L’affiche a tout d’un fantasme pour beaucoup. La base Rage Against The Machine Morello-Commerford-Wilk, agrémentée de la cerise sur le ghetto : Chuck D et DJ Lord de Public Enemy ainsi que B-Real de Cypress Hill. L’idée a émergé publiquement il y a un peu plus d’un an, quand Los Angeles fut envahie d’affiches invitant la population à “Make America Rage Again”, détournant le célèbre slogan de Donald Trump. Le contexte est donc idéal, entre les problèmes sociaux rencontrés aux Etats-Unis et la tension mondiale palpable, cette super formation a tout pour réussir. Et lorsque l”n a pu assister aux prestations du groupe lors des derniers Download Festival France et Hellfest, il y a de quoi être optimiste.
Seulement voilà, lorsque les planètes s’alignent, ça ne veut pas forcément dire qu’elles vont accoucher d’un miracle. Et parfois, surtout dans la musique, surtout dans la musique politisée, l’alignement des planètes a tendance à être quelque chose de plus néfaste qu’il n’y parait. Cet album s’écoute très facilement. Pour ceux qui craignaient la cohabitation entre les diverses entités, l’alchimie est là, c’est indéniable. Dès les premières secondes de “Radical Eyes” au très bon single “Unfuck The World”, en passant par “Hands Up”, on a le sentiment d’écouter une formation déjà bien rodée. Ceci étant, ce paramètre n’est pas étonnant tant la recette est connue : la section rythmique légendaire groove comme à son habitude tandis que Tom Morello enjolive le tout avec son style si caractéristique. Et c’est à peu près tout. Musicalement, la prise de risque est minimale. Si l’on exclue les deux chansons à l’ambiance très vertes “Legalize Me” et “Take Me Higher”, on se retrouve dans un terrain extrêmement connu.
Si musicalement, la surprise n’est pas au rendez-vous, la qualité est toujours là. La production met en valeur la puissance organique de l’ensemble du groupe avec un son toujours très chaud et rond. De même que la prestation de B-Real et de Chuck D est très fluide. Seulement on s’ennuie ferme. Tout ça manque… de rage. Le flow inimitable de Zack De la Rocha manque au final. Les textes ont beau être engagés et dénonciateurs, on ne sent pas la rage sur le fil du rasoir que l’on pouvait aimer chez ces artistes au début des années 90. Le tout manque de sueur et de colère au final. Pourtant, tout était réuni pour que la baffe soit monumentale, mais le fait est que l’on reste sur sa faim. On se contentera d’apprécier le mélange d’anciens tubes et des nouvelles compositions en live. Et c’est déjà bien !
Informations
Label : Concord Music
Date de sortie : 15/09/2017
Site web : prophetsofrage.com
Notre sélection
- Unfuck The World
- Legalize Me
- Hands Up
Note RUL
3/5