire – une bonne partie de ma vie hors tournées jusqu’à présent. Il est 00h20. Dans le jargon du musicien de tournée, tant que tu n’as pas dormi, le lendemain n’est pas. Mais comme je suis en plein décalage horaire, j’ai l’impression qu’on est hier… !
Photo 1 : Serrières, 17h. Par Seth Anderson
Jeudi 16 novembre, 2h du matin. 24 heures se sont écoulées depuis que j’ai écrit les dernières ligne du billet précédent. J’ai eu le temps de dormir 10h dans le noir et silence absolu, (c’est tout à fait notable) manger un petit déjeuner composé d’une omelette au fromage, une banane, un kiwi, de l’ananas et un thé vert. J’ai pu aussi accompagner Seth chez sa sœur, rencontrer ses enfants et son chien, donner un concert, manger une pizza champignon fromage, vendre quelques vinyles et cds, encaisser le chèque de la soirée, manger à nouveau des pâtes, me doucher et m’allonger à nouveau dans ce superbe lit qui épouse parfaitement les contours de mon corps. Tout ça dans des draps propres. Ah, les petites choses de la vie qui font plaisir quoi ! Le réveil à Hartland, chez Marg, la mère de Seth, sera tout aussi doux que le précédent, à la différence qu’on part pour Québec City à 10h du mat’. La nouvelle équipe pour les deux prochains jours sera constituée de Seth, Marg, Brad (ami d’enfance du Seth) et moi. Il commencera à neiger pas mal sur la route. On arrivera tout de même sans retard au ferry qui nous fera traverser de Lévis à Québec City.
Photo 2 : 1- De la neige sur la route, je n’ai pas menti. 2- Québec City vu du ferry.
Arrivé en ville, je parle du Café Félin où j’ai passé quelques heures le mois dernier, lors de mon premier passage en ville. Marg est emballée à l’idée de manger un bout dans l’ambiance feutré et calme de ce bar qui abrite (contient ?) 9 chats. Les murs sont couverts de refuges et d’accès grâce à des planches de skateboards vissées aux murs. Il me reste du temps avant de me rendre dans les studios d’Energie pour une interview avec DJGen et Marto. On l’occupera avec une ballade dans la vieille ville. On s’arrête faire une pause dans un bar. Une scène au fond de celui-ci offre une belle image, celle d’un contrebassiste qui pète un plomb sur son instrument, du grand solo jazz, et d’un saxophoniste qui joue une note toutes les 5 minutes et qui passe le reste du temps à prendre son pied, les yeux fermés en secouant la tête. Il est l’heure de mon interview. Ces dernières en Amérique du Nord sont plutôt énergiques et très courtes. Celle-ci durera 6 minutes. Avant ça, Rudy, responsable d’une chronique sur les cocktails, me servira deux shooter de téquila qui feront frémir tout mon p’tit corps. Je retrouve la fine équipe à la Source Martinière. Un bar un peu excentré de la ville qui me donne encore l’impression qu’une bande de bikers va rentrer et envoyer de la grande baston comme dans un mauvais épisode de Hooker. Les seules qui montreront le bout de leur nez seront mes bons amis de Charlie Foxtrot, PL, Max de Carotté, les anciens Summercheers et quelques autres têtes familières ! Ça fait plaisir de revoir tout ce beau monde ! On restera au bar jusqu’à ce que cela parte en mode karaoké. Pas toujours facile de reconnaître les titres (dé)chantés (je dis ce que je veux !). On se retirera chez l’excellent Ben Carington, qui nous offrira le gîte, une fois de plus.
Photo 3 : Départ de Québec pour Montréal. De g à d, Forest, Ben, Seth, Marg.
2h30 de route. FACILE !!! On a rendez-vous avec Punk Caste, un podcast local mais on est pas mal en avance et on a tous le dallos. En quête d’un lieu peu cher dans le quartier qui propose des plats sans gluten pour les uns, veggies pour les autres, ce n’est pas toujours facile de trouver son bonheur. Ce sera dans un petit boui-boui. On est seuls…pas bon signe ? La serveuse est super énergique et nous propose tous des menus au lieu des plats simples commandés par chacun. Je fais gaffe à mon budget car il est 15h, et ce soir on nous offre le repas. Elle m’apporte une soupe. Je lui dis que je ne lui ai commandé que la pizza bambino de 8 pouces. Elle me répond : “c’est compris dans votre pizza”. C’est là que je me suis fait avoir : si elle avait dit que c’était compris dans mon “menu”, j’aurais refusé, mais elle connaît son affaire et m’a perturbé en ne disant que “pizza”. Paf, au lieu de 8, je payerai 13 dollars. Bon, la soupe était bonne. On retrouve le gars de Punk Caste dans une brasserie artisanale non loin de là. Il nous fera dire des bêtises pendant plus d’une heure. Il est temps de se rendre à l’Exode, bar étudiant au cœur du Cegep (Université) du vieux Montréal. J’ai déjà joué dans ce lieu dix ans auparavant avec les Flying Donuts. Le bassiste, Manu, n’était pas en mesure de se libérer pour faire la tournée et je l’avais remplacé en simplifiant un peu ses lignes de basse parce que franchement, il jouait beaucoup trop de notes. De bons souvenirs. Noé Talbot clôturera la soirée avec un bon set, joué entre autres, devant sa grand-mère de 95 ans, qui le verra sur scène pour la première fois. Emotion. La soirée se terminera avec Greg mangeant une poutine au Fameux. Hauts-lieux de fin de soirées et de mets gras qui font la joie des fêtards urbains.
