Chroniques

Noel Gallagher’s High Flying Birds – Chasing Yesterday

Après un premier album des plus réussi, la moitié de feu Oasis continue son bout de chemin sans son frère abhorré pour le plus grand bonheur de tous. Si Beady Eye s’est éteint plus tôt l’an dernier, on ne peut pas dire que le groupe de Liam rendait véritablement hommage aux tubes que le duo a pu composer sous l’égérie d’Oasis. A contrario, Noel Gallagher a emprunté une ligne artistique qui, sans révolutionner le rock comme il aime à le prétendre, a le mérite d’accoucher de tubes sans pour autant négliger des racines artistiques honorables. Qu’en est-il de ce “Chasing Yesterday” ?

Les paradoxes, et donc les débats, entourant la carrière de Noel Gallagher (avec ou sans son frère) sont nombreux. Et ce nouvel album de ne déroge pas à la règle. S’il souhaite chasser le passé avec ces dix nouvelles chansons, il est pourtant flagrant de reconnaître quelques influences cultes en explorant les textures musicales de ce second essai. “The Girl With X-Ray Eyes” tape quelque part entre le Led Zeppelin de “Stairway To Heaven” et le “Hotel California” des Eagles pendant que certaines chansons fleurent bon le rock US des années 80 (“You Know We Can’t Go Back”). Attention, on ne parle pas d’un disque nostalgique du passé, encore moins rétrograde. Seulement, ce titre en devient presque ironique tant les influences semblent assumées par le compositeur anglais. L’Angleterre parlons-en justement. Le regret que l’on pourrait avoir en écoutant cet ensemble est qu’il ne sonne plus vraiment comme un opus de pop rock anglais. Là où son premier album employait des orchestrations que n’aurait pas rejetées Oasis en son temps, Noel Gallagher développe ici un son très américain. Les influences de Bruce Springsteen et du rock FM des années 80 permettent de voyager au fur et à mesure des notes, non pas dans un Manchester pluvieux mais plutôt sur les routes ensoleillées de la Californie. Peu de temps avant sa sortie, Noel Gallagher déclarait avoir composé un effort beaucoup plus “straight” et beaucoup plus rock n’roll que son premier essai. Si “Lock All The Doors” et “The Mexican” semblent lui donner raison, il ressort pourtant une impression générale de cet album qu’il a été bien plus travaillé et beaucoup moins direct qu’annoncé. En témoigne la structure très progressive “Riverman” et de son solo en plein milieu de la chanson ou encore la ballade “The Dying Of The Light” et ses délicieuses notes de claviers qui confèrent une atmosphère très particulière à cette composition. Définitivement réussie par ailleurs.

Essai transformé pour la face talentueuse d’Oasis. Si le passé musical n’est pas chassé avec cet album, c’est sûrement le disque s’éloignant le plus du légendaire groupe des années 90 que nous avons ici entre les mains. Noel Gallagher prend encore plus son indépendance et continue son petit bonhomme de chemin, explorant librement ses envies. A l’écoute de cette galette, difficile de lui donner tort.

Informations

Label : Sour Mash Records / PIAS
Date de sortie : 02/03/2015
Site web : www.noelgallagher.com

Notre sélection

  • The Dying Of The Light
  • Ballad Of the Mighty I
  • Riverman

Note RUL

3.5/5

Ecouter l’album

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN