Last Train – Weathering

Sa centaine de concerts nous ont conquis, ses premiers EP, convaincus. Last Train nous promettait ainsi un avenir radieux pour le rock français. Si bien que nous étions à la fois impatients et fébriles à l’idée d’écouter ce premier album. Et si les Mulhousiens nous décevaient ? Pire, et si nous devions nous contenter de La Femme comme nous le prédisaient Les Inrocks ? Quel ne fut pas notre soulagement lorsque les premières notes de “Dropped By The Doves“ vinrent chatouiller nos oreilles ! Puissante, dense, bluesy, rock garage; une première piste à l’image du reste de l’opus, passionné et sincère. Last Train a mûri et s’envole avec ce premier effort, tout simplement éclatant.

Black Rebel Motorcycle Club avait posé les jallons du rock de Last Train, garage à souhait. Le quatuor y a ajouté des influences diverses : du John Lennon dans le piano introducteur de la 60’s “Sunday Morning Son”, du blues sur l’ensemble, un peu de psychédélisme mais aussi du punk sur la très dense “Time”, l’un des morceaux les plus intéressants de l’album, qui semble en réunir plusieurs. On s’offre quelques pauses avec la belle “Golden Songs” mais surtout avec “Jane”, longue de près de huit minutes, mélodieuse, contrastant avec “Between Wounds”. Judicieux choix d’enchaînement. On retrouve aussi le tube “Fire”, d’autres morceaux des EP “The Holy Family” (2015) et “Fragile” (2016) comme “Cold Fever”, “Way Out” et la sublime “House On The Moon” et les excellents singles, dévoilés avant la sortie de l’essai : “Between Wounds” et son clip touchant et “Weathering”, parfaite douzième et dernière chanson éponyme.

Jusque dans l’esthétisme noir et blanc de ses pochettes de disques, Last Train joue en permanence sur la dualité : un rock poisseux mais propre, fougueux mais parfois calme, travaillé mais spontané. La voix rauque de Jean-Noël emporte tout sur son passage, notamment sur “Never Seen The Light” et crie même sur “Time”. Mais Last Train, c’est avant tout une famille composée de quatre amis, Jean-Noël (chant/guitare), Julien (guitare), Tim (basse) et Antoine (batterie), qui ne se marchent jamais dessus. Chaque instrument a l’espace et le temps de s’exprimer. Cette cohésion et cette amitié se ressentent dans chaque note. Le résultat ? Plus de cinquante minutes de rock aux sonorités riches et d’une efficacité redoutable.

On leur est reconnaissant de nous offrir un disque bourré de nouveautés, qui ne se contente pas de réunir les EP et d’y ajouter deux trois nouvelles compositions pour la forme. L’ensemble est solide et pointu et d’une sincérité telle qu’on ne doute plus de la place de choix que Last Train est en train de se faire dans le paysage rock français. On lui souhaite même d’être demandé à l’étranger mais pas tout de suite, laissez-nous un peu déguster (égoïstement) avant.