Chroniques

Linkin Park – Living Things

Phénomène populaire émergeant à la fin des années 90, Linkin Park a marqué toute une génération. Dotés d’une identité visuelle forte, de deux principales figures publiques incarnées par Mike Shinoda et Chester Bennington et d’une signature musicale propre, Linkin Park connaissent un succès planétaire dès la sortie de “Hybrid Theory” (2000), qui contient les tubes “In The End”, “One Step Closer” et même “Crawling”. Seize ans et quatre albums après leur formation, les californiens ont déplacé leur style d’une fusion nu metal/hip hop atmosphérique et rageuse, à un rock alternatif plus posé. Entre collaborations, side projects, bouleversements personnels et engagements solidaires, le groupe continue de défendre son virage sonore dont la facture techno pop ne séduit pas tous les fans de la première heure; ainsi, lorsque qu’on apprend qu’un cinquième album nommé “Living Things” sera bientôt dans les bacs alors que la vidéo de leur reprise live de “Rolling In The Deep” (tube d’Adele) ne tourne plus en boucle sur MTV depuis peu, on ne sait pas comment appréhender la suite. C’est quoi, LP en 2012 ?

Tout d’abord, mettons fin au suspense : non, Linkin Park ne sont pas revenus à leur son d’origine. Sur “Living Things”, il n’y a presque pas de grasses guitares nu metal mais des textures sophistiquées pour des titres “mûrs”. Pour se défouler, il y a… “Victimized”. Pas assez long pour se lancer dans un pogo durable, suffisamment court pour être passé en boucle, ce morceau d’une minute quarante-sept marque une rupture par ses grosses caisses et l’explosion de la voix de Bennington. Calé entre le très indie “Castle Of Glass” et la ballade “Roads Untraveled”, “Victimized” est donc la caution dirty de l’opus. “Lost In The Echo”, quant à lui, rappelle les structures qui ont fait le succès du groupe. Ajouté à ça, une rythmique dubstep rend le morceau bankable. Non, Linkin Park ne fait pas vraiment marche arrière. “Living Things” s’inscrit dans la lignée de “Minutes To Midnight” (2007) et “A Thousands Suns” (2010) (si l’on ignore le petit écart commercial que fut “What I’ve Done”), les albums du tournant. D’ailleurs, certaines pistes comportent des rythmiques euro dance, des lignes de basse accrocheuses et des environnements dramatiques qui évoquent ce que la scène rock alternatif la plus vendeuse produit de plus efficace. On pense notamment à “Skin To Bone”, qui dégage comme un goût de remplisseurs de stades professionnels (Muse). La modernité est, comme souvent avec eux, au rendez-vous; et il est difficile de résister à des titres dans l’air du temps tels que “In My Remains”. La mélodie chantée par l’oiseau Bennington sur cette chanson pop est entêtante. Toujours dans le registre de la modernité, la musique de “Burn It Down”, premier extrait, tiendrait davantage du r’n’b/électro qui cartonne dans les discothèques si la patte Linkin Park ne l’étoffait pas. Pour le reste, il n’y a pas grand chose à dire; si ce n’est que le rap de Shinoda et sa façon de marier sa voix à celle de Bennington ont encore le pouvoir d’instiller énergie, émotion et nostalgie aux auditeurs les plus sceptiques.

Après l’écoute de ce cinquième effort studio, on peut dire qu’en 2012, Linkin Park compte probablement passer une fois pour toutes du statut d’idole pour adolescents, à celui de gros groupe international. En ce qui nous concerne, “Living Things” est tout juste un album de plus à ajouter à la discographie des américains. C’est original et bien fichu, mais pas un classique. Les six américains persistent et signent leur changement de cap et les fans devront s’en accommoder. En 2020, pour les vingt ans de “Hybrid Theory”, il sera toujours temps de faire le bilan.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 25/06/2012
Site web : www.linkinpark.com

Notre sélection

  • In My Remains
  • Victimized
  • Powerless

Note RUL

3.5/5