Garbage – Strange Little Birds

Le 24 mai, Garbage lançait à Reims sa tournée mondiale pour la promotion de “Strange Little Birds”. Quelques chanceux avaient alors le plaisir de découvrir en avant-première les nouveaux titres de la formation. L’attente était grande, puisque cela faisait quatre ans que Shirley Manson et ses acolytes avaient produit leur dernier effort studio “Not Your Kind Of People” (2012). Quelques semaines plus tard, le 10 juin, la nouvelle galette du groupe arrive enfin dans les bacs.

Depuis plusieurs semaines déjà, la chanteuse indique dans les interviews que “Strange Litte Birds” est un véritable voyage dans le temps. “Je trouve, étonnement, que cet album a beaucoup plus de choses en commun avec notre premier disque que tous les autres. On l’a abordé avec l’état d’esprit d’un débutant. Cela était possible en partie parce que nous n’avions à rendre des comptes à personne” (NME). Déclarations qui semblaient confirmées par le premier single “Empty” sorti fin avril qui effectivement n’aurait pas fait tâche s’il était paru en 1995 sur l’éponyme “Garbage”.

Pour ce qui est des autres morceaux du disque enregistré dans la cave de Butch Vig et aux studios Red Razor Sounds (Los Angeles), il est vrai que bon nombre de chansons se placent dans cette même veine. “Blackout”, titre au rythme pénétrant, mixant un rock obscur et torturé avec des airs plus pop plus légers, peut être cité ici. Mais il y a aussi sur “Strange Little Birds” des chansons plus calmes et cotonneuses telles que “If I Lost You” ou “Teaching Little Fingers To Play” qui se rapprochent de “#1 Crush” (B.O. de “Romeo Et Juliette”, 1997). Par ailleurs, l’influence des compositions plus récentes de Garbage est également palpable sur le disque. “Magnetized” et “So We Can Stay Alive” sont dans la lignée des compositions sorties après le virage électronique du quatuor exploré dès “Version 2.0” (1998). De la même manière, “We Never Tell” ressemble plus aux compositions pop légères de “Beautiful Garbage” (2001).

Au-delà des liens de filiation entre ce sixième effort studio et les essais précédents, ce qui marque l’écoute des morceaux est leur capacité à générer des atmosphères. “Sometimes”, chanson d’ouverture, crée une ambiance lugubre et éveille un véritable sentiment d’oppression avec ses pulsations qui reviennent sans cesse. Le torturé “Even Through Our Love Is Doomed”, magnifiquement servi par la voie basse et retenue de la chanteuse quasi quinquagénaire, dégage pour sa part une sensation de résignation (pour ne pas dire de désespoir) avec un rythme de plomb dans une atmosphère voluptueuse. “Night Drive Loneliness” est quant à lui carrément planant. L’amour, l’espoir, le changement, la violence, font partie des thèmes qui ont inspirés les textes de “Strange Little Birds”.

S’ils sont plutôt classiques pour le groupe, la frontwoman qui avoue avoir toujours eu du mal à s’investir en personne dans des chansons (d’amour en particulier) est beaucoup plus impliquée cette fois. Comme l’indique elle-même, “If I Lost You” est la chanson la plus intime qu’elle n’ait jamais écrite. L’artwork dévoilé en mars dernier nous laisse à penser que les étranges petits oiseaux n’ont pas de plumes roses. Ces dernières, sur lesquelles apparaissait l’initiale du groupe il y a vingt ans, ont laissé leur place à un fond vert au milieu duquel on retrouve le traditionnel “G”, agressif cette fois, en forme de patte de léopard toutes griffes dehors.

Connu et reconnu pour avoir toujours été force de proposition et à l’initiative de nouveautés dans leurs albums, avec “Little Strange Birds”, Garbage est peut-être un peu moins dans la création. Néanmoins, parmi les onze chansons de cet ensemble, les fans nostalgiques des 90’s comme les adeptes de titres plus électro des années 2000 pourront trouver des morceaux qui feront leur bonheur et qui correspondent bien au Garbage qu’ils ont pu apprécier par le passé.