Ghost – Meliora

Ghost a largement fait le buzz ces dernières années, notamment par son imagerie et le fait que ses membres soient “anonymes”. Mais si aujourd’hui le groupe fait autant parler de lui, et semble enfin avoir la reconnaissance qu’il mérite, c’est principalement dû à la qualité de sa musique. Car oui, inutile de faire durer le suspens, ce troisième opus des Suédois est bien la claque attendue, et risque bien de les propulser sur le devant de la scène dans de nombreux pays.

Là où “Opus Eponymous” (2010) avait posé les bases d’un son et d’un univers bien propres à la formation, et où “Infestissumam” (2013) avait continué sur cette lancée, “Meliora” semble tout simplement surpasser le tout par sa classe et sa maturité. Car même si le cliché pourra faire sourire, nul doute que ce troisième album est celui de la maturité pour les six Suédois. Dans le sens où on sent que la bande est enfin parvenue à ce qu’elle a toujours souhaité créer, en toute liberté, et en assumant totalement son propos. Peu importe les détracteurs et les sceptiques, Ghost a créé son univers, certes un peu cliché aux débuts, puis l’a développé, pour en arriver aujourd’hui à un ensemble pleinement cohérent.

S’affranchissant des éléments les plus kitschs présents dans certaines chansons des premiers essais, Papa Emeritus III et ses Nameless Ghouls livrent ici des morceaux aux sonorités classiques, mais étonnamment modernes et originales, et surtout travaillés et pleinement maîtrisés. “Meliora” est également bien plus varié et osé que ses prédécesseurs. Prenez simplement “He Is” et “Mummy Dust” pour vous en convaincre. L’un, tout premier titre à avoir été écrit par le combo, voit enfin le jour et s’avère être une sorte de ballade hippie : un régal. Tandis que l’autre, très visuel et oppressant, pourrait être la bande son d’un court métrage des plus inquiétants. En bref, il y en a pour tout le monde dans cet effort : des morceaux “classiques” pour Ghost qui raviront les fans de la première heure (“Majesty”), et d’autres plus innovants qui raviront les curieux et les plus ouverts.

Quant à la pochette, qui mérite au moins une ligne, elle est encore une fois de toute beauté, surpassant même les deux précédentes qui étaient déjà de véritables oeuvres d’art. Si une critique et une seule devait venir entacher l’enthousiasme vis à vis de cet ensemble, ce serait sa durée, trop courte. On aurait clairement bien repris un morceau après “Deus In Absentia”, même si il faut bien admettre que son final est parfait.

Ce “Meliora” s’avère donc être largement à la hauteur des attentes, et Ghost atteint aujourd’hui un statut de groupe incontournable. Les détracteurs seront toujours là pour dire qu’il ne s’agit que de buzz, mais nous avons clairement affaire à une formation qui maîtrise son propos et assume pleinement sa musique, son image, et son univers. Le tout est on ne peut plus cohérent, et donne une fraîcheur revigorante et passionnante à une industrie musicale qui a trop souvent tendance à tourner en rond ces derniers temps. A noter enfin que Ghost sera pour la première fois en tournée en tant que tête d’affiche en France fin novembre/début décembre pour quatre dates, à ne pas manquer !