L’année 2017 signe la fin de l’hibernation pour les Américains de Grizzly Bear. L’un des plus gros et grands noms de la scène indépendante US du tournant des années 2000/2010 est de retour avec un cinquième essai qui aura demandé près de deux années de composition et d’enregistrement et une bonne dose de volonté pour se remettre au travail après une longue tournée mondiale exténuante en 2012-2013. Cinq ans après le très réussi “Shields”, le quatuor revient donc de loin, heureusement plus en forme que jamais.
Les quatre musiciens disent avoir trouvé une meilleure cohésion de groupe à l’occasion de la composition de leur nouvelle production, et on les croit sur parole. “Painted Ruins” sonne en effet comme leur album le plus spontané et entraînant, à l’image du single “Mourning Sound” et de la beatlesesque “Losing All Sense”. Le travail de chaque musicien ressort d’une manière que la formation n’avait encore jamais exploré, grâce à une production à la fois dense et subtile, orchestrée une fois encore par le bassiste Chris Taylor. Plus que sur les précédents opus, basse et batterie sont mises en avant, ce qui ne manque pas de contribuer au dynamisme de chacun des morceaux. On saluera en particulier les frappes de Chris Bear, dont le jeu original, puisant aussi bien dans le jazz que dans la bossa brésilienne, enrichit considérablement la qualité de chaque composition.
Véritable mille feuilles musical, “Painted Ruins” est peut-être, avec “Yellow House”, le disque du combo le plus remarquable en termes de trouvailles sonores, fondues dans les compositions à la manière de touches de couleurs sur un tableau impressionniste. Le groupe puise çà et là dans ses influences, en passant systématiquement ces dernières à travers l’originalité et le talent de chacun de ses musiciens. Mention spéciale ici aux compositions de Daniel Rossen : “Aquarian” est probablement l’un de leurs titres qui rend le mieux hommage au psychédélisme des années 1960/1970, et “Glass Hillside” possède l’élégance du Steely Dan période “Aja”, revisité par le chanteur/guitariste avec des claviers et des guitares sautillants et des harmonies sophistiquées.
On reconnait toujours la patte de Grizzly Bear, que ce soit dans “Neighbors”, cousin éloigné de “Easier” (“Yellow House”, 2006) et de “Southern Points” (“Veckatimest”, 2009), ou dans “Sky Took Hold”, dans laquelle Ed Droste chante avec une émotion particulièrement touchante. Mais quelques nouveautés sont bienvenues, comme l’aérienne “Systole” où Taylor pousse joliment la chansonnette en solo pour la première fois de l’histoire de Grizzly Bear.
Les Américains signent un retour solide, se montrant à la fois cohérents par rapport à leur carrière passée et toujours aussi originaux et inspirés, présageant le meilleur pour l’avenir. S’il est difficile de citer des moments d’éclats dans ce “Painted Ruins”, il est tout aussi peu évident de lui trouver des points faibles, tant l’essai résulte d’une combinaison de détails originaux et surprenants, répartis habilement tout au long de ces onze morceaux. Il faudra certes du temps pour percer la consistance de cet effort à l’apparence décousue et approfondir des morceaux aussi complexes et aventureux, mais le retour sur investissement est 100% garanti.
Informations
Label : RCA
Date de sortie : 18/08/2017
Site web : grizzly-bear.net
Notre sélection
- Aquarian
- Sky Took Hold
- Four Cypresses
Note RUL
4.5/5