AFI – Burials

A Fire Inside. Un groupe qui a muri au fil des années, passant d’un hardcore californien à la Misfits pour évoluer vers un rock emo goth à succès. Après un virage beaucoup plus rock alternatif/beat pop des années 80 avec “Crash Love” (2009), l’heure est venue pour la formation de se réconcilier avec son penchant rock sombre, aussi bien musicalement que lyriquement, en revenant avec son neuvième album, intitulé “Burials”, vaguant entre poésie émotionnellement passionnée et poésie menaçante.

L’effort débute sous les fûts grondants d’Adam Carson et les cordes tremblantes de Jade Puget et Hunter Burgan avec “The Sinking Night”, une intro à l’ambiance presque cinématographique, laissant place à la voix intense et captivante de Davey Havok sous fond de reverb. S’enchaîne le premier single de l’opus, “I Hope You Suffer”, s’ouvrant de manière magistrale. Batterie, guitares, instruments à vent, piano… tout y est. Le disque commence fort avec ce qui sera l’une des meilleures pistes de l’ensemble, mise en valeur par un frontman lyriquement vicieux et enragé. Résonne alors “A Deep Slow Panic”, une chanson très britpop. Remplacez Havok par Robert Smith et vous obtiendrez un titre de The Cure ! Plus loin, “17 Crimes” : un aspect pop qui demeure, mais qui est beaucoup mieux maîtrisé, une mélodie farouchement entraînante, un refrain qui accroche et reste en tête… résultat garanti. Cependant, le chant passionné et captivant du frontman sera porté disparu dans des morceaux tels que “The Conductor” ou “Rewind”. L’ambiance stagne quelque peu, mais sera finalement retrouvée dans “The Embrace”, titre plus posé que ses prédécesseurs, mais tout aussi puissant. L’émotion est enfin de retour… du moins pour une chanson, car s’enchaîne la très enjouée “Wild”. Energie et dynamisme, voici ce que seraient les deux mots clés pour ce mélange de bon gros rock et de pop outrageusement légère, pimentée par des touches d’électro. L’écoute suit son cours et vient alors “Greater Than 84”, ou quatre minutes d’un son alliant le AFI old school avec sa version 2013 et de multiples changements de tempo, empêchant l’auditeur de se lasser. L’album se conclut déjà sur “The Face Beneath The Waves”, une mélodie percutante. AFI a toujours excellé dans l’art de créer une atmosphère troublante, et ce dernier titre, reflétant parfaitement la douleur et le chagrin, confirme la règle, entrainant alors une dernière fois l’auditeur dans un voyage transcendant.

C’est avec un album très bien produit et à l’atmosphère mélodramatique hypnotisante que les californiens font leur comeback et se réapproprient leur place de groupe clé de la scène alternative, toujours avec une touche propre à AFI. “Burials” ne vaut pas un bon vieux “Decemberunderground” (2006) de l’époque coiffures de corbeau et maquillage à outrance pour Davey Havok, mais propose cependant quelque chose de nouveau, et de majoritairement très agréable. Plusieurs écoutes sont cependant nécessaires pour apprécier cet opus à sa juste valeur, mais ignorez les tracks les moins convaincantes et vous vous retrouvez alors avec un album du tonnerre, explorant de nouveaux horizons tout en ravissant les fans de la première heure.