All Time Low – Last Young Renegade

2017 est résolument l’année du changement pour la scène pop punk, si fructueuse dans les années 2000. Signe de la maturité pour ses membres ou désir de séduire un nouveau public, qui sait. Après Paramore, All Time Low a décidé de suivre le même chemin.

Ne cherchez pas à revivre l’époque de “So Wrong, It’s Right” (2007), celle-ci est belle et bien révolue. Alex Gaskarth et ses confrères ont grandi et proposent un album encore plus pop que “Future Hearts” (2015). “Last Young Renegade” arrive à une période fructueuse dans la carrière d’ATL : un changement de maison de disques, avec un retour chez Fueled By Ramen et des événements personnels qui constituent des évolutions dans leurs travaux.

Avec la piste éponyme pour ouvrir “Last Young Renegade”, l’entrée en matière se fait de manière frontale : la mélodie est catchy et ressemble fortement à ce que fait ATL ces dernières années. L’empreinte du groupe s’y retrouve. Mais les guitares électriques, déjà peu présentes dans ce premier titre, vont vite laisser place à des synthés. Au revoir donc, les guitares un peu nerveuses qui sont la signature du pop punk. Et pour ce qui est des légers breakdowns, qui faisaient bouger la tête des centaines d’ados allant les voir sur scène, ils sont vites remplacés par des sons électro pop, de la même veine que ce qui fonctionne actuellement.

“Dirty Laundry” en est l’exemple même, morceau qui avait suscité de vives réactions lors de la sortie du clip. “Nice2knoU” est sûrement l’une des meilleures compositions de l’ensemble, où les Américains réunissent ce qu’ils font de mieux, créant une énergie qui sera à coup sûr communicative sur scène. Energie que l’on retrouve juste après sur “Life Of The Party”. Mais malgré ces deux titres qui s’enchaînent sans nous laisser le temps de reprendre nos esprits, l’excitation retombe vite.

Les titres qui suivent sont construits de manière à avoir toutes les chances de passer sur les ondes des radios commerciales. Rien d’étonnant pour la formation qui a décidé de retourner chez Fueled By Ramen, maison de disques de Paramore et Twenty One Pilots.

L’écoute de l’opus se poursuit, avec quelques hochements de tête mais sans exclamations. Les chansons manquent de mouvement, et un refrain plus rock pour “Nightmares” aurait, par exemple, permis d’éviter une certaine platitude. “Ground Control” est surprenante sans le contexte du disque mais elle s’y insère finalement parfaitement. Il faut dire que la même recette est utilisée sur toutes les compositions, avec des constructions et des sonorités identiques. “Last Young Renegade” fait donc parti de ce genre d’album que l’on peut écouter sans grande concentration et qu’on laissera tourner en fond sonore.

Ce ” Last Young Renegade” a donc prouvé qu’il était le fruit de la maturité : un disque bien sûr plus posé que ce qui a fait le succès des Américains il y a dix ans, mais tout aussi abouti que “Future Hearts”, présenté il y a deux ans. Inutile de faire de la mauvaise foi même si les critiques sont nombreuses : le quatuor a créé un bon album, catchy et soigné. Mais répétitif. Et le tournant choisi se ressent encore plus dans les paroles, qui sont nostalgiques et font comprendre que All Time Low a bel et bien tourné une page de son histoire. “Last Young Renegade” reste tout de même très linéaire et n’offre que peu de surprises à l’écoute.

S’il est clair que All Time Low décide toujours un peu plus de s’éloigner de sa zone de confort, on a parfois du mal à comprendre certains de ses choix. Si Alex Gaskarth s’était exprimé il y a quelques mois, expliquant que l’effort avait été réalisé sous l’influence du binge watching de “Stranger Things”, et des décès de Prince, David Bowie, George Michael, qu’en est-il vraiment dans le résultat ? On aurait pu s’attendre, à la lecture de ses quelques lignes sur les réseaux sociaux, à une ambiance 80’s, mêlant synthés à un rock plus sombre. Les synthés sont certes présents, mais au service d’une musique qui se veut ancrée dans ce qui se fait en 2017.

En espérant désormais que ATL, si apprécié, produise quelque chose d’énergique sur scène, et que la folie pour laquelle sont connus ses membres ne disparaissent pas totalement.