Chroniques

Bullet For My Valentine – Venom

Bullet For My Valentine est sans doute l’un des groupes qui a le plus marqué les amateurs de heavy metal/metalcore de la moitié des années 2000. Incontournables des playlists du genre, notamment pour les adolescents qui trouvaient dans leurs textes et musiques un certain moyen de se libérer et se défouler, ils ont cependant perdu leur légitimité dans le milieu en 2013 avec leur dernier album “Temper Temper“, un opus plutôt insipide. Dix ans après “The Poison” (2005), l’essai qui les a hissé au top, la formation revient avec son cinquième effort studio intitulé “Venom”. Anecdotiquement, la pochette présente d’ailleurs un “V”, que l’on peut lire comme le chiffre romain “cinq”. Sorti le 14 août 2015, l’opus est présenté comme un retour au sources, comme le laisse présager son nom. Espérons que celui-ci ne nous empoissonne pas en l’écoutant.

Le disque débute par une courte introduction, simple mais efficace, qui plonge directement dans l’ambiance générale : certaines forces qui renaissent, doucement, mais sûrement. Voilà ce qu’est sans doute “Venom”. Comme pour un venin, le temps est nécessaire pour que ce dernier soit efficace. Cela signifie d’une part l’écouter plusieurs fois pour l’apprécier, et d’autre part le considérer comme le début d’une nouvelle ascension, comme le “V”. Les musiciens sont partis de haut, ont chuté, et remontent progressivement, parce qu’ils ont succombé au péché de la popularité. Mais ce n’est pas le serpent qui se mord la queue ici, la boucle est brisée, et s’ils se sont musicalement perdus un moment, ils relèvent aujourd’hui la tête, en regardant en arrière ce qui était bon pour eux, afin d’avancer.

En effet, “Venom” nous propose des pistes assez semblables à ce qu’ils avaient l’habitude de nous proposer lorsqu’ils étaient au summum de leur carrière, comme s’ils avaient pris conscience que quelque chose s’était perdu. Sans doute le départ de Jason “Jay” James y a été pour quelque chose, et l’arrivée de Jamie Mathias a alors été l’occasion de recommencer les choses. Le format général des chansons est assez classique, il y a les bonnes vieilles formules, que ce soit les riffs, la batterie, ou le chant. Matt Tuck nous offre une performance forte et délicieuse pour les oreilles des fans de la première heure, son chant semble parfois manquer de profondeur, et être un peu forcé. Mais le reproche majeur à formuler reste tout de même la qualité des paroles, qui restent bloquées dans le passé. Matt n’est plus un enfant, il est adulte désormais, et cela suffit à discréditer des paroles d’adolescent mécontent, assez classiques qui plus est, qu’il nous offre. En réalité, l’ensemble donne l’impression d’être écrit pour les fans qui ont grandi avec leur musique. Du fan service, en d’autres termes. Évidemment, il n’y a rien de désagréable, bien au contraire, mais le tout peut donner un sentiment de surfait, de forcé, ce qui a pour résultat de donner des morceaux forts, impeccables dans l’ensemble, mais dont on ne ressort rien. Les pistes ne portent pas aux tripes, le poison ne se loge pas au point de garder les morceaux à l’intérieur de soi et de s’en inquiéter régulièrement.

Malgré tout, et comme mentionné précédemment, les chansons sont efficaces, et dénotent du talent du quatuor, qui sait exactement quoi proposer, et montrent qu’ils ne se sont pas entièrement perdus avec “Temper Temper”. Avec “Venom”, BFMV sauve les meubles par rapport à son précédent échec, mais ne dépasse pas pour autant les précédents disques. Matt, Padge, Jamie et Moose n’offrent rien de vraiment nouveau, et c’est ce que nous pourrions peut-être regretter le plus. Quelques morceaux, comme “You Want A Battle? (Here’s A War)” apportent un peu d’épique au tout, sans être transcendants, bien qu’il convienne de relever “Army Of Noise”, plus punchy, plus moderne que les autres, poussant instruments et voix au maximum. La plupart de leurs fans ont grandi eux aussi, et certains auraient sans doute espéré un album plus mature, tout en restant emprunt de l’identité de Bullet For My Valentine.

Quoi qu’il en soit, “Venom” fait du bien, et décrasse un bon coup, ce qui est loin d’être désagréable, sur ce point, les Gallois nous offrent un bon essai qui pourra satisfaire sûrement les oreilles des anciens fans, et pourra conquérir de nouveaux cœurs. Le soucis reste qu’ils nous proposent le même album qu’en 2005, sauf que nous sommes en 2015. Un bon espoir quant à ce qu’ils sont encore capables de faire, mais à voir jusqu’à quel point ils remonteront la pente du “V”, et à quel point le venin agira pour les rendre à nouveau indispensables à toute bibliothèque musicale qui se respecte.

Informations

Label : RCA Records / Sony
Date de sortie : 14/08/2015
Site web : bulletformyvalentine.com

Notre sélection

  • Worthless
  • Army Of Noise
  • Skin

Note RUL

4/5

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