Anti-Flag – American Fall

Quoi de mieux qu’un album bien engagé pour fêter les (presque) trente ans du groupe ?! Vous l’aurez compris, Anti-Flag est de retour avec “American Fall”, un onzième essai qui sort deux années après l’arrivée en demie-teinte de “American Spring”.

C’est vers une suite illogique et pourtant bien cohérente que les Américains ont choisi de se diriger. Si l’automne n’a jamais succédé au printemps, “American Fall” est bien dans la lignée de “American Spring”. Remises en question de la situation politique actuelle, critiques acerbes des dirigeants et dénonciation des injustices. L’artwork en dit d’ailleurs long sur les intentions des rockeurs : un amas de dollars, jonchant le sol du bureau présidentiel qui prend la forme d’une tête de mort. Trump n’a qu’à bien se tenir.

Comme s’il s’agissait de rappeler à ses auditeurs d’où ils viennent et ce qui coulent dans leur veine, les Anti-Flag balancent “American Attraction” en première ligne de l’opus. Introduction lourde et punk à souhait, additionnant gros riffs et lyrics catchy du refrain, qui en font l’un des morceaux les plus aboutis de l’ensemble. Ça commence bien. Des nuances pop punk d’un “Liar” ou d’un “Casualty” au punk rock mélodique d’un “I Came. I Saw. I Believed.” ou d’un “Trouble Follows Me”, on reconnaît sans peine les codes anti-flaguiens qui s’inscrivent dans la même veine que les précédentes sorties du groupe.

Si l’on ne peut nier l’appropriation totale du son des Californiens de Rancid sur “When The Wall Falls”, ou dans une moindre mesure sur “Finish What We Started”, avec des influences ska punk totalement assumées, on ne peut pas se détourner non plus de la qualité du travail de production dont les titres font preuve. Emprunt, oui, mais high quality. Si certains sons semblent un peu trop sautillants et insouciants (“Racists” par exemple) au détriment des revendications contenues dans les paroles, “Digital Blackout” s’est voulu plus dark, orné par des guitares bien lourdes et agressives comme on les aime.

L’ensemble de l’album pourrait bien paraître quelque peu platonique pour certains fans qui se seraient accrochés un peu trop fort à ce que faisait la formation à l’heure de “The Terror State” (2003). À défaut d’avoir gardé le même entrain qu’auparavant, Anti-Flag n’a pas délaissé l’écriture pamphlétaire. Au menu de “American Fall” : dénonciation du racisme, du sexisme et autres rimes du type qui viennent une fois de plus prouver que la formation n’a pas sa langue dans sa poche. En ces temps de désillusion totale, on ne peut qu’approuver ce goût de rébellion.

Il faut avouer que “American Fall” n’est pas aussi bon dans sa forme que dans son fond. Certaines compositions auraient demandé à être plus recherchées, plus dark ou plus incarnées mais l’intention y est et le message passe. “Digital Blackout”, “Liar” et “American Attraction” nous rassurent : les Américains d’Anti-Flag ne sont pas près d’arrêter d’être bons.