The Chikitas – Wrong Motel

Après “Butchery” (2011) et son successeur “Distoris Clitorsion” (2014), The Chikitas casse littéralement la baraque – ou plutôt le motel. Le duo féminin de Genève revient sur le devant de la scène avec “Wrong Motel”, un troisième album plein de surprises.

Comme elles l’avaient annoncé dans la récente interview qu’elles nous avaient accordé lors du passage à La Rodia (Besançon), Lynn Maring (chant/guitare) et Saskia Fuertes (batterie/chant) sont sur le point de dévoiler un troisième disque rock aussi explosif qu’abrasif.

Enregistré pour la première fois par le duo en analogique, en seulement une vingtaine de jour à Tucson, en Arizona, avec Jim Waters (Sonic Youth, The Jon Spencer Blues Explosion), l’ensemble se compose des pièces élémentaires héritées du rock, du punk et du grunge. Le tout secoué bien fort et assaisonné à la sauce Tabasco des Chikitas.

Résultat : un rock féminin rugueux et puissant qui ne mâche pas ses riffs. Les sonorités sont à la fois sombres et sensuelles, comme l’annonce d’emblée l’ensorcelante voix de Lynn sur “I Wish You Mine”. Nouvelle attitude – d’avantage dans la séduction – pour ce premier morceau léché, comme en témoigne le clip de Julien Wey alias Kumquat dans lequel Ariane Berto incarne une jeune femme empreinte de désir et adepte du shibari (ndlr : l’art du bondage japonais).

Le tracklisting est à la fois tumultueux et puissant, les compositions urgentes mais traitées avec une grande maturité. Riffs efficaces, distorsions, chant tantôt suave, tantôt guttural, plans de batterie tonitruants et cris rauques. Voici ce que réserve ce troisième opus aux allures de road movies. Les titres sont pêchus et s’enchaînent avec fluidité et cohérence. L’analogique confère une sorte d’âme supplémentaire à l’ensemble, signe que le duo a bien progressé côté instrument.

Comparaison tentante, on pense notamment aux girls bands rock de la première heure comme The Runaways. Lynn faisant penser à la chanteuse/guitariste androgyne Joan Jett pour son charisme tout comme sa technique et Saskia à la batteuse Sandy West pour sa puissance. Bien que les Suissesses puissent se targuer de n’être que deux pour faire tout ce raffut.

“Wrong Motel” ou de quoi mettre en transe l’héroïne du “Psychose” d’Alfred Hitchcock dans la douche du motel des Bates et rappeler les frénétiques courses-poursuites de Jack Nicholson dans le “Shining” de Stanley Kubrick. Âmes sensibles s’abstenir.