Mystery Jets – Curve Of The Earth

Déjà dix ans que les Anglais de Mystery Jets s’attachent à répandre les ondes sonores de leur indé rock dans le monde entier. Malgré le fait que le combo se soit fait quelque peu oublier depuis son dernier passage à La Flèche d’Or de Paris en 2012, qui marquait notamment la sortie de “Radlands”, il revient avec ce sixième album, “Curve Of The Earth”. Quatre ans ont passé et l’heure du bilan s’impose.

Clin d’œil au livre du même nom de Simon Morden ? Pas nécessairement, car ici on est loin de l’univers post apocalyptique décrit par l’auteur. Mystery Jets œuvre plus dans une mélancolie délicate, où les guitares et la voix ne demandent qu’à faire résonner leur mélancolie (“Bombay Blue”). Tantôt stridentes, tantôt acoustiques, les guitares sont tels de véritables cœurs meurtris (“Bombay Blue”) et la palette émotionnelle de ce “Curve Of The Earth” est plutôt large. Les guitares s’effacent parfois pour laisser place à des ambiances plus électroniques qui flirtent élégamment avec le kitsch (“Bubblegum”) quand Blaine Harrison ne nous montre pas l’étendue de son organe vocale sur “1984”, petit diamant indé dont les mélodies centrales sont un volcan d’émotion aux coulées de lave impressionnantes.

Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est la capacité du groupe à nous replonger dans des ambiances pop rock de toute époque. On ressent une mélancolie des 80’s, on pense parfois aux Fool’s Garden pour la voix de Blaine teintée 90’s, mais les guitares, elles, nous ramènent au début des années 2000 et à la pop sucrée et aérienne de Coldplay (“Telomere”). La lourdeur et la puissance des riffs stridents d’un morceau comme “Taken By The Tide” prouvent également que Mystery Jets peut faire preuve de souplesse et se muter à chaque instant en véritable monture de rock alternatif. Le combo s’en tire légèrement moins bien lorsqu’il étire ses ambiances progressives sur des formats plus longs (“Blood Red Balloon” qui atteint presque les sept minutes) et la fin de l’ensemble s’essouffle un peu mais qu’importe, le sans faute n’est vraiment pas loin.

Pas un seul instant d’ennui dans ce qui semble être une invitation à prendre la mer avec Mystery Jets. Les Anglais délivrent une pop sucrée, mélodique, électronique, parfois plus énervée sans jamais en faire trop ou pas assez et toujours avec cette même empreinte authentique caractéristique au groupe. Future pierre angulaire de la discographie de la formation, il parait inutile de préciser que ce “Curve Of The Earth” permet de commencer l’année 2016 sur les chapeaux de roues !