Photo 4 : 1- Punk Cast itw avec une main et Seth. 2- Pas de tabouret convenable alors ça bricole les roues du siège de bureau. 3- La poutine veggie avec Greg Laraigné. 4- Back stage, une baudroie des abysses, tribute à Supermunk ?
Shawinigan, un lieu peu connu de nos connaissances. Seth et moi feront notre dernier concert sur ce continent ensemble, au Chenapan. Un restaurant, pub, concert. À notre arrivée, la soirée est peu prometteuse. Le lieu est complètement vide mais les patrons ont l’air super content. On nous offre à manger et à boire. L’ambiance est chaleureuse. 19h sonne, le resto se remplit d’un coup et annonce complet. Le petit espace est plein à craquer, les cuisines s’affolent et nous, on décampe vite fait de cette cacophonie. La sono n’est toujours pas là alors on va sortir faire un tour pour visiter Shawinigan by night. Bon, on fera le tour du bloc et comme on se les gèle sévère, on ira se réfugier dans une station-service pendant une bonne vingtaine de minutes. On chantera un peu en faisant des percussions avec des boites de pâtes. Retour au Chenapan, et le concert commence. Pas facile de jouer pour un public qui mange dans la franche rigolade. Ça cause fort, ça rit fort, alors il va falloir passer au-dessus de tout ça et s’imposer un peu. Excellente soirée. On rentrera dans la nuit sur Montréal, très lentement car la pluie verglaçante s’est ajoutée au menu. Le plus gros de la route se fera à 60km/h. C’est long. Très long. Mais se planter sur le retour de la dernière date avec une bagnole qu’on nous a prêté n’est pas une option.
Photo 5 : Le chenapan de Shawinigan. La scène est au fond. La sono n’est toujours pas arrivée.
Le départ de Montréal est proche. J’ai rendez-vous ce dimanche matin avec Rudy, un pote avec qui j’ai joué au rugby pendant mon adolescence. On ne s’est pas vus depuis 15 ans. Quand j’arrive au restaurant pour le brunch, il est déjà là. Il m’explique qu’il s’occupe des sans-abris qui ont de gros problèmes d’addiction et qu’il s’entraîne au rugby depuis qu’il est arrivé. On échange un moment sur les souvenirs, on prend des nouvelles de potes en commun. Je ne suis pas déçu. Cela peut-être dérangeant de revoir de vieilles connaissances parfois. J’ai eu l’impression qu’on s’était vus la veille. Retour chez Greg pour préparer ma valise. J’ai tellement de bordel…surtout du merch. J’en avais 10 fois trop mais étant donné que c’est la vente de disques et de textiles qui me font manger, je ne veux pas en manquer. J’en fais des excès du coup. Départ pour l’aéroport, Greg nous y déposera et ce sera un au revoir ému, encore une fois. Je quitte Seth pour quelques heures. Nous prendrons des vols différents pour Paris. Un voyage scolaire de 44 enfants seront avec moi en cabine. Plutôt cools les gamins. Les accompagnateurs avaient un peu peur du vol de nuit mais tout le monde a pu dormir. Sauf moi. Je suis vraiment nul pour dormir dans les avions. Je retrouve Spike McGuire et Seth Anderson à la gare TGV de l’aéroport CDG. L’équipe du Folk Machine tour est réunie pour la tournée européenne !
Photo 6 : 1- Pas facile de tout faire rentrer dans la valise. 2- The Folk Machine team à la descente de l’avion. De g à d, Forest Pooky, Spike McGuire et Seth Anderson.
Après un voyage de 7h d’avion, 3h de train et 10 min de voiture, nous voilà enfin à Serrières. On y est accueillis par Trint et ma mère, qui aura préparé un gratin dauphinois sans oignon. Seth ne digère pas l’oignon. Les nord-américains se régaleront de pain et de fromages non pasteurisés accompagnés d’un petit verre de vin rouge. Ah, je suis tout aussi ravi après un mois outre Atlantique de manger de tout ça. Chacun dormira entre 14 et 18h d’affilées. On est tous épuisé avant même d’attaquer ces 26 dates en 26 jours, mais après cette longue nuit, l’excitation reprend le dessus ! Mike Noegraff joue à Lyon ce soir. On y fera un crochet pour le voir…ranger sa guitare et nous annoncer qu’il vient de terminer. Il va falloir qu’on s’améliore de suite sur les timing… Retour au bercail pour dormir encore un peu. C’est contagieux le sommeil ?
Photo 7 : La fatigue nous frappe tous. De g à d, DeeDee, un bout de la tête de Seth, un plus gros bout de la tête de Ed Scientists.
The Folk Machine est un concept de tournée que j’ai commencé pour la première fois en 2015 lors de ma première tournée aux USA. Cette édition européenne sera la seconde, et je suis impatient de pouvoir présenter à tout le monde les talents de Seth et Spike ! Demain, la première date sera difficile avec le décalage horaire encore pesant mais, on fera tout de même le meilleur concert de nos vies !
À la semaine prochaine si vous le voulez bien.
Forest
22 novembre 2017,
2h25.