Après avoir été décoré de platine avec “Night Visions” (2012) et d’or avec “Smoke + Mirrors” (2015) un peu partout dans le monde, Imagine Dragons tente le triplé avec son troisième effort. Dès le titre, “Evolve”, le quatuor de Las Vegas – Dan Reynolds (chant), Wayne Sermon (guitare), Ben McKee (basse), Daniel Platzman (batterie) – semble donner la couleur. Pour aller vers cette évolution, le groupe se défait de ses vieux travers de control freak. Finie la co-production de rigueur sur les deux précédents albums, la bande s’est cette fois entourée d’une pléiade de producteurs, en plus du fidèle Alex Da Kid, Joe Little (Lorde), John Hill (Phantogram, Shakira), Mattman & Robin (Britney Spears). Autre changement notoire, une concision inhabituelle, avec un tracklisting de seulement onze morceaux.
Musicalement, cette évolution revendiquée se traduit par une forte influence de la pop 80’s et de l’électro pop qui fait des ravages parmi les formations de rock actuellement. Mais quand la plupart de ses confrères découvrent ces sonorités, Imagine Dragons en a fait sa spécialité depuis le début et les maîtrise mieux. L’ensemble s’ouvre sur l’intro futuriste de “I Don’t Know Why”, un morceau agréablement surprenant qui alterne montée en puissance perçante et refrain ultra rythmé. Mais dès la deuxième piste, on retourne en terrain connu avec les couplets rappés et les refrains explosifs de “Whatever It Takes”. Loin est l’époque où Imagine Dragons se terrait au Divan Du Monde ou au Bataclan, le groupe remplit désormais des arènes et sa musique doit être en mesure de les remplir aussi. Avec “Evolve”, cette mission est amplement réussie : de l’ultra efficace single “Believer” au surpuissant “Rise Up”, en passant par le lumineux et plein d’espoir “Walking The Wire”, Imagine Dragons use sa marque de fabrique l’ayant propulsé en tête des charts, à savoir, un chant puissant, des percussions dominantes et des refrains gargantuesques ultra entêtants.
Après s’être déchainé sur les cinq premiers morceaux, le quartette prend un tournant pop à mi-chemin avec “I’ll Make It Up To You” et ses synthés 80’s. Sans être particulièrement marquant, le morceau offre une douceur agréable après la tempête du début. Dans la même veine, “Mouth Of The River” et son riff radio-friendly laisse Dan Reynolds se livrer à l’introspection sur une atmosphère très “Night Visions”. La formation attend la fin de l’opus pour expérimenter et le résultat est en demi-teinte. “Start Over” et “Dancing In The Dark” plombent la fin de “Evolve” qui, après une déferlante d’énergie et de lumière, se clôt sur deux morceaux répétitifs aussi fades musicalement que textuellement parlant. Au rapidement lassant single “Thunder” et ses refrains haut perchés, on préfère l’excentrique “Yesterday” qui, mené par un piano nonchalant et pimenté par un solo de guitare saugrenu, sonne comme un toast levé en l’honneur du changement. Car si, sur le plan musical, peu de gros changements sont à décompter, c’est bien de ça dont il s’agit tout au long du disque à travers les paroles de Dan Reynolds.
Fort de l’assurance fraîchement acquise de celui qui sort enfin la tête de l’eau après des années de galère, le chanteur communique un optimisme rafraîchissant à base de poursuite de rêves et de douleur à surmonter. À la vue de l’artwork de “Evolve”, qui semble représenter un homme aspiré de la noirceur par un faisceau de lumière arc-en-ciel, difficile de ne pas faire le lien avec Dan Reynolds qui, comme il nous l’avait confié lors d’une interview en mars dernier, “voit maintenant les couleurs” après avoir traversé une période sombre.
Si le contrat de départ était une évolution, alors le défi est à moitié relevé. Lumineux et optimiste, “Evolve” voit Imagine Dragons s’envoler vers un avenir plus radieux mais aussi plus monotone. La formation de Las Vegas fait l’impasse sur des morceaux explosifs à la “I’m So Sorry” et sur des ballades envoûtantes comme “Dream” au profit de tubes pop rock honnêtes et accrocheurs, mais qui se démarque difficilement les uns des autres. “Evolve” est au final un album assez inégal, qui part au quart de tour pour s’essouffler assez vite.
Informations
Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 23/06/2017
Site web : www.imaginedragonsmusic.com
Notre sélection
- Walking The Wire
- Believer
- Whatever It Takes
Note RUL
3/5