Pierce The Veil – Misadventures

Après près de quatre ans d’attente, le retour de la famille Fuentes sur les devants de la scène post hardcore est enfin entre nos mains. Après un “Collide With The Sky” triomphal, ayant amené le groupe sur les scènes du monde entier (même si en Australie ça coince encore – voir “This Is A Wasteland”), les meilleurs copains de Kellin Quinn se sont fait attendre mais sont bel et bien de retour avec “Misadventures”.

Les critiques collant à la peau de Pierce The Veil relève souvent de la mauvaise foi. En effet, s’il est tout à fait compréhensible de ne pas adhérer au post hardcore acidulé de la formation, la qualité musicale de PTV n’est absolument pas à remettre en compte. Rare groupe de cette scène faisant preuve d’une telle inventivité dans leurs chansons, les quatre garçons de San Diego ont pris leur temps pour repousser encore plus loin leurs limites en terme de songwriting sur cet album. Si le quatuor s’autorisait déjà des explorations sur la musique latine dans ses précédents opus, ce sont aujourd’hui les claviers qui se mettent tout doucement en avant.

De l’intro de “Dive In” à la conclusion de “Song For Isabelle”, piano ou nappes électro viennent habiller avec élégance les compositions déjà très bien écrites des Américains. Sans s’auto-plagier, le combo suit le chemin tracé par “Collide With The Sky” (2012) avec des morceaux tous très efficaces, mais avec une dose de virtuosité et de progression comme on pouvait trouver dans “Selfish Machines” (2010). Les changements de rythme, breaks et progression à la guitare viennent diversifier des titres qui sans, pourraient sembler redondants (la faute à une absence totale de featuring et à la voix si particulière de Vic Fuentes).

Chaque musicien s’en donne à coeur joie, à commencer par Mike Fuentes derrière les fûts qui confirme sa réputation d’être l’un des meilleurs batteurs de cette scène tant son jeu puissant et rapide s’habille constamment de subtilités et d’un feeling qui rendent les chansons très sauvages. Le groupe a pensé son disque pour le live et on en a la preuve avec pas moins de huit chansons qui pourront être reprises en choeur par le public sans trop de difficulté.

Coté paroles, la formation a durci le propos avec un contenu plus sombre qu’à l’accoutumée. D’une critique acerbe de l’auto-satisfaction inhérente à l’Humanité à “Circles” qui fait référence à cette tragique nuit du 13 novembre à Paris, PTV contraste avec ses sonorités très sucrées avec une profondeur de paroles qui encre encore plus cet opus comme un objet extrêmement abouti.

Pierce The Veil a pris son temps avant de revenir et prouve au monde entier que lorsque l’on associe d’excellents musiciens avec de la réflexion sans oublier la spontanéité, on obtient un album à la fois taillé pour le live, mais qui donnera bon nombre de motifs de satisfaction aux auditeurs. Bénéficiant d’une profondeur conséquente grâce à l’excellent songwriting à la prouesse des frères Fuentes, “Misadventures” est un excellent effort studio qui, comme les bons vins, se bonifiera encore avec le temps.