Angus And Julia Stone – Angus And Julia Stone

Il y a de ça quatre ans, “Big Jet Plane”, le plus grand succès des australiens, enchantait les radios du monde entier. Quatre années durant lesquelles les deux musiciens, frère et sœur, ont tourné partout dans le monde, afin de défendre purement et simplement l’album “Down The Way” (2010), puis se sont épanouis avec des projets solo (pour Julia Stone, “By The Horns” en mai 2012 et pour Angus, “Broken Brights” en juillet 2012) et se sont retrouvés en studio tous les deux une nouvelle fois, malgré un hiatus passé. Aujourd’hui, Angus & Julia Stone reviennent main dans la main avec un tout nouveau CD éponyme enregistré à Malibu et produit par l’unique Rick Rubin, producteur entre autres de Jay-Z, Linkin Park et Metallica et fondateur de Def Jam Records. Rien que ça.

Dès le morceau d’ouverture, “A Heartbreak”, au rythme prononcé (pour du Angus & Julia Stone) et aux sonorités folk communes pour la formation, le plaisir et l’impatience de réentendre les voix à l’unisson de la fratrie ressortent tout particulièrement. Certes, l’ambiance mélodramatique est toujours de rigueur, mais la douceur et toute la sincérité de ces deux humains s’imposent comme logique, constamment avec ce sentiment d’interdépendance et de liberté entre les deux chants. On retrouve par ailleurs cette élégance musicale tout au long de l’essai entre “Heart Beats Slow” et ses couplets tout en question/réponse ou encore “Death Defying Acts” et son couplet légèrement rappé. Cependant, il se contraste vite, à travers quelques chansons écoutées, qu’un musicien semble plus s’exposer qu’un autre à tour de rôle, ramenant parfois même à la frontière trouble entre les projets solo passés et le présent. Il est bien sûr évident que de chanter en harmonie à chaque occasion possible n’apporte pas grand-chose, mais certaines fois, ce manque apparaît vite comme frustrant. De plus, la guitare folk, si fortement symbolique, se laisse souvent vite submerger par des artifices de guitare électriques, non à décrier, laissant les bases originelles un peu sur le bord de la route. Le groupe a évolué, quitte à s’éloigner intérieurement, et s’immisce désormais dans un autre registre plus rock indé ou l’on ne l’aurait pas attendu. Ce renouveau des deux membres de famille côte à côte n’est donc pas le retour d’un style, mais principalement celui de deux belles voix en parfaite cohésion, ce qu’attend un public avide de nouveaux frissons. Peut-être que le conflit passé est toujours d’actualité ou émerge une volonté du producteur de casser les codes du combo afin de présenter une nouvelle image d’Angus & Julia Stone ? Toujours est-il qu’il y a bien évidemment du bon à écouter dans l’ensemble pour les plus curieux comme le montre la petite guitare acoustique de “From The Stalls” et son refrain enchanteur, la rustique et humble “Wherever You Are”, ou encore “Get Home” dans laquelle Angus excelle dans son style. “Little Whiskey” se montre même plus enragé que la plupart des morceaux, avec une batterie plus accès rock indé plus qu’acceptable dans la situation. De véritables évolutions relativement positives qui auront un impact certain en live, cassant l’atmosphère un tantinet lent qui peut parfois en ressortir.

Pour la première fois, le groupe a pleinement composé tous ces titres ensemble (moyennant un certain harcèlement de la part du producteur évidemment) et s’évade avec de nouvelles compositions toute fraîches, parfaites pour conduire des heures dans la nuit vers une destination inconnue. Bien que la voix de Julia semble se faire une belle jambe face à celle de son frère, bien plus contrôlée et assidue, on ne lui en portera pas préjudice vu le beau résultat de certains titres débordant d’émotions et d’accessibilité. Angus & Julia Stone sont de retour, transformés, mais à la fleur de l’âge, avec un album bien plus influent qu’il n’y parait.