Billy Talent – Afraid Of Heights

Quatre ans après “Dead Silence” ayant mis fin à la saga d’albums lancée par le groupe en 2003, les Canadiens de Billy Talent tracent leur route avec “Afraid Of Heights”. Second disque exclusivement produit par le guitariste Ian D’sa, ce cinquième essai est également le premier enregistré sans le batteur Aaron Solowoniuk, obligé de mettre de côté sa carrière des suites d’une sclérose en plaques et remplacé pour l’occasion par celui de Alexisonfire et Say Yes, Jordan Hastings.

On se rappelle avoir connu Billy Talent avec sa phase punk rock sale et aiguisée, un style ayant permis au groupe de se faire signer sur une major qui ne les lâchera pas de ci-tôt, de se faire une renommée internationale et de défendre le rock sur les routes du monde entier. Aujourd’hui, les quadragénaires semblent s’être légèrement calmés avec “Afraid Of Heights”, tout en ayant gardé la volonté de représenter la partie visible du rock dans le monde, avec une production somme toute moins rentre-dedans et une sélection de titres gentillets sur les bords. Le tout, bien évidemment, avec le son et la touche Billy Talent.

A côté des puissants “This Is Our War” et “Big Red Gun”, vraisemblablement taillés pour les performances live, “Afraid Of Heights” renferme à part égale des mélodies plus léchées et aux riffs moins affûtés, à l’instar du single éponyme, “Louder Than The DJ” et “The Crutch”. Des chansons qui, dans leur globalité, font mouche. Car en somme, la première moitié du disque, mis à part la piste d’ouverture, peine à se faire entendre et à sortir du lot, en comparaison de la seconde où l’efficacité et la créativité sont de rigueur. Qu’ont donc à envier “Leave Them All Behind” et le Muse-friendly “Horses & Chariots” du reste de l’ensemble ? Sûrement peu de choses, voire le néant.

D’autant plus qu’avec cet essai, Billy Talent n’est que peu sorti de sa zone de confort, restant sur des acquis qui finiront tôt ou tard par lasser. Le discours punk ici persiste mais tend à s’effacer brièvement tandis que les stratégies de composition restent les mêmes, comme s’il était difficile de laisser le passé qui les hante de côté. Attention cependant, loin de là l’idée que l’opus soit dans l’ensemble mauvais – il est même foncièrement passable -, mais il manque sérieusement de patate, de rythme et d’une furie correspondant plus aux Canadiens.

“Afraid Of Heights”, l’album à éviter ? Les avis divergent. Quoi qu’il en soit, Billy Talent reste l’un de ces groupes brisant les frontières tout en offrant au paysage musical mondial une once de nuance. Et même si ici l’essai n’est pas forcément transformé, on ne peut ôter au quintette cette volonté d’assumer une étiquette et un rôle depuis plus de vingt ans.