AqME – Dévisager Dieu

Pour beaucoup, un groupe est symbolisé par le chanteur, que l’on appelle souvent et non anodinement “frontman” (ndlr : “l’homme en avant”). Mais le groupe AqME n’en a pas décidé ainsi. Après quinze ans de carrière, le chanteur Thomas Thirrion quitte la formation, avant de se faire remplacer par Vincent Peignart-Mancini, lequel a assuré la dernière tournée et enregistré l’EP “Les Sentiers De L’Aube” en 2012. Alors que les mauvaises langues pensaient “AqME ne serait plus jamais AqME”, le nouveau quatuor offre le 3 novembre dernier, un nouvel album intitulé “Dévisager Dieu”, qui ne constitue absolument pas une hérésie quant à l’identité du groupe, bien au contraire. Ce dernier opus est “100% AqME”.

Vincent Peignart-Mancini (chant), Julien Hekking (guitare), Charlotte Poiget (basse) et Etienne Sarthou (batterie) sont de retour et comptent nous le faire savoir. “Pour Le Meilleur, Le Pire” ? Tempéré entre cris et mélodies, ce disque offre une production vocale impeccable et riche, asseyant la place du frontman au-delà de l’ombre installée par les sceptiques. Mais cette bipolarité est cependant source d’harmonie. A l’image de la jaquette en deux teinte, représentant deux corps en un, cet opus conjugue les contraires avec une habileté sans pareille. La finesse des textes ne jure pas avec la lourdeur des riffs, et le déchirement des screams, comme sur “Pour le Meilleur, Le Pire”, mais au contraire souligne une thématique importante de cette création. Le titre lui-même est évocateur : “Dévisager Dieu”, lui qui est dit invisible. Une sorte de dualité entre la matière et l’immatériel semble apparaître. La lourdeur nous ramène à notre condition d’être humain, quand la légèreté nous élève au-delà des chaînes. En un sens, il faut le dire, cet album nous décrasse. Chaque texte vient gratter les états d’âme de l’Homme au plus profond, afin de le porter vers le haut. La piste “Entre Louanges Et Regrets”, notamment, insiste sur ce point : il y a toujours l’écho d’un espoir, il faut protéger ce qui est cher, et avancer, voir loin pour ce qui nous reste à vivre.

“Dévisager Dieu”, en lui-même, vit une réelle progression, il possède sa propre unité. L’Homme de “Avant Le Jour” qui se cherche, découvre peu à peu le chemin de la raison, découvre l’altérité comme une amitié potentielle, et le chemin du bien, pour apprendre à mener sa vie au fil des chansons, et des conseils procurés par les textes. Cet ensemble consiste en un réel chemin initiatique à travers la dualité de la vie, le passé et le futur, le bien et le mal, ou encore le cru et le délicat. Et, outre le fond, la forme, elle-même, semble assumer un passé lourd de quinze ans d’expérience, d’identité, tout en promettant un futur revigorant. Du moins, ce sont les promesses que constituent ces quarante minutes d’explosion musicale.