Cela faisait longtemps que nous n’avions pas entendu parler concrètement des Français de The Earl Grey dans le milieu musical. Et pour cause, le désormais groupe s’est pendant plusieurs mois terré dans le silence, se séparant entre-temps de son ancien label Next Dimension Gears pour retrouver son indépendance et pour composer en secret “Odyssey”, son second essai. Ce dernier a d’ailleurs donné lieu à des enregistrements au Red Bull Studios et au Alias Studio des frères Poncet (Chunk!, No, Captain Chunk!). Une absence devenue de l’histoire ancienne, puisque TEG est bel et bien de retour pour de bon, avec douze pistes totalement nouvelles, annonçant un virage significatif, mais non moins efficace.
Grand fan de la touche pop rock du quatuor sur “We Are Young” (2012), il faut dire que le changement de direction s’était déjà laissé pressentir l’année dernière. A l’époque, l’inédit “Faith” apparaissait sur la Toile et ramenait les guitares fortes et aiguisées au centre de l’attention. Cependant, ce titre ne préparait que très moyennement à l’arrivée de ce concept-album. Très moyennement, car le disque est au dessus de toutes les espérances en terme d’idées, de son, de composition, de technique et de culot. Comme si le silence et l’absence de ces derniers mois se contre-balançaient avec l’explosion de sonorités de cette galette, donnant plus qu’elle ne compte recevoir. Assez clairement divisée en deux parties, cette interprétation de “L’Odyssée” d’Homère entamée par un “Beginners” ô combien enivrant, offre comme échappatoire un registre proche des Foo Fighters et autre Biffy Clyro. Du classique “Far” au plus sérieux “Guilty People”, en passant par le tubesque “House Of The Thousand Souls”, la formation évite tout cliché et réinvente son image d’une façon remarquable. Le seul hic que l’on peut démarquer de l’ensemble est le traitement des voix parfois trop lisse, ne mettant pas toujours en avant Alexandre Ragon. Un menu fretin dans une optique générale, car The Earl Grey s’est aussi armé d’outils sûrs, déjà exploités par le passé, qui sauvent sans conteste cette erreur : des choeurs charmants et populaires à la “Black Is The New White” et “Dreamers Never Die” ou encore des mélodies au piano, comme sur “One Year And Another”. Un voyage, donc, également instrumental et peu d’embûches proposé par des musiciens en quête de nouveautés et de révolution. La scène actuelle ne restera pas indifférente face aux harmonies furtives de guitares qui valent le déplacement !
En somme, un disque bien plus sombre plus que son prédécesseur, mais d’autant plus combatif. Vu le passé du quatuor, le temps des chansons pop punk adolescentes est révolu, laissant place à des demi-tons à l’allure plus mature et noisy. Peut-être ce qu’il manquait à la bande d’Alexandre pour explorer de nouveaux horizons, y compris géographiquement ? C’est ce qu’on lui souhaite !
Informations
Label :
Date de sortie : 05/05/2015
Site web : www.theearlgrey.fr
Notre sélection
- Sky Is The Limit
- House Of A Thousand Souls
- Dreamers Never Die
Note RUL
4/5