Chroniques

Trivium – Silence In The Snow

À peine deux ans après le très acclamé mais non moins discuté “Vengeance Falls” et quelques six millions d’albums vendus dans le monde entier depuis ses débuts, Trivium fait son retour fracassant avec son septième opus “Silence In The Snow”. Retour sur un album qui va tout sauf côtoyer le silence.

Le premier constat est sans appel : Trivium a sauté le pas et délaisse les voix hurlées pour faire preuve de souplesse et orienter son metal moderne vers quelque chose de plus rock et mélodique, où les Floridiens démontrent un sens de la mélodie incomparable (“The Ghost That’s Haunting You”) tout en gardant un certain groove inhérent au metal. Ce choix semble avoir dérouté de nombreux fans, mais est-ce bien surprenant ? Rappelez-vous que Trivium proposait déjà ce genre de titres orientés rock sur “Ascendancy” avec le tubesque “Dying In Your Arms”, il y a maintenant dix ans. Le son est à la fois moderne et organique et la production, dans la continuité de l’essai précédent, est un des points forts de ce nouvel effort. À part de rares passages thrashy sur les introductions de “Blind Leading The Blind”, le hit en puissance “Dead And Gone” ou encore la clôture “Breathe In The Flames” rappelant “The Crusade” (2006), Trivium s’est assagit instrumentalement et propose maintenant des morceaux aux structures simples et directes, en témoigne la durée des titres. Les couplets sont plus calmes et tempérés et laissent de l’espace à la voix de Matt Heafy, composant qui a encore plus d’importance qu’auparavant. Ce dernier s’adonne à des vocaux qui flirtent avec le heavy metal (“Silence In The Snow” ou encore “Rise Above The Tides”, emplie d’espoir). La voix est l’argument majeure de ce nouveau disque et les refrains, tous très catchy et puissants, s’emparent très vite de notre tête. Et cette nouvelle direction fonctionne puisqu’un titre tel que “Until The World Goes Cold” synthétise le meilleur de cette nouvelle recette : du groove, des mélodies discrètes mais inspirées, des paroles clairement audibles et tout simplement l’un des meilleurs refrains que Trivium n’ait jamais écrit.

Ce qui laisse dire que la nouvelle démarche de Trivium est authentique est que chaque piste s’inscrit dans un nouvel espace – indéniablement homogène – ou ni des compositions extrêmes ni des ballades stupides ne viennent rompre ce schéma de cohérence, ce qui est au final appréciable d’un côté, mais ce qui proscrit également très (ou trop largement) la variété : une fois que l’auditeur aura assimilé la nouvelle démarche des Floridiens, il n’aura aucun mal à deviner le squelette des morceaux dont la substance est, au final, trop prévisible. Car oui, on ne peut s’empêcher de penser que cette septième offrande n’est pas à la hauteur du potentiel de composition de Trivium, qui, instrumentalement, on le comprend bien, a voulu s’assagir, mais semble également se reposer sur ses lauriers. La formation se contente parfois de reprendre ses propres formules et d’en abuser à outrance sans réellement les réaménager. On a le droit aux classiques breaks heavy metal débouchant sur un solo, aux cœurs en puissance sur les derniers refrains, aux mêmes introductions thrashy et aux mêmes accélérations – ultra prévisibles. Malgré qu’il soit qualitativement homogène et cohérent, l’ensemble ne surprend pas son auditeur et montre un groupe qui profite de ses facilités à produire (ou reproduire) des mélodies et des ambiances que l’auditeur n’aura aucun mal à retenir. Seule l’instrumentale symphonique “Snofall”, composée par Ihsahn d’Emperor, se démarque et instaure une atmosphère spéciale en début d’album.

Selon les attentes de chacun, “Silence In The Snow” plaira ou non, ce qui reste certain c’est que le quatuor américain a encore des choses à dire et qu’il a décidé de changer sa façon de s’exprimer, même si cela a toujours plus ou moins fait partie des musiciens qui semblent être plus que jamais inscrit dans cette mouvance de certains groupes, désireux de se renouveler sans cesse. Qu’on aime ou pas cette septième galette, le combo reste droit et porte ses nouvelles chansons avec une authenticité rare qui est à saluer. Attention cependant à ne pas céder à une certaine forme de facilité musicale, car de Trivium, on est en droit d’attendre beaucoup. La discographie entière des Floridiens en est la preuve.

Informations

Label : Roadrunner Records
Date de sortie : 02/10/2015
Site web : www.trivium.org

Notre sélection

  • Until The World Goes Cold
  • Silence In The Snow
  • The Ghost That’s Haunting You

Note RUL

3.5/5

Ecouter l’album