Anathema – Weather Systems

Il fallait bien un cinq-fois-nominé-aux-Grammy-Awards (norvégiens) à la production pour oser donner un petit frère à “We’re Here Because We’re Here” (2010), considéré par le groupe comme l’album d’un véritable tournant. C’est donc sous la houlette du musicien et producteur Christer-André Cederberg que les britanniques poursuivent leur évolution musicale dans une atmosphère générale plus lumineuse et sereine que par le passé.

Enregistré à Liverpool, au Pays de Galles et à Oslo, “Weather Systems” trace sa route vers des contrées où le doom metal des débuts laisse de plus en plus de place au rock atmosphérique et progressif d’aujourd’hui. Les frères Cavanagh créent une ambiance introspective et déroulent les morceaux comme s’ils contaient une légende celte, avec des pauses, des temps forts et des moments plus doux. La plupart des titres sont construits en crescendo et les orchestrations viennent en appuyer l’emphase. Dans les brumeux “The Gathering Of The Clouds” et “Sunlight”, les chœurs et les cordes se partagent avec l’aérienne guitare de Danny Cavanagh le soin d’habiller sa voix. D’ailleurs, celle-ci aurait peut être méritée d’être un tout petit peu moins parée de ces atours, qui certes donnent une sorte d’emphase majestueuse, mais auraient tendance à perdre l’efficacité d’une production plus brute. Sur certaines pistes, c’est au tour de Lee Douglas (voix féminine d’Anathema) de s’affirmer en tant que vocaliste. D’une voix claire et soyeuse, elle plonge l’auditeur dans les profondeurs du royaume d’Anathema. S’il est un voyage sombre et envoûtant, l’album n’en demeure pas moins contrasté. Certes “The Lost Child” est mélancolique, mais l’indus et bien nommé “The Storm Before The Calm” distille une tension prête à d’exploser. Et dans un style heavy metal plus classique, le très réussi “The Beginning And The End” s’impose comme un classique du groupe.

“Weather Systems” est un bon disque; l’ensemble est homogène, l’écoute est fluide, et chaque morceau possède sa propre personnalité. Un petit bémol peut être pour la voix de Lee Douglas, plus présente sur ce disque qu’à l’accoutumé : ses prestations de chanteuse ne sont objectivement pas à remettre en cause, mais on préfèrerait à la place profiter encore un peu plus du charme troublant du timbre de Danny Cavanagh.