Arcane Roots – Heaven And Earth

Valeur sûre du rock progressif anglais, Arcane Roots n’a depuis ses débuts que très peu déçu. Portée par trois solides EP, dont “Left Fire” (2011), et un premier format long, “Blood & Chemistry” en 2013, la formation a, en huit ans de carrière, déjà eu l’occasion de parcourir quelques kilomètres dans de nombreux pays, aux côtés de bêtes de scène tels que Muse, Biffy Clyro ou Enter Shikari. Elle a également réussi à faire accepter son style et son art à l’aide de performances scéniques réellement saisissantes et vivantes, élevant les trois amis au grade de phénomène à suivre. Un gage de qualité qui ne laissait entrevoir que du bon concernant le futur des Britanniques, qui se sont récemment vus offrir un contrat de choix chez Easy Life Records/Sony Music. Enfin, dans le but d’officialiser cette signature et d’entamer ce nouveau chapitre de sa vie, le trio a décidé de sortir “Heaven & Earth”, son quatrième format-court enregistré au Stakeout Studios de Hampton (We Are The Ocean, Don Broco, Fightstar).

Depuis près d’une décennie, les membres d’Arcane Roots nous ont habitué à des riffs de guitare très techniques, parfois dissonants, qui apportent de la profondeur au contenu et qui défendent valeureusement le math rock anglais. Andrew Groves, chanteur et unique guitariste de la troupe, s’improvise depuis toujours prodige de l’instrument à six cordes et vocaliste tout aussi performant, accompagné par deux compères énergiques. La sortie de nouvelles compositions de la part du trio d’Outre-Manche engendre donc son lot d’excitation, comme lors de l’écoute du premier single de l’EP, “If Nothing Breaks, Nothing Moves”, piste d’ouverture féroce et expéditive dans la lignée des travaux déjà rendus. La force y est intacte, le texte symbolique et on y retrouve différentes atmosphères dissociables et complémentaires : somme toute, un rock progressif et expressif clairement identifiable comme le genre de prédilection des musiciens. Un démarrage, soit, sur les chapeaux de roue qui, cependant, se retrouve vite nuancer par la suite des événements.

“When Did The Taste Leave Your Mouth” et “Leaving” tombent rapidement dans les facilités rythmiques et se dissimulent sous quelques sonorités plus accessibles, loin des excentricités passées et encore plus éloignés du démonstratif habituel. Ces morceaux sont principalement portés par une production minutieuse mais aussi par les maîtrises vocales de Groves et d’Adam Burton (basse), offrant quand même quelques refrains fédérateurs. Ceci dit, attention : qui dit moins d’expérimental ne veut pas dire forcément “soupe radiophonique”, car avec Arcane Roots, même le mot “simplicité” reste à justifier par l’idée d’un contexte moins apte aux attaques de guitare et plus sur la défensive. Un changement de tactique qui n’a pas lieu d’être au vue de l’ascension continue du combo depuis son premier essai. Fort heureusement, la troisième et dernière étape de “Heaven & Earth”, mêlant l’hargneux “Slow Dance” et le somptueux “Vows & Ceremony”, donne raison du savoir-faire et de la dextérité des instrumentistes, avec des accords dignes d’un post hardcore pour le premier et une harmonie guitare-basse-batterie pour le second. Un final en apothéose qui se paye même le luxe d’une outro cachée, “Enchanted By The Light”, amenant piano, guitare et voix au centre des préoccupations sous une forme naturelle. Un plus à ne pas négliger compte-tenu du peu de pistes présenté ici.

Pour un premier pas dans un nouveau système, Arcane Roots sauve les meubles avec un ensemble dans la lignée de ce qu’il nous a déjà proposé. Du moins, un résumé bref qui condense du mieux que possible et dans un temps imparti ce que les Anglais savent faire de bon, quitte à mettre de côté quelques informations importantes (aka la solitaire “Over And Over” qui n’appartient finalement pas à l’EP). Ici, “Heaven & Earth” n’est donc ni le plus brutal, ni le complexe des disques du trio, mais un témoignage convaincant d’une formation qui se renouvelle, qui continue de monter et qui devrait sortir un second disque courant 2016.