Arctic Monkeys – AM

Il y a de cela dix ans, les Arctic Monkeys enflammaient les ondes avec leur rock sauvage et juvénile made in England. Désormais les kids de Sheffield se mettent à la sauce U.S et ce n’est pas pour déplaire. Leur cinquième album, nommé “AM” a été produit par James Ford (Simian Mobile Disco) et co-produit par Ross Orton, sans oublier la participation de Josh Homme (Queens Of The Stone Age) ou encore le batteur d’Elvis Costello, Pete Thomas. Mais il y a une autre influence notable sur cet opus, qui est encore plus éloignée de leur influence habituelle : le son de la Motown; une sorte de croisement hybride entre Queens Of The Stone Age, le glam rock des 70’s et N.E.R.D.

Histoire d’amorcer doucement son tournant, la bande d’Alex Turner commence avec “Do I Wanna Know?”, un mastodonte broyant tout ce qui passe sur un claquement de main, Jamie Cook lance ses riffs par vague et les chœurs hypnotisent. “R U Mine?” renverra directement à l’inégalable “I Bet You Look Good On The Dancefloor”, un rock à la basse frénétique et à la batterie explosive. “One For The Road” et plus loin “Why’d You Only Call Me When You’re High?” jouira de beat rythm’n’blues et hip hop tandis que les guitares se déchaineront sur “I Want It All”, un pur glam rock décomplexé. Afin de souffler un peu entre les riffs frénétiques, les ballades “No. 1 Party Anthem” et “Mad Sounds” apportent une douceur cotonneuse agréable, d’un coté le piano scintillant, et de l’autre, Alex Turner à la fois chaleureux et désinvolte. Le piano réapparaitra dans une ambiance nettement plus funky. De “Snap Out Of It” à “Knee Socks”, les guitares se la jouent disto sur des airs disco proche du rock FM des 80’s. “Fireside” prouvera que, même dans un rock qui sent bon le désert et les pétoires, les Arctic Monkeys restent maître à bord. “I Wanna Be Yours” conclut parfaitement l’album, aérien et touchant, les textes, écrits par le poète écorché John Cooper Clarke, muent dans la voix d’Alex Turner pour en faire un Lou Reed qui s’ignore.

Les Arctic Monkeys font partie des groupes qui, même s’ils font de la country, ils feront toujours du Arctic. Pour “AM”, tout a changé, évolué, la musique est dansante sans être réellement excitée pour autant et Alex Turner a troqué son débit de mitraillette pour un rythme plus lent, qui met en avant son timbre de crooner. Il y a dans ce disque une profondeur – une volonté d’expérimenter, un refus d’être catalogué – qui récompense lorsqu’on lui accorde une écoute répétée. L’album le plus intéressant des Arctics Monkeys, une seul question réside : que faire après ?