On l’avait quitté sur le toit du monde. L’univers entier de la pop à ses pieds, Florence et sa machine décidait de prendre le recul nécessaire avant de livrer une troisième galette forcément attendue au tournant, maintenant que le groupe remplit des stades. Trois ans après “Ceremonials”, “How Big, How Blue, How Beautiful” débarque pour nos oreilles et non sans inquiétude après la fade participation du groupe à la B.O de “Blanche Neige” ou encore ce featuring pas de très bon goût avec Calvin Harris. Qu’en est-il vraiment de ce nouvel album qui s’annonce plus lumineux que jamais ?
Plus orchestral et grandiloquent que jamais, “Ceremonials” (2011) avait imposé la pop majestueuse de Florence + The Machine à la face du monde grâce à des mélodies savoureuses, des orchestrations ambitieuses et une voix reconnaissable entre mille. Pourtant, ce “Ship To Wreck” débute cet opus de la manière la plus simple qui soit : tempo rapide, guitare sèche et batterie naturelle, Florence pose sa voix sans trop en montrer. Pop song aux relents de rock FM des années 80, “Ship To Wreck” surprend pour la rupture qu’il opère avec le précédent essai. Et cette rupture se confirme avec “What Kind Of Man” et son riff de guitare résolument rock. Sur ce début d’essai, Florence traine son spleen en puissance et s’attaque de la manière la plus directe qui soit à nos tympans. La pénétration se révèle très simple dans ce disque tant les premières chansons sont dénuées d’orchestrations mais pas d’ambitions. Les gimmicks sont moins présents, mais les émotions plus accessibles. Le travail de composition évolue cependant dans un premier vers la chanson titre de l’album, “How Big, How Blue, How Beautiful”. Bien plus lunaire et atmosphérique, on quitte petit à petit la terre pour atterrir lorsque le rythme s’accélère à nouveau. La Florence de “Lungs” (2009) refait surface autour de cette chanson dont les orchestrations restent légères, suffisantes pour embellir les mélodies d’une chanson brillamment construite. Le tout pour arriver sur le chef d’oeuvre de l’ensemble : “Queen Of Peace”. Extrêmement mélancolique, la quatrième piste du troisième album de Florence + The Machine saisit l’essence de l’incroyable talent de cette formation hors du commun. Les mélodies s’enchainent, malmenant nos sens et nos émotions sans pour autant que ce soit désagréable. Le refrain nous reste en tête, au même titre que ce pont délicieux durant lequel les cuivres permettent à ce morceau de s’envoler une bonne fois pour toute. Et puis patatrac ! Après avoir atteint l’orgasme en un quart d’heure, la descente est vertigineuse. Maman débarque dans la chambre et annihile toutes autres opportunités de décoller à nouveau. Non pas parce que le combo se bride, mais uniquement parce que les idées ne sont plus là. Les chansons gardent constamment ce mid tempo ennuyant au possible, Florence use des mêmes lignes de voix tout au long des chansons, si bien que parfois on a le sentiment d’écouter les réalisations précédentes (“Caught”). Si le groupe pioche dans des influences, certes plus diverses que sur les albums précédents, ce n’est pas forcément une bonne idée. Un ersatz de Feist est évoquée sur “Third Eye”, pendant que “Mother” et ses guitares 70’s nous permettent d’atteindre le sommet de la mièvrerie.
Si cet opus peut se révéler sur la durée, il est compliqué de le ranger dans la case déception et encore plus compliqué dans la case réussite pour le moment. Franchement inégal, la rupture s’opérant entre les deux parties de cet essai est bien trop brutale pour prolonger le plaisir de l’écoute. On se concentrera sur cette première moitié extrêmement rafraichissante dans la discographie de Florence tout en espérant qu’elle puisse magnifier cet album en live. Vu le talent de la formation, il ne fait aucun doute que ce “How Big, How Blue, How Beautiful” bénéficie d’une seconde vie plus réjouissante sur la durée que la première.
Informations
Label : Universal Music / Maison Barclay
Date de sortie : 01/06/2015
Site web : www.florenceandthemachine.net
Notre sélection
- Queen Of Peace
- How Big, How Blue, How Beautiful
- Various Storms & Saints
Note RUL
3/5