Angus And Julia Stone – Cape Forestier

Le duo australien de frère et sœur, Angus & Julia Stone, fait un retour remarqué avec son cinquième album studio, Cape Forestier. Depuis le succès phénoménal “Big Jet Plane” en 2010, ils ont parcouru un long chemin. Le précédent album, Snow, sorti en 2017, a été suivi par la composition de la bande originale du jeu Life Is Strange en 2021. Le son mélodique folk qui a caractérisé le duo tout au long de sa carrière est toujours aussi présent dans ce disque, qui se distingue par sa légèreté et sa familiarité.

Une traversée du temps

Embarquons sur le Cape Forestier, ce vieux chalutier qui a marqué l’enfance d’Angus et Julia Stone, pour naviguer à travers les années et les expériences musicales du duo. Le titre éponyme est à la fois puissant et simple. Les paroles, qui figurent également sur la pochette de l’album, nous invitent à envisager la vie comme un voyage en mer, sans savoir où nous accosterons, bravant vents et marées, et nous laissant porter par le courant. Avec un refrain accrocheur, une harmonie vocale unique et une approche instrumentale rustique sans fioritures, Angus et Julia Stone nous séduisent avec aisance. C’est un bel aperçu de cet ensemble plutôt cohérent qui cache parfois des morceaux écrits il y a plus de dix ans, comme “No Boat No Aeroplane”, l’une des toutes premières chansons écrites par Angus Stone à l’âge de quinze-seize ans. Ce morceau, empreint de nostalgie et d’une simplicité assumée, porte la marque narrative de son auteur. Parmi ces morceaux anciens, on note “Down To The Sea”, qui se distingue du reste de l’ensemble par son rythme plus entraînant, et “The Wedding Song”, une ballade parfaite, portée par la voix apaisante et émouvante de Julia, et des instruments mélodiques et romantiques.

La recherche du “chez soi”

Il est facile de comprendre que le thème de la mer et des océans est omniprésent tout au long de l’album. Que ce soit dans les titres des morceaux ou au cœur des paroles, les allusions et les références sont nombreuses (“I guess for now I’ll keep sailing on” dans “My Little Anchor” par exemple). On pourrait donc y poser le décor de ce disque et pourtant, la pochette suggère un environnement plus familier, un foyer. C’est dans le salon de la maison familiale que le duo a commencé à écrire et composer des morceaux dans sa jeunesse. Pouvoir retrouver cette sensation, une sorte de retour aux sources et recréer ce cocon, c’est ce qu’Angus et Julia Stone ont cherché à faire. On découvre ainsi la reprise de “I Want You” de Bob Dylan, un artiste qui les a beaucoup influencés. Pourtant, le temps a passé, et les mouvements et les changements inhérents à la vie ont poussé les deux artistes à se créer leur propre chez soi, à travers le monde et auprès des leurs. “City Of Lights” et “Sitting In Seoul” sont deux morceaux qui peuvent témoigner de cette narration.

Le retour aux sources

Au niveau des sonorités, le duo propose avec Cape Forestier un album résolument folk et presque entièrement acoustique, sans trop de complexité. On est loin des explorations pop ou des arrangements plus chargés des précédents projets. Cela peut laisser peu de place à la diversité et certains morceaux, comme “Somehow”, peuvent sembler répétitifs et génériques. Plongés dans une atmosphère très posée, avec quelques envolées rythmiques et lyriques qui rappellent leurs débuts, on retient également les harmonies proposées. Que ce soit par les voix qui s’alternent, se superposent et se mêlent à merveille, ou par les instruments. Et c’est bien là la force de ce duo fraternel. “The Wonder Of You”, bien que très court, est la conclusion parfaite à cet ensemble, qui démontre en deux phrases et un ensemble de cordes, la beauté de leur musique.

Cape Forestier est un album qui nous captive par le talent narratif et mélodique d’Angus & Julia Stone qui retourne à ses racines folk. Malgré quelques morceaux peu mémorables, c’est une pause musicale très appréciable par sa douceur et sa force apaisante